Colloque KOVACS  : le 15 juin 2016

Sous l’égide de l’international Hydrological Program (IHP) de l’UNESCO et de l’association des sciences de l’hydrologie ( IAHS), s’est tenue à Paris la douzième rencontre internationale de l’hydrologie (réunion bis-annuelle) connue comme le colloque KOVACS (nom d’un hydrologue éminent à l’origine de cet événement). Cette année le thème du forum a été retenu sous l’angle nouveau que définissent les SGD 2030 de l’ONU pour cette ressource vitale qu’est l’eau , en mettant particulièrement l’accent sur les indicateurs retenir. La question de la « mesure par des indicateurs » n’est pas triviale  car s’interroger sur un sujet en apparence aussi anodin amène à prendre conscience des changements majeurs entrain de survenir et qui ne sont pas faciles à appréhender.

Retenons alors tout ce que recouvre « la matière » eau, et mesurons en l’importance pour l’humanité et notre planète : c’est l’une des principales idées qui ressort de beaucoup des présentations entendues. Il y a des bouleversements dont on doit s’efforcer de mesurer les effets, des phénomènes qu’il faut essayer de prévoir au bénéfice des populations. L’hydrologie est au cœur de problématiques qui ne recouvrent plus de simples sujets techniques ou scientifiques que l’on va traiter dans des rapports réservés à un cercle restreint, centrés sur l’eau et rien que l’eau.

Il y a maintenant une évidence : l’eau est devenue une préoccupation qui n’est plus l’apanage des seuls experts hydrologues ou plus exactement les études qui sont faites à son sujet doivent de plus en plus mobiliser d’autres champs de connaissance et intégrer des interactions nombreuses et réciproques avec une large variété de domaines, dans un monde de plus en plus complexe, soumis à des risques jusque là insuffisamment pris en compte ou inexistants.

Dans ces conditions, le SGD 6 (sustainable development goal) qui appelle explicitement à réaliser des objectifs relatifs à l’eau au service des populations, a, d’une manière ou d’une autre, un rapport avec au moins une dizaine d’autres objectifs du millénium (évidemment le changement climatique, la santé, la nutrition, l’environnement et les écosystèmes, l’urbanisation etc).

Durant ce colloque ont été présentés les résultats de travaux et études appliquées visant à mieux maîtriser des phénomènes qui, avec notamment les effets du changement climatique, par leur fréquence, leur magnitude et leur amplitude peuvent toucher sérieusement des centaines de millions de personnes chaque année.

Les statistiques données reflètent la dimension des problèmes à résoudre, qu’il s’agisse par exemple du nombre de personnes n’ayant pas accès à une eau correctement filtrée, des victimes de sinistres et épidémies liées à l’eau, des effets de la survenance des risques extrêmes (inondations ou sécheresse).

Ont été entendus le témoignage d’experts ( au Liban , au Japon par exemple) présentant leurs travaux de modélisation qui peuvent donner des résultats (exemples : prévision de certains phénomènes) mais qui peuvent aussi souffrir de difficultés liées à l’instabilité intrinsèque des situations observées et aussi, dans une large mesure à la question des données.

Un autre point est souligné : la nécessité du dialogue avec les parties les plus proches du terrain pour aider à bien comprendre les données des sujets à traiter, il est aussi essentiel de sensibiliser les populations aux questions touchant à l’eau (décisions concernant les plantations,, comportements eco-responsables, irrigation, stockage de l’eau etc).

Un point essentiel a été traité, à savoir le traitement des espaces partagés. Nombre de bassins, nappes phréatiques, cours d’eau sont partagés entre plusieurs pays. La communauté internationale gagnera à traiter correctement les problématiques qui découlent de ces situations par les traités, mais ici les choses ne sont pas aisées, ou par le biais de solutions plus pragmatiques où sont correctement réglées les questions de gouvernance et d’échanges d’informations.

Sur ce sujet « transfrontalier » comme sur bien d’autres, il y a à considérer très souvent la dimension politique. Dans le domaine qui est le leur, il importe que les scientifiques puissent présenter aux responsables politiques leurs travaux d’une manière suffisamment convaincante pour amener les décideurs à arrêter les mesures que peuvent suggérer les études menées.