Les décisions 19 et suivantes du 199ème Conseil Exécutif de l’Unesco tenu du 4 au 15 avril 2016, ont provoqué de multiples réactions.

Le Conseil avait été saisi d’une demande de la Palestine, soutenue par 6 pays amis. Cela concernait l’aggravation des relations entre israéliens et palestiniens, en particulier à Jérusalem. L’émotion suscitée a été telle que la délégation permanente de la Palestine auprès de l’UNESCO a publié un communiqué de presse mettant en cause « l’emballement médiatique » ayant fait suite au Conseil Exécutif.

Depuis octobre 2015, la situation à Jérusalem est très tendue au point que l’on craint une nouvelle intifada, celle des couteaux, car les violences de part et d’autre sont quotidiennes. Le cycle provocation / réaction ne semble pas vouloir se calmer. En octobre 2015 déjà, Madame Bokova parlait « d’une tentative honteuse et trompeuse de réécrire l’Histoire » à propos de la décision de l’autorité palestinienne de transformer le nom du mur des lamentations sur le Mont du Temple à Jérusalem.

Les juifs ont accès à ce lieu, mais n’ont pas le droit d’y prier, alors qu’il s’agit du lieu le plus révéré dans le judaïsme. Seuls les musulmans peuvent y prier, alors que c’est le troisième lieu saint de l’islam, sous le nom d’esplanade des mosquées.

Un rappel de l’Histoire semble nécessaire. C’est en effet en ce lieu que les deux temples ont été érigés pendant 1.000 ans, bien avant l’Hégire. Jérusalem est la capitale du judaïsme comme la Mecque est celle de l’islam.

Madame Bokova préconisait aussi de « prendre des décisions qui n’alimentent pas davantage les tensions sur le terrain ».

Les décisions du 199ème Conseil Exécutif vont-elles dans ce sens ?

Il est précisé dès les premières lignes que les recommandations issues du Conseil, « n’affecteront en rien les résolutions et décisions pertinentes du Conseil de Sécurité et des Nations Unies, concernant les deux sites palestiniens à Hébron et Bethléem ».

Après cette mise au point, le texte regrette entre autre, le refus d’Israël de mettre en œuvre les précédentes décisions de l’Unesco, concernant Jérusalem en particulier (185 EX/11). Il regrette aussi la continuation de travaux et de fouilles par Israël et prie la Directrice Générale de « maintenir et dynamiser ses efforts »

En ce qui concerne la vieille ville de Jérusalem et ses remparts, il est regretté qu’Israël « puissance occupante » ne se soit pas conformée aux 11 décisions du Conseil Exécutif, ni aux 6résolutions du Comité du patrimoine mondial.

En ce qui concerne la Mosquée al-Aqsa/Al Haram al/Sharif, Ie texte dénonce « les agressions sur civils, les arrestations de fidèles musulmans et blessures sur des gardes jordaniens de la force Waq, ce qui viole le caractère sacré et l’intégrité de la mosquée »

Le texte regrette aussi le refus par Israël d’accorder « des visas  sans concessions » aux experts de l’Unesco chargés de restaurer les manuscrits islamiques. S’ajoute à ces regrets l’approbation par Israël d’une ligne de funiculaire à 2 voies ainsi que d’autres constructions à Jérusalem Est.

Le texte remercie la Directrice Générale des initiatives déjà prises à Gaza dans les domaines de la culture, l’éducation et de la jeunesse, ainsi que pour la protection et la sécurité des professionnels des médias.

Il est précisé ensuite, que le tombeau des patriarches à Hébron et la tombe de Rachel à Bethléem, font partie intégrante de la Palestine. Celle-ci désapprouve « les fouilles illicites, la construction de routes et de murs de séparation ». Il est demandé d’empêcher les agressions contre les résidents et les écoliers palestiniens.

Commentaire :

La vérité historique paraît n’avoir aucune prise sur des protagonistes qui semblent ignorer le contenu des manuels d’Histoire et la chronologie d’événements fondateurs d’une civilisation.

L’Unesco doit être sensible aux risques de manipulations, tout en répondant aux demandes formulées selon ses règles de fonctionnement, sans prendre le risque d’alimenter davantage les tensions sur le terrain, où le dialogue entre les deux belligérants semble dramatiquement absent.

« BROTHERS », huile sur toile, 162 X 130 cm par Cornel Barsan

« BROTHERS », huile sur toile, 162 X 130 cm par Cornel Barsan

L’utilisation des sentiments d’humiliation et de colère ne peut contribuer à « construire dans le cœur des hommes les barrières de la paix », mission première de l’Unesco, paix dont l’avenir de l’ensemble des habitants a un urgent besoin.

Le Pape François dans son invocation pour la Paix faite en présence de Shimon Peres, Mahmoud Abbas et Bartolomeo Ier, dans les jardins du Vatican le 8 juin 2014 déclarait déjà : « pour faire la paix, il faut du courage, bien plus que pour faire la guerre. Il faut du courage pour dire….oui au dialogue et non à la violence… oui au respect des accords et non aux provocations ; oui à la sincérité et non à la duplicité ».

Lien vers la décision du Conseil exécutif

 

BROTHERS : Le peintre d’origine roumaine Cornel Barsan aspire à l’unité et à la paix entre tous les hommes: « Dans la pratique de sa religion, chacun vient avec « son » mur, psychologique, spirituel. C’est là que réside le drame de la séparation des hommes. Notre foi et notre amour feront de sorte qu’en priant devant notre mur, nous avancerons et rencontrerons l’autre à un moment donné, dans l’unité et l’amour, en nous libérant des préjugés et de la haine ».