« UN CHEMIN VERS LA PAIX »

Lundi 16 janvier a eu lieu au siège de l’UNESCO à Paris le vernissage de l’exposition de photos « Un chemin vers la paix », de la photographe Dominique Roger, ancien photographe de l’UNESCO. A cette occasion et invité par l’Association des anciens fonctionnaires de l’UNESCO (AAFU), Federico Mayor, ancien Directeur Général de l’UNESCO, a tenu une conférence sur ce même thème.

Georges Kutukdjian, président de l’AAFU, a accueilli et introduit les intervenants, Madame Dominique Roger et Monsieur Federico Mayor.

Madame Dominique Roger a présenté les photos de l’exposition, prises entre les années ‘70 et les années 2000 dans le monde entier pour illustrer le message et le travail de l’UNESCO : diffuser une éducation de qualité, encourager la coopération scientifique, partager la richesse des cultures, soutenir la liberté d’expression. Dominique Roger est convaincue que l’ignorance est le ferment de la haine et que l’éducation est la condition « sine qua non » pour cheminer vers la paix.

Monsieur Federico Mayor a mis l’accent sur la nécessité de l’action, au travers des attitudes et des comportements individuels : dans le monde d’aujourd’hui le pire peut être évité, nous dit-il, s’il y a une forte implication de chacun, quel que soit son niveau.

Federico Mayor
ancien Directeur Général de l’UNESCO

Pour Federico Mayor, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, avec de grands changements aux effets négatifs potentiellement irréversibles. L’un d’entre eux tient aux risques du réchauffement climatique. Pour la première fois dans l’histoire, nous faisons face à un phénomène menaçant qui rend probable le danger d’atteindre un point de non retour. Des terres habitées pourraient disparaître. Les températures pourraient monter fortement dans certaines zones géographiques jusqu’à 50, 60 degrés. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que le pape dans l’encyclique « Laudato si » ait appelé à s’inquiéter de ces désordres écologiques. Partageant cette inquiétude, Barak Obama, a averti à propos de ces dérèglements : « demain il sera peut-être trop tard ».

La calotte glacière de l’Arctique fond, mais nous ne changeons rien à nos styles de vie qui peuvent expliquer ce phénomène. C’est en cela que l’implication et l’action personnelles sont nécessaires si nous voulons éviter les affrontements que pourraient déclencher les dérèglements climatiques.

Une autre préoccupation mérite toute notre attention, à savoir le sujet militaire. Partout les questions touchant au Pouvoir pour la défense des intérêts des pays sont placées au rang des priorités stratégiques. C’est en somme l’application d’un principe assez paradoxal que l’on pourrait énoncer ainsi « Si vous voulez avoir la paix faites la guerre ». Résultat : on investit chaque jour 4 milliards de dollars dans l’armement. Et cette soif d’investir dans l’armement ne semble pas devoir s’estomper.

Le rôle des médias est à regarder de près, dans ce contexte : il est un fait que nous sommes soumis à leur influence. D’une certaine manière, on peut parler d’un conditionnement implicite. Les média en tout cas peuvent guider notre pensée dans la sélection ou la hiérarchisation des sujets qu’ils traitent: il y a beaucoup de suivi du football, mais quelle part consacrent ils pour se faire l’écho d’initiatives de paix ?

Il est hautement souhaitable de changer les états d’esprit. On doit concevoir autrement notre approche des questions de sécurité, en prenant bien la mesure des nouvelles menaces, qui sont loin d’être essentiellement militaires, pour se donner les meilleures chances de préserver la paix. On le voit bien, de nos jours cette paix est conditionnée par plusieurs autres facteurs : scientifique, géopolitique, environnemental.

Pour faire face à tous les risques de conflits, il faut résolument miser sur l’action et l’implication de chacun, quel que soit son niveau dans la société et en sachant cultiver de façon appropriée tout ce qui fait la singularité et l’essence de l’être humain : la parole, au travers des réseaux sociaux aussi, l’imagination, la capacité de créer!

Pour Federico Mayor, l’Éducation est essentielle,. Le verbe « apprendre » se conjugue pour lui de la sorte : apprendre à être, apprendre à faire, apprendre à vivre ensemble, apprendre à connaître, apprendre à entreprendre.

Pour la promotion de la paix, on ne saurait trop insister sur le rôle bénéfique que peuvent jouer les femmes. Mandela disait « les femmes utilisent la force seulement exceptionnellement tandis que les hommes seulement exceptionnellement ne l’utilisent pas. » Aujourd’hui, 20 % seulement des décisions sont prises par des femmes, ce qui est mieux que l’ancien 3,5 %.

Dernier point mis en exergue : la prévention qui est un puissant antidote face à tous les risques de déstabilisation. Une culture de la prévention de la violence est nécessaire partout : ville, quartier, entreprise, etc. et en ce domaine l’utilité des médiateurs, qui sont souvent des femmes, n’est plus à démontrer.

O.B.