Égalité des genres et autonomisation des femmes par et pour la science

UNESCO – 9 février 2018


Aujourd’hui les femmes et les filles continuent d’être exclues d’une participation pleine et équitable à la science : moins de 30% des chercheurs dans le monde sont des femmes, et elles demeurent rares aux échelons supérieurs de la recherche et de la prise de décision en science.
Promulguée par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2015, la Journée internationale des femmes et des filles de sciences s’inscrit dans le travail de fond engagé pour que soit respecté le droit de l’égalité homme-femme énoncé dans la DUDH et pour que la grande richesse des talents des femmes et des filles ne soit pas mise de côté alors qu’il s’agit de relever les défis de l’Agenda 2030 du développement durable.


L’évènement a réuni des responsables de l’UNESCO (Flavia Schegel, SDG en charge des sciences exactes et naturelles, Inedrajit Banergie, Directeur, Division des sociétés du savoir, Nada Al-Nashif, SGD en charge des sciences sociales et humaines, et Saniye Güsler Corat, Directrice, Division pour l’égalité des genres), la Directrice Générale de la Fondation l’Oréal, Mme Alexandra Palt, la Déléguée permanente adjointe de la Suède à l’OCDE et à l’Unesco, Mme Ulrika Ferenius, et un large groupe d’ONG et institutions privées dont Microsoft.

Dans leurs allocutions d’ouverture, Flavia Schegel et Alexandra Palt ont rappelé les contributions des femmes à la recherche et aux avancées de la science (ex :Marie Curie),et leur large présence dans l’industrie informatique à ses débuts, mais elles ont souligné également une déperdition de talents préoccupante (53% des bachelières et masters en science sont des femmes, le pourcentage tombe à 43% en doctorat et à 28% en recherche), la masculinisation de la profession de l’industrie informatique à partir des années 60 correspondant à un changement d’image, les barrières sociétales ou invisibles : le « plafond de verre ». 

Suivait une table ronde centrée sur une question «comment réduire les écarts entre les hommes et les femmes en informatique » avec, comme réponses, la présentation de toute une série de projets :

Regina Agyare, fondatrice au Ghana de Soronko Foundation a lancé « Tech Needs Girls », un programme de formation informatique (3500 filles inscrites) avec accompagnement de « mentors » qui sont des ingénieurs ou experts en informatique (www.soronkosolutions.com). En coopération avec UNESCO/IFAP, vient également d’être lancé en janvier le projet « Girls can code » qui s’adresse à des filles niveau collège (300 inscrites).

Reine Essobmadje, cofondatrice au Cameroun de Coalition Digitale (www.coalition-digitale.com) , une ONG présente aussi en France et en Allemagne, a précisé l’objectif de son organisation, à savoir 1/ rapprocher tous les acteurs de « l’écosystème digital », avec un programme mobilisant collèges, lycées, universités, également former des femmes à l’entrepreneuriat avec l’aide de « mentors » et 2/leur faire rencontrer des « VIP ». L’ONG est soutenue par l’ambassade de France au Cameroun.

Katheleen Noonan, Microsoft Europe, Directrice de la philanthropie et communication sur l’éducation rappelle combien les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM) sont importantes et à quel point elles peuvent aider à assurer un bel l’avenir pour la jeunesse en Europe comme ailleurs. Microsoft a commissionné une étude sur le phénomène préoccupant que représente une évidente perte d’intérêt pour les sciences chez les filles et les femmes (11000 personnes interrogées). Ce désintérêt débute avec l’âge de l’adolescence et apparaît influencé par les modèles que la société ou la famille présentent aux filles. Le but de cette étude pour Microsoft est de voir comment ces résultats peuvent finalement déterminer leurs activités.

Hana Y. AlSyead, VP Diversity, Olayan Women Network, Olayan Financing Company, Arabie Saoudite. Par sa formation, experte en science et technologie de l’informatique, met en valeur le fait que la formation et les compétences « STEM » développent toutes les qualités et mènent à tous les secteurs d’activités.

Clarisse Angelier, Déléguée générale, Association nationale de la recherche et de la technologie, (ANTR), Elle insiste sur les inégalités de salaires à l’égard des femmes : 25% des femmes de sciences travaillent dans le secteur public où, à formation égale, leur salaire est 10% inférieur à celui des hommes.

Pascal Griset, Directeur Institut des sciences de la communication, CNRS/Sorbonne rappelle la prédominance des femmes aux débuts de l’informatique jusqu’au tournant des années 60 et depuis lors l’existence du « plafond de verre » qui a renversé la situation. Il note que les hommes eux-aussi mais dans une moindre mesure sont de moins intéressés par des carrières scientifiques.

Conclusion de la table ronde : il faut rendre l’informatique plus humaine, il y a un risque aujourd’hui de traiter plutôt les symptômes que le fond, l’attitude des hommes et des garçons joue un rôle évident. Concernant l’égalité femme-homme, pour faire changer la société, il faut travailler sur des questions pratiques et ne pas rester au niveau de débats théoriques.

Recommandation concernant la science et les chercheurs scientifiques

L’UNESCO, à l’occasion de la 39ieme session de son Assemblée Générale (octobre-novembre 2017), a publié un texte de recommandations concernant la science et les chercheurs scientifiques venant remplacer le texte de 1974. Le texte rappelle les questions d’indépendance, de statut, de coopération internationale, les questions d’éthique, d’égalité des genres. Il met particulièrement en exergue le respect des droits inscrits dans la DUDH, et notamment le droit pour les femmes et les filles à une égalité de chances par rapport aux hommes, et il encourage les femmes à poursuivre dans les domaines des sciences.

Conclusions de la session

Pourquoi assiste-t-on à une quasi « disparition des femmes et des filles » dans le domaine des sciences ? De nombreux facteurs ont été mentionnés : les conditions d’éducation, 2/3 des personnes illettrées sont des femmes, l’abandon des études après le niveau secondaire. L’un des principaux obstacles reste celui des stéréotypes, véhiculés dans les sociétés, et auxquels peuvent contribuer plus ou moins inconsciemment les media ou l’éducation. Pour corriger cette situation, Il faut rechercher de réels changements concrets et non pas des « pansements superficiels ».

DG-15-02-18