Voyages à travers le temps et l’espace
Une aventure collective portée par l’UNESCO qui aura été riche d’enseignements


Le Club « Mémoire et Avenir » de l’AAFU, l’association des Anciens Fonctionnaires de l’UNESCO a consacré son dernier événement à un sujet, la Route de la Soie, un sujet sur lequel l’UNESCO a investi de façon remarquable à la fin des années 80 pour retrouver, sous l’impulsion d’un petit nombre de ses collaborateurs, toute la richesse d’une histoire millénaire aux multiples facettes.

M. Doudou DIÈNE (ancien directeur de la division des projets interculturels) qui a vécu cette aventure collective nous a retracé les étapes d’un projet qui, durant une quinzaine d’années, a mobilisé des centaines de chercheurs et d’experts autour d’un même objectif servi par une méthode originale, à savoir organiser des expéditions « culturelles » pour refaire ces routes (terrestres et maritimes).

Avec la participation d’experts, le projet se fixe l’ambition suivante : revisiter les lieux que traversaient ces routes, rencontrer les communautés scientifiques locales, et pouvoir ainsi retravailler un thème essentiel pour lire et relire la mémoire de ces faits culturels et comprendre ou découvrir des éléments dont on mesure toujours toute leur valeur.

Le projet, porté par quelques personnalités ou membres des services du siège, suscita au début quelques résistances au niveau des services, mais très vite il a pu prendre de l’ampleur pour plusieurs raisons : insistance sur le côté scientifique de l’entreprise, organisation crédibilisée avec un comité de suivi transdisciplinaire et international, participation des communautés scientifiques des pays traversés et soutien des États traversés – y compris sous l’angle financier car, déjà à l’époque, il fallait compter avec les ressources extra-budgétaires.

Le projet fut ainsi une grande réussite. Il y eut de nombreuses retombées positives : dialogues avec les communautés des pays d’accueil, conférences, production de documents issus de travaux qui étaient menés tout au long des « expéditions » presque en temps réel, création d’instituts spécialisés.

Quelques mots clefs pouvant caractériser ce qui ressortait de toutes ces rencontres en chemin renvoient bien à beaucoup des valeurs que promeut l’UNESCO : dialogue interculturel, de l’importance des facteurs externes pour expliquer, sur le temps long, l’émergence des identités, l’influence des interactions, le côté multidimensionnel de ces influences et le sentiment qu’in fine tous ces « ingrédients » véhiculés par les voyageurs de passage – forcément enclins à la rencontre – pouvaient être des facteurs de Paix.

Pour revenir à l’historique du projet, les choses parurent arriver à leur terme en 2004… il fallait tourner la page semble-t-il. C’était risquer de perdre beaucoup de ce qui avait été accumulé, et surtout perdre le sens de ce qui avait été découvert, et qui, au-delà de l’Histoire, indiquait des enseignements à ne pas oublier, notamment pour les pays concernés. C’est ainsi que, après cinq années de « traversée du désert », sous une forme évidemment différente, le thème a repris de sa vigueur, avec des initiatives qui font que le sujet « Route de la Soie » reste d’actualité : création d’un site, d’un réseau des Points focaux (avec des responsables désignés), élaboration d’un Atlas interactif etc.

Dernier point, pour éviter tout malentendu à propos des initiatives susceptibles d’être prise en utilisant le concept pour tout dire très mobilisateur de Route de la soie, les responsables de ces Points focaux se sont attachés à définir une éthique qui s’articule autour de cinq idées-forces :

– toute culture incarne une diversité et est le produit d’un dialogue.
– affirmation du principe d’égalité : égale dignité des cultures
– respect du pluralisme
– ce que révèle l’étude apparaît comme un Héritage commun, issu d’influences mutuelles multiples qui est à considérer comme une Richesse patrimoniale offerte pour tous
– les Routes ont une longue Histoire riche d’enseignements, un Passé aux retombées toujours présentes, elles n’ont jamais cessé de susciter le changement : il ne faut pas voir « le concept » comme un élément intangible : ne pas avoir une vue statique ou fixiste.

Visiter le site de l’association des Anciens Fonctionnaires de l’UNESCO
Voir le site web « Routes de la Soie »