Document de référence pour tous les juifs, le Codex d’Alep, manuscrit du Xème sièclela plus ancienne version connue de la Bible hébraïque – fait partie depuis le 8 février du « Registre international des biens culturels sous protection spéciale » de l’UNESCO, l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.

Codex-AlepCe précieux manuscrit du Xème siècle,  exposé au musée d’Israël de Jérusalem dans le sanctuaire du Livre, rejoint ainsi plus de 300 biens du monde entier inscrits sur cette liste. Le registre contient déjà deux autres objets israéliens : les recueils de Rothschild, une collection de manuscrits du 15ème siècle, et les pages de témoignages du musée Yad Vashem sur la Shoah, qui documentent les noms et histoires des victimes.

Le Codex d’Alep, composé entre 910 et 930 à Tibériade, en Galilée, a connu une histoire mouvementée. Le codex fut dédié à la communauté karaïte de Jérusalem au XIème siècle avant de se retrouver en Égypte à la suite de la destruction du local où il se trouvait lors de la première croisade.

C’est là qu’il est utilisé par le rabbin Moïse Maïmonide pour édicter les règles de rédaction des rouleaux de la Torah, ce qui confère au manuscrit une autorité suprême en matière de ‘massorah’, ou transmission de la tradition concernant les Écritures.

D’Égypte, le manuscrit aurait gagné la Syrie à la fin du XIVème siècle où il allait rester 600 ans. En 1947, alors que l’ONU annonce son plan de partition de la Palestine et la création d’un État juif, des émeutes anti-juives explosent dans le monde arabe, et notamment à Alep, en Syrie, où vit une importante communauté.

La grande synagogue de la ville, où était conservé le codex, est profanée. Le manuscrit est éparpillé, certains disent brûlé. Sur les 487 pages estimées de l’original, subsistent 294. Le codex restant, caché par des juifs d’Alep pendant une dizaine d’années, est envoyé de Syrie en Israël en 1958.

Selon Adolfo Roitman, le conservateur du musée du « Sanctuaire du Livre » à Jérusalem toutes les versions actuelles de l’Ancien Testament ont pour origine « d’une manière ou d’une autre, ce manuscrit ancien ».

« Il s’agit du second codex le plus important après celui de Leningrad, certainement rédigé sur la base de celui d’Alep » , explique le franciscain Matteo Munari, professeur au Studium biblicum franciscanum de Jérusalem, d’où son inscription au patrimoine de l’Unesco.

Mais contrairement au codex d’Alep, le manuscrit de Leningrad est toujours entier. « Malheureusement, le Codex d’Alep a été mutilé de sa partie la plus importante pour les juifs, puisque presque toute la Torah, qui correspond au Pentateuque, en a disparu ».

(source : cath.ch)