Bureau du Programme hydrologique international (PHI)

56ème session du 20 au 22 février 2018


AGENDA :
Le Bureau a examiné les développements institutionnels au sein de l’UNESCO, y compris la proposition d’une Nouvelle architecture mondial de l’eau, la mise en œuvre du programme et son aspect budgétaire

Résumé :
L’impression générale après avoir assisté à 2 journées de présentations est que le PHI est, à l’heure actuelle, dans une mauvaise phase et cela pour 2 raisons qui seront développées ci-dessous :

  • Une concurrence effrénée entre pas moins de 70 institutions qui gravitent autour de l’eau et souvent sur les mêmes sujets.
  • La coupe de son budget de 70%, suite au retrait récent des USA, Israël. La réaction à ce retrait dicté unilatéralement par le président des USA Donald Trump est l’explosion des dépenses extra-budgétaires financées directement par certains État Membres sur des sujets spécifiques, par compensation.

Quatre sujets sélectionnés dans les débats :

 1. Trois exemples sur la concurrence au sein de l’ONU entre acteurs « Eau »

1.1 Proposition d’une Nouvelle Architecture Globale de l’Eau (sous-point 3.2 de l’ordre du jour)

Le compte rendu du CCIC de la réunion du PHI en date 20 Septembre 2017 finissait dans ces termes :

« La NOUVELLE ARCHITECTURE GLOBALE DE L’EAU (NAG) n’est pas un concurrent du PHI, mais devrait le rendre plus efficace. Tous les États membre qui ont pris la parole lors de cette réunion ont souligné l’importance du PHI et de son maintien.
A suivre… »

Rappel historique (document UNESCO) :

Dans son rapport final de novembre 2015, le Conseil consultatif sur l’eau et l’assainissement (UNSGAB) du Secrétaire général de l’ONU propose l’établissement, dans le cadre des Nations Unies, d’un comité intergouvernemental sur l’eau et l’assainissement et d’un groupe de haut niveau sur la recherche scientifique et les pratiques relatives à l’eau et à l’assainissement ; il préconise en outre le renforcement d’ONU-Eau afin que ce mécanisme joue son rôle de secrétariat pour les nouveaux organes.

Sur la base de la proposition de l’UNSGAB, plusieurs pays, dont l’Allemagne, la Finlande, la France, la Hongrie, les Pays-Bas et la Suisse ont lancé “Une initiative en faveur d’un organe intergouvernemental des Nations Unies sur l’eau” et plaidé pour la création d’un tel organisme afin :

  • d’encourager le suivi et l’examen de la mise en œuvre de l’ensemble des ODD (Objectifs de Développement Durable) et cibles relatifs à l’eau ;
  • de fournir des apports thématiques essentiels au Forum politique de haut niveau pour le développement durable mis en place par les Nations Unies.

La principale raison qui a incité à proposer la création d’une nouvelle agence de l’eau et l’établissement d’un dialogue est l’absence d’un organe intergouvernemental consacré à l’eau. Le dialogue au niveau opérationnel aidera en outre les États membres à discuter et décider de la future mise en place d’une architecture globale de l’eau au niveau mondial.

Au cours des dialogues suivants, à New York (le 22 mars et le 30 mai), les participants ont suggéré et consigné dans le document final des consultations des “Moyens possibles d’améliorer l’intégration et la coordination”, comme suit:

  • Procéder à un examen des activités en cours des organismes et mécanismes des Nations Unies en vue d’identifier les lacunes potentielles, les chevauchements et les domaines où la coopération pourrait être intensifiée,
  • Renforcer ONU-Eau et son mandat et accroître les contributions à ONU-Eau des membres d’autres organismes des Nations Unies, afin d’améliorer l’interaction avec les États membres,
  • Examiner la valeur ajoutée et les faiblesses des différentes plateformes, y compris la Décennie de l’eau ; formuler des orientations cohérentes et superviser les activités de contrôle et de suivi,
  • Faciliter l’utilisation des initiatives et cadres existants auxquels pourraient être intégrées les activités et ressources pertinentes par le partage des données d’expérience et des meilleures pratiques, mobiliser de nouvelles sources de financement et renforcer les capacités (également aux niveaux national et local),
  • Assurer une meilleure intégration des objectifs et cibles relatifs à l’eau dans le cadre plus général du HLPF,
  • Utiliser les examens nationaux volontaires au sein du HLPF pour s’assurer que les pays relèvent les défis liés à l’eau,
  • Inviter les commissions économiques régionales des Nations Unies à accueillir des discussions sur les ressources en eau et à partager les meilleures pratiques et les leçons de l’expérience,
  • Examiner les liens avec la réforme en cours du système des Nations Unies pour le développement.

Rôle actuel du PHI (document UNESCO) :

Il y a quarante-deux ans, considérant les résultats de la première Décennie hydrologique internationale, les États membres de l’UNESCO ont décidé de créer le premier programme intergouvernemental relatif à l’eau, le Programme hydrologique international (PHI), afin de relever les défis mondiaux.

Aujourd’hui le PHI est le seul programme intergouvernemental du système des Nations Unies consacré à la recherche hydrologique, à la gestion des ressources en eau et à l’éducation et au renforcement des capacités dans le domaine de l’eau. Si, depuis sa création, il a évolué pour adapter ses orientations thématiques aux besoins des États membres, de programme purement axé sur la collecte des données et la recherche scientifique à programme de gestion des ressources en eau et de renforcement des capacités, il n’en va pas de même de sa gouvernance.
Le PHI compte 168 pays membres, dont 70 % sont représentés au niveau ministériel et 30 % le sont par des universitaires ou des chercheurs. Les membres du système de gouvernance du PHI sont des techniciens (généralement du niveau de directeur ou d’expert technique), d’où un déficit de gouvernance au niveau ministériel.
La création récente de la NAG parallèlement au PHI montre la concurrence exacerbée entre de nombreuses institutions sur le sujet de l’Eau.

1.2 Concurrence/ collaboration sur les bassins transfrontaliers.

Dans le cadre de l’ODD 6.5.2, l’inventaire récent des aquifères au niveau mondial a mis en évidence 592 réservoirs aquifères partagés entre plusieurs pays. Cela concerne 153 états.

Un dialogue a été initié avec ces pays et le PHI en collaboration avec l’UNECE à Genève (United Nations Economic Commission for Europe). L’UNECE est un organisme européen qui n’est donc pas de compétence mondiale comme l’UNESCO.

Lors des débats, la Turquie et l’Allemagne ont soulevé l’approche différente de l’UNECE qui a adressé un questionnaire diffèrent à ses états membre et a ceux qui ne le sont pas, ce qui est diffèrent de la méthode de travail de l’UNESCO.
Néanmoins 106 rapports (sur 153 pays) ont été reçus aujourd’hui.
Une fois ces différentes approches réglées, des indicateurs de coopération pour faciliter la gestion des aquifères partagés entre pays sera proposé pour être approuvés par les membres du PHI en 2020.

1.3 Concurrence / collaboration au sujet des Océans (COI)

La Commission Océanographique Intergouvernementale a été créé en 1960 et regroupe 149 états membres.
Elle étudie la santé des Océans, l’impact des changements climatiques sur les océans et a développé en particulier récemment une alerte tsunami.

Systèmes d’observation des océans

La première carte (cliquer pour agrandir) montre la densité énorme de points d’observation installés dans les océans.

Source : Intergovernmental Oceanographic Commission

La COI est l’autorité de tutelle de l’ONU pour l’ODD 14 – préservation de la vie aquatique –
Elle collabore avec le PHI.
La COI dispose de nombreux programmes qui sont référencés par des acronymes très nombreux.

 2. Coupe de 70% dans le budget du PHI pour les 6 derniers mois de 2017 et conséquences

Or, malgré cette compétition accrue entre acteurs dépendants de l’ONU, les fonds pour les gérer se sont évanouis…

D’après un document UNESCO, à la fin du mois de juin 2017, le Secrétariat de l’UNESCO a été informé par l’Équipe dirigeante de l’Organisation de ce que, par suite du non-paiement des montants dus par trois des 25 plus gros contributeurs de l’UNESCO, un plan d’urgence était mis en place en vue de recouvrer 50 millions de dollars des États-Unis.
À cette date, le PHI disposait, dans les unités hors Siège et au Siège, de 843 039 dollars. Un montant global de 592 206 dollars, soit 70 % du total, a été “gelé”.
La Division des sciences de l’eau, qui disposait de 407 150 dollars, a subi une coupe globale de 312 615 dollars représentant 77 % du budget total disponible

2.1 Conséquences des coupes budgétaires :

Le gel d’une part de ses ressources a empêché le PHI de mener à bien l’évaluation de ses initiatives et programmes et d’être adéquatement représenté au 9e Forum international de l’eau à Jeju (Corée du Sud), à la Semaine mondiale de l’eau et à la réunion d’ONU-Eau (Suède, août-septembre), ainsi qu’aux réunions sur les eaux souterraines dans les zones arides et le changement climatique (Tunis) et sur la qualité de l’eau en Asie centrale.

Le travail qu’il était prévu d’accomplir pour évaluer la gestion des eaux en milieu rural et soutenir les populations les plus vulnérables a été annulé, les travaux relatifs aux effets du changement climatique sur les glaciers et une activité conjointe sur la rareté et la qualité de l’eau ont été suspendus, ainsi que la contribution à l’organisation d’un colloque international sur l’éco-hydrologie et l’économie circulaire. Enfin, une réunion planifiée en vue de définir les priorités des comités nationaux du PHI a été annulée.

Les bureaux hors Siège ont été également affectés, ce qui a affaibli l’impact de l’UNESCO sur le terrain, notamment en Asie, où se tenaient une réunion sur les écosystèmes en vue du Forum mondial sur l’eau et le Sommet sur l’eau pour l’Asie et le Pacifique.

Ont également été annulées des réunions du PHI sur la réponse aux crues dans les pays en développement, la revitalisation de l’initiative “Du conflit potentiel au potentiel de coopération” en vue d’une nouvelle stratégie de diplomatie de l’eau. Le recrutement d’un expert pour la Section des systèmes d’eaux souterraines a été suspendu.

2.2 Explosion des financements extra-budgétaires 

Le Secrétariat du PHI a préparé l’établissement d’un compte spécial. Celui-ci permettra au PHI de recevoir l’aide financière extérieure dont il a besoin pour répondre aux demandes des États membres, principalement dans le domaine des activités de renforcement des capacités à l’appui des États membres et des initiatives majeures approuvées pour la Huitième phase du PHI. L’établissement du compte spécial a été approuvé par la Conférence générale à sa 39e session en novembre 2017.

Pour illustrer cette dérive, en ce qui concerne l’axe d’action 6 – renforcer la sécurité de l’eau – le financement extra-budgétaire (8,3 M US$) est devenu trois fois plus important que le budget ordinaire (2,8 M US$).

 3. Actions entreprises par le PHI depuis la 55eme session du bureau (Juin 2017)

Voir la définition des Thèmes ci-dessous sur le compte-rendu de la réunion du PHI en date du 29 Septembre 2017.

Thème 1 : préparation du forum sécurité Eau en Octobre 2017. Publication de la stratégie PHI de gestion de l’eau, des écosystèmes, de la gestion des inondations.
Thème 2: Les eaux souterraines dans un environnement en évolution.

Publication de nouvelles cartes :
La carte mondiale des aquifères karstiques,
la carte du changement des précipitations de 1981 à 2010,
la carte du transfert de populations de 1980 à 2010

Participation au projet sur les aquifères côtiers et de Nubie. En Septembre 2017 coopération avec le Sahel.

Thème 3 : Qualité de l’eau. Publication sur la sécurité de l ‘approvisionnement de l’eau, diplomatie de l’eau. Démarrage du portail IIWQ (International Initiative on Water Quality). Classification des polluants au forum en Suède. Priorité dans le développement des aquifères en Octobre 2017.

Thème 4 : Global Water Pathogen Project. Processus de certification de l’eau. Gestion de l ’eau dans les très grandes ville (megacities).

Thème 5 : 21 sites PHI y participent aux activités d’éco-hydrologie. Formation de développement de solutions naturelles. Publication des activités.

Thème 6 : Éducation. 32 états membres sont concernés pour le profit de 18 universités. Projet FREEWAT a été clos en Octobre 2017. Il a formé 650 personnes.

 4. Remarques et Questions du président :

  • Comment présenter le travail du PHI de façon synthétique pour intéresser les politiques ?
  • Il faut « civiliser » les rapports au-delà des jargons scientifiques et des acronymes…
  • Le président déplore que sur 36 sites PHI seulement 20 ont publié un rapport en 2017. C’est largement insuffisant.

Il faut noter que l’impact des coupes budgétaires ne semble pas encore totalement intégré sur le budget 2018. De nombreux arrêts de projets sont donc à prévoir.