Thème 5 « Le Financement »

L’ONU et l’Unesco poursuivent activement leur consultation ; selon une méthode maintenant bien éprouvée, la discussion a été pilotée par les deux représentants des pays « en charge » (ici Fidji et  Belgique), en prenant comme référence le rapport préliminaire déjà produit et qui sera révisé selon les observations émises pendant cet échange organisé en ligne, comme toujours.

Comme première idée forte, on pourra retenir toute une série d’observations qui ne sont pas spécifiques du sujet Education et qui, en revanche, sont en quelque sorte un « classique » des débats budgétaires. Ainsi, tout en appelant à bien faire intégrer l’idée que les dépenses publiques en faveur de l’Education sont à faire figurer parmi les premières priorités des budgets nationaux, on aura relevé que cette observation bute encore beaucoup trop sur les orientations générales presque partout restrictives de politiques budgétaires privilégiant l’austérité.

Encore trop souvent, ce sont les « budgétaires » qui l’emportent dans des arbitrages qui ne tiennent pas assez en compte la valeur des investissements dans le secteur de l’Education. Plusieurs intervenants se sont exprimés pour appeler à mieux faire valoir l’idée que les dépenses en ce domaine ne sont pas à considérer comme des dépenses courantes ; ce sont des Investissements à part entière, dont les enveloppes ne sont pas à considérer avec une courte vue : l’Education est à voir comme un levier à fort potentiel, avec des retours qui s’inscrivent dans la durée ; d’où cette nécessité de ne pas verser dans des approches excessivement malthusiennes, et de se conformer au respect de normes minimales comme celles qui ont été convenues dans la déclaration de Paris sur l’Education.

Le rapport appelle à trouver plus de ressources en misant notamment sur une fiscalité plus redistributive, ou sur une moindre prégnance du fardeau de la dette avec par exemple une transformation de l’endettement en subvention.

En retenant ce qui est déjà pratiqué par les grands organismes internationaux de financement comme la Banque Mondiale, il sera recommandé d’adopter des approches bien construites, et de s’attacher à « l’effectivité » des financements en les reliant bien aux résultats escomptés ; de l’importance de la mesure des impacts, ex ante et ex post avec des données pertinentes à produire (obligation de redevabilité)

Ce souci de rigueur doit s’appliquer pour toutes les formes de financement, qu’il s’agisse de prêts concessionnels ou de dons, ou encore de dotations budgétaires.

Pour éviter des recommandations trop abstraites ou générales, il est recommandé de tirer parti d’expériences réussies et des bonnes pratiques qui en expliquent les succès ; comme certains l’ont déjà fait (le cas du Kirghizistan a été cité), les Etats sont ainsi invités à poursuivre la communication d’exemples bien documentés sur les mesures qui ont porté leur fruit dans leur pays. A partir de ces éléments venant du « terrain » l’objectif est d’ainsi offrir des exemples réplicables.

Plusieurs intervenants ont insisté pour que soit bien mis en exergue l’acuité de la question budgétaire dans le secteur éducatif des pays les moins avancés ; les retards de ces pays sont immenses, en Afrique notamment ou pour les PEID (Petits Etats Insulaires en Développement) ils appellent à intensifier les aides dans beaucoup de domaines et singulièrement pour le financement du passage au numérique (les outils et les formations) ; il est fait référence au rôle positif que jouent de grands opérateurs TIC qui peuvent contribuer avec des aides généreuses, mais, cela a été rappelé, l’Education doit rester d’essence publique, et assurer une réelle équité avec un droit à l’Education universel dont les Etats sont les garants. A ce sujet, un échange a porté sur la question du privé, non pas en rapport avec les institutions (écoles privées versus écoles publiques) mais sous l’angle des charges pour les ménages : l’idée ici est de dire qu’il ne peut pas être accepté d’avoir des situations où le seul moyen d’obtenir une Education de qualité est le recours à un secteur privé qui en raison de son coût évincerait les plus pauvres.

Enfin, des remarques formulées en ligne après la présentation du rapport provisoire, on retiendra deux autres observations :

-celle de bien cibler les actions lorsque sont mis en place les budgets, et surtout les populations visées en rapport avec les problèmes à traiter ; de ce point de vue un exemple précis a été donné par une Camerounaise, faisant valoir les initiatives prises et à bien concrétiser pour aider à bien intégrer les jeunes filles dans les écoles, et éviter ainsi le risque encore trop présent de décrochage scolaire.

-et cette observation importante visant le FMI, sachant le rôle que tient cette grande organisation internationale pour le financement de beaucoup d’Etats à faibles ressources en Afrique notamment : obliger à systématiquement intégrer la question de l’Education dans le traitement de leurs opérations (diagnostics, recommandations, mobilisation de fonds, conditions imposées)

14 juin 2022