Les restitutions des Commissions spécialisées et les Conclusions

séances des 16 et 17 avril 2018


Les délibérations du Conseil se concluent par la partie « opérationnelle » avec la présentation en séance plénière des rapports des Commissions PX (Programmes et relations extérieures), FA (Finance et Administration) + la restitution de la Commission conjointe (FA et PX).


Les Présidents restituent la teneur des débats au sein des Commission et commentent les principaux points soumis à l’approbation du Conseil exécutif. Cette matière, travaillée les jours précédents, constitue l’un des éléments essentiels de toute réunion du Conseil exécutif. Au total les trois Commissions ont tenu une douzaine de réunions, examiné une trentaine de sujets qui ont donné lieu à l’élaboration d’une quarantaine de Recommandations ou de Décisions qui, à très peu d’ajustements près, ont été adoptées en fin de session. Les réactions des délégations ont été surtout exprimées lors des échanges au sein des Commissions et non lors de la dernière réunion plénière.

De ce qui constitue comme une feuille de route pour l’institution éclairée par les commentaires des États, on pourra retenir quelques points qui sont loin de restituer toute la richesse des échanges mais qui, d’une certaine manière, semblent traduire assez bien un état d’esprit ou même des positions ou priorités pour l’UNESCO.


Les Programmes et Relations extérieures :

  • on salue les efforts pour mieux suivre les programmes et on souhaite que soient bien spécifiées les orientations stratégiques qui les sous tendent (un rapport est prévu pour le printemps 2020 à ce sujet) ;
  • on insiste pour que soient bien mis en évidence les impacts réels pour les pays bénéficiaires, avec une juste appréciation (évaluation) des choses, y compris la dimension financière ;
  • à plusieurs reprises, on fait ressortir les besoins de cohérence (rester centré sur le mandat UNESCO et miser sur ses avantages comparatifs), d’efficacité (agir au mieux au sein du systèmes onusien, voir ici la bonne répartition des travaux entre les agences, les coopérations ou synergies) ;
  • l’accent toujours mis sur le rôle de l’Éducation avec deux dimensions soulignées comme méritant des efforts particulier : le sport (voir notamment la référence au plan de Kazan) et le développement durable (sujet sur lequel le Japon joue un rôle leader) ;
  • la place des Jeunes : approbation de l’idée de plus les impliquer, appel à revoir les modalités d’organisation du Forum (sa composition, sa représentativité, son format etc), propositions pour que soient promues certaines valeurs (l’engagement, l’autonomie) et que l’on décline les rencontres à un niveau local. Rien n’est spécifié à propos d’éventuelles ONG tournées vers la jeunesse.

Parmi les autres sujets examinés, on mentionnera :

  • le prix de la vulgarisation scientifique que soutient l’Inde ;
  • le Programme Mémoire du Monde : vaste programme qu’il y a lieu de poursuivre avec pleine et juste implication des États, mais aussi recours aux experts et rôle à faire jouer aux facilitateurs qui ont pour vocation de veiller à un bon équilibre des réalisations/productions ;
  • la protection des Patrimoines, tout particulièrement dans les zones de conflit : accord envisagé pour une coopération avec la Fondation ALIP (alliance internationale de protection du patrimoine), soutien unanime à l’initiative en faveur de Mossoul, idée avancée que l’on pourrait élargir à d’autres lieux (Alep, Palmyre) ;
  • toujours à propos du Patrimoine, le Comité du Patrimoine mondial qui s’est réuni a bien fonctionné, progrès notamment du côté Proche Orient ;
  • la protection des spécificités culturelles matérielles ou immatérielles : point particulier concernant Crimée la, appel à concrétiser ce qui a déjà été décidé, le suivi au travers d’un dialogue. Cette question fait partie des quelques thèmes où l’on ressent les effets de la politisation que plusieurs délégations déplorent. (voir par ailleurs ce qu’a dit en séance introductive l’Ukraine à propos de la défense des langues maternelles) ;
  • les géoparcs : 3 nouveaux inscrits au réseau ;
  • les retombées du dernier Forum sur l’eau qui s’est tenu à Brazilia : grand succès de l’évènement, une déclaration ministérielle, les conclusions seront présentées à l’Onu en juillet (en lien avec l’ODD6). Le prochain forum se tiendra au Sénégal en 2021. Sur ce thème majeur, il est rappelé à quel point la résolution des problèmes touchant à l’eau peut contribuer à la Paix, au Développement et au Respect des Droits de l’Homme.

La Gestion :

  • la reconnaissance que le plan d’urgence est géré efficacement ;
  • un débat et des positions exprimées sur la question de la couverture des coûts ;
  • le souci exprimé et attention requise pour ce qui touche au financement de la Transformation stratégique et la transition avec la crainte d’une dépense excessive, notamment du fait du recours éventuel à des consultants ;
  • les arriérés : les retards sont inacceptables quelles qu’en soient les raisons. Les États sont tenus par leurs obligations.

Question posée concernant le choix des programmes sous l’angle financier : une concentration sur des opérations d’envergure permet des économies d’échelle, mais il faut aussi se soucier des opérations plus modestes en considérant d’autres aspects que le purement financier. En tout état de cause, c’est le Conseil exécutif qui donne les orientations.

Parmi les recommandations, on appelle à bien suivre les recommandations de l’audit ainsi que celles de la Cour des comptes française qui a produit notamment un rapport sur la gestion du réseau hors siège.

Quelques considérations exprimées sur les instituts de catégorie 1 (notamment l’institut de la statistique qui est essentiel et dont on va assurer les moyens) et de catégorie 2 qui sont utiles à la mise en œuvre des programmes mais qui doivent être aidés par les États qui les accueillent. Il y a lieu de toujours vérifier le bien fondé de leurs activités dans le cadre UNESCO.

Les interventions des délégués reprennent souvent les idées de transparence, évaluation rigoureuse, études préalables et consultation.

Deux points particuliers ont fait l’objet de questions en rapport avec les projets de la Directrice générale :

  • le pilotage de la transformation (comité de pilotage, groupes spécialisés) et la réforme de la communication ;
  • la gestion des Relations Humaines : à d’assez nombreuses reprises, la demande est réitérée d’une plus grande représentativité géographique dans les recrutements.

Dernier point relevé à propos de l’éthique : il y a insistance pour que ce sujet soit traité de façon approfondie, que rien ne soit éludé et, qu’à tous les niveaux de l’institution, il y ait des sanctions en cas de manquements avérés.


Stratégie

Soutien exprimé à la Directrice générale, sur le principe à tout le moins, étant observé qu’on engage à peine le processus, mais, est-il aussi rappelé avec insistance, ce seront les États qui devront entériner les grandes orientations. Il y a tout de même assez large accord pour aller dans le sens de plus d’efficacité et vers une modernisation du fonctionnement.

Tout au long de la session, de nombreux délégués ont rappelé la nature intergouvernementale de l’UNESCO. S’il y a là rien de nouveau, ces déclarations paraissent s’être faites plus insistantes cette fois ci, très certainement à raison des changements stratégiques en train de s’opérer. S’il y a eu, là aussi comme à l’accoutumée, de justes considérations à propos du rôle de la société civile et des contributions que peuvent apporter les experts ou les PNG, ce sujet a été peu évoqué, et la restitution donnée de la Commission des Partenaires non Gouvernementaux (voir notre compte rendu) a été « très sobre ». De façon symptomatique, on signalera un court échange tout à la fin de la réunion finale, lorsqu’il a été question d’esquisser les sujets de la 205ème session : une délégation (soutenue par une autre au moins) s’est étonnée de voir qu’une nouvelle réunion du Comité des PNG était prévu. La France et la Finlande ont atténué la portée de cette intervention, intervention au demeurant illustrative de certaines nuances de pensée à propos des PNG dans leurs possibles collaborations.


Dernière intervention de Mme Azoulay

Courte intervention en fin de séance pour :

  • remercier les délégués du soutien apporté au « processus » de transformation qu’elle propose ;
  • bien assurer que tout sera fait en bonne intelligence entre les organes directeurs et les États ;
  • se féliciter des débats positifs qui ont pu être menés sur certaines questions comme ce qui a trait à la protection des patrimoines (une allusion au sujet du Proche Orient) : de l’importance du dialogue, d’un dialogue responsable.

Enfin, la directrice générale à tenu à adresser tous ses remerciements à ceux qui ont contribué à la réussite de cette session (le groupe préparatoire notamment, les États) et qui illustrent ainsi toute la richesse que peut produire « la Puissance collective » (NDLR : le propos est de circonstance, l’UNESCO a en tout cas tout à gagner qu’il se traduise positivement pour les temps à venir).