mardi 22 mai 2018
à l’UNESCO


Le 22 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement et du 70e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, l’UNESCO a réuni un panel de représentants des Nations-Unies, de directeurs de musée, d’artistes, de leaders techniques et d’experts autour d’une question simple: Comment pouvons-nous nous assurer que tout le monde a le droit d’accéder à la culture ?
Cette discussion a visé à offrir une voie à suivre à la lumière de la situation actuelle de la culture – celle où l’accès croissant à la culture côtoie les menaces croissantes à la diversité culturelle.

En ouverture de la session, un concert donné par l’ensemble San Joropo de Colombie a insufflé du dynamisme à la réunion.
Mme Audrey Azouley, Directrice générale de l’UNESCO a prononcé l’allocution d’ouverture. Le rôle de la culture a été souligné quant à l’ouverture au dialogue, au développement économique. Le combat pour défendre le droit à la diversité culturelle a besoin d’être sans cesse soutenu. La préservation de la diversité culturelle est un enjeu très important dans un monde de plus en plus connecté. Au jour des 70 ans de la déclaration des droits de l’homme, l’accès à la culture n’est pas équitable entre les pays du nord et les pays de sud du monde. La liberté de création n’est pas assurée partout. La culture est aussi une affaire de paix.


2 panels ont succédé à ces propos.

Le premier panel a concerné les liens entre l’accès à la culture et les droits de l’homme.

Karima Bennoune, Rapporteur spécial dans le domaine des droits culturels :

La culture est l’oxygène de l’âme et de l’esprit. Toutes discriminations doivent être éliminées comme celles relatives aux femmes qui ont aussi pour certaines des qualités de créatrice. Le respect des droits humains imposent la lutte contre tous harcèlements quel qu’ils soient. Le respect des droits humains suppose l’égalité des genres.

Youma Fall, Directrice « langue française, culture et diversités » de l’Organisation internationale de la Francophonie :
Le développement humain trouve son fondement dans l’épanouissement de l’être humain. La création contribue à l’expression des valeurs de chacun, son identité. La paix trouve un fondement dans la diversité culturelle. Chacun doit comprendre et apprécier sa propre culture pour mieux connaître l’autre. La langue est la plus belle fleur de la culture, elle est porteuse de culture et contribue à sa promotion. En Afrique la langue française est un trait d’union entre toutes les langues locales. Il n’y a pas de culture minoritaire ou inférieure même si la population en question est numériquement faible. Ce sont les politiques publiques qui doivent accompagner et soutenir les différentes cultures. Tant que l’on ne connaît pas sa propre culture, il est plus difficile de comprendre et d’écouter l’autre. Avec le numérique, l’échange serait plus facile. Le droit à la culture se pose pour tous que l’on soit handicapé ou âgé. La Serbie a soulevé ce problème pour les personnes atteintes de cécité, le Maroc à Casablanca lors du festival musical des non voyants. Dans ces cas le droit de la culture pour tous reste encore un défi.

Ghita Khaldi, Vice Présidente – Arterial Network :
Sur le continent africain les expressions culturelles sont très diversifiées et riches. La protection des traditions artistiques et culturelles est indispensable. La liberté d’expression est un droit fondamental et pourtant plusieurs artistes en sont privés. Peu d’avocats sont sensibilisés pour la défense de la liberté d’expression. Il y a un besoin d’organiser une banque de données juridiques à ce sujet.


Le sujet du deuxième panel était l’élargissement de l’accès à la culture par les nouvelles technologies, les nouvelles approches.

Léontine Meijer-van Mench, Membre du Conseil exécutif de l’ICOM :
Il est utile d’éliminer l’écart entre la théorie et la pratique des professionnels qui s’occupent de l’accès aux musées. La possibilité d’accès est très différente entre les pays du Nord et ceux du Sud, ceux de l’Est et ceux du Sud. Pour certains les connections existent pour les particuliers comme pour les musées. Ce n’est pas les mêmes situations, les mêmes opportunités partout. L’ICOM embrasse toutes les nouvelles technologies pour accroître l’attractivité des musées. Ceux ci craignaient que les visites virtuelles entraîneraient une diminution des visites réelles. Il s’est avéré que c’est le contraire qui s’est produit.

Vincenza Lomonaco, Ambassadeur – Déléguée permanente de l’Italie auprès de l’UNESCO :
A l’occasion des 18 ans d’un jeune, il lui est attribué une bourse pour l’achat de livres, de places au cinéma ou de ticket pour visiter un musée. La lecture et les cours de langue sont les plus prisés. Cette démarche vise à valoriser les droits culturels des migrants ou des réfugiés en sauvegardant leur racines culturelles tout en favorisant leur intégration. C’est une richesse pour la société d’accueil. Toutefois il existe un défi quant au rapport du gouvernement et du citoyen. Le gouvernement craint que cet investissement soit considéré comme un gaspillage par le citoyen.

Amit Sood, Directeur de Google Art & Culture :
Aujourd’hui Google travaille avec un grand nombre de musées pour mettre à la portée du plus grand nombre leur accès. Le rythme ne cesse pas de s’accroître. Il convient d’impliquer les conservateurs qui n’ont pas toujours les moyens pour numériser leurs richesses. Bien sûr Google ne dispose pas de législation internationale. La compréhension de l’intelligence artificielle fonctionne sur l’intelligence algorithmique de l’être humain et donc ne pourra pas résoudre ce que l’homme ne peut résoudre.

Octavio Kulesz, Expert de l’UNESCO dans le domaine de l’édition numérique et des médias :
Le numérique est une opportunité essentielle pour les pays du Sud en terme de logistique et d’outil, ex : déplacer un livre coûte cher comme avoir une imprimerie. La connexion informatique raccourcit les réseaux sociaux et met en relation beaucoup de monde. Toutefois les obstacles des nouvelles menaces apparaissent si un marché des biens culturels n’est pas construit avec l’intervention d’acteurs locaux qui mettent en ligne des produits « vérifiés ». Il convient de constater que tout le monde n’est pas « au top »pour l’application de l’intelligence artificielle. Or il est urgent de s’approprier la technologie numérique pour la diffusion, la sauvegarde et la transmission aux nouvelles générations qui — elles — seront digitales.