Dans le cadre de la Journée internationale des Personnes Handicapées du 3 décembre, ce webinaire a réuni le maire d’une grande ville (Léon une grande métropole mexicaine), trois professeurs experts en sciences de l’Education (un anglais, un canadien et une australienne) et un jeune du Bangladesh lui-même handicapé qui a été lauréat du prix UNESCO « Autonomisation numérique des personnes handicapés ».

Une heure d’échanges animée par un journaliste sur un sujet en apparence très ciblé mais qui finalement aura abordé la question posée d’une manière plus large en la situant par rapport au sujet des inégalités et de la marginalisation sur le terrain social.

Du fait même du profil de plusieurs participants chercheurs en sciences de l’éducation à distance très versés sur ces thématiques, il a été fait souvent allusion à l’Education ouverte et à la mobilisation des Ressources libres qui peuvent offrir beaucoup à tous ceux qui veulent apprendre à distance et singulièrement aux Personnes Handicapées. D’intéressantes observations ont été formulées mais manquait certainement le témoignage vécu de ceux qui ont recours à ces techniques d’enseignement lorsqu’ils sont handicapés et ceux qui les accompagnent.

On propose de reprendre les idées énoncées qui ont particulièrement retenu notre attention :

  • Le Maire de Léon a montré l’exemple d’une municipalité très engagée dans le soutien apporté aux personnes handicapées pour permettre de surmonter leurs difficultés à apprendre par le biais de l’enseignement à distance. Les nombreuses actions conduites s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie qui met l’accent sur les valeurs des notions de « citoyenneté » et d’ « inclusion » et se décline au travers de nombreuses initiatives prises avec prioritairement le souci d’aider les plus démunis socialement (principe de gratuité de ce qui est mis à disposition) : distribution de matériels (tablettes, smartphones), assistance technique, facilités pour les transports, implication de psychologues et thérapeutes, centres d’appels. A été soulignée l’importance de l’écoute de la parole des handicapés, soutien par l’écoute qui s’est révélé particulièrement précieux pendant la crise Covid. D’une manière générale, au-delà des aspects techniques et utilitaires, on insiste sur la dimension humaine, il s’agit avant tout de retenir qu’il s’agit d’une assistance à la Personne qu’il faut traiter comme telle.
  • La Question des contenus : autre question importante abordée ; il est recommandé d’éviter autant que faire se peut d’offrir des programmes distincts de ceux prévus pour « les apprenants non handicapés » c’est la normalité qui devrait être alors la règle, mais il peut y avoir quand même des spécificités à prendre en compte, et cela doit être traité avec soin au travers d’analyse préalable des besoins exprimés par les intéressés.
  • L’accès aux Ressources éducatives. A propos des nombreux sites mis à disposition et des Plateformes spécialisées, une observation est formulée qui vaut en première analyse comme une recommandation d’application générale ; il importe de plus ou de mieux se soucier de la qualité des accès aux « produits recherchés », mais cette difficulté de la navigation sur ces environnements numériques peut poser plus de problèmes pour les handicapés, il y a là un sujet insuffisamment exploré.
  • La relation avec les enseignants : elle est primordiale, mais elle ne va pas de soi, car il s’agit d’intégrer plus encore que les aspects « appropriation du numérique » les requis spécifiques s’attachant aux handicapés avec toute la variété des possibles.
  • Dans tous les pays la du Covid a été un choc pour l’école, il a fallu surmonter de nombreuses difficultés, et des réponses inégales selon les pays, parmi lesquels les plus pauvres ont été les plus touchés ; mais dans ce contexte, les handicapés n’ont pas toujours été les grands oubliés. Au Bangladesh, le gouvernement a eu le souci de maintenir un lien avec eux par exemple via les radios communautaires ou des programmes de télévision adaptés à leur situation ou la distribution de livres numériques.
  • Le recours généralisé au travail à distance avec au besoin l’exploitation d’outil d’Intelligence Artificielle a montré ses limites, des limites beaucoup plus importantes pour les handicapés que pour les personnes valides : les offres pédagogiques comme les outils eux-mêmes sont largement conçus pour ces dernières personnes ; il y a ici une réflexion à mener pour mieux prendre en compte le besoin des handicapés, étant observé qu’en toutes hypothèses doit subsister pour eux une part de présentiel (nécessité du contact et de l’accompagnement humain).
  • L’évaluation est un sujet qui peut poser problème pour toutes les offres de formation à distance quelle que soient les populations ; mais cette difficulté peut s’avérer plus importante pour les apprenants handicapés, et, il ne semble pas qu’il y ait en la matière une prise en compte (suffisante ?) de cette spécificité.