23ème Session du Conseil Intergouvernemental
du Programme Hydrologique International (PHI)

UNESCO  – 11-15 juin 2018


Cette session avait pour objet, la mise en place du nouveau bureau du Conseil Exécutif du PHI (35 pays), l’évaluation de l’état d’avancement des programmes dans la phase de la décennie de l’eau (2018-2028), et l’élaboration d’un programme eau phase IX (2022-2029).

Enfin, le Conseil était appelé à examiner la place et la coopération de la structure eau de l’Unesco, dans un ensemble mondial élargi, et notamment au regard de la structure « ONU EAU ».


Les Enjeux

L’eau reste une question essentielle pour l’humanité, et elle doit être traitée à des niveaux internationaux. Malgré des améliorations significatives récentes, force est de constater :

  • Accès à l’eau : 30% de la population mondiale n’est pas raccordée à une alimentation domestique en eau potable ;
  • Qualité de l’eau : 60% de la population mondiale ne bénéficie pas de services d’assainissements sécurisés, et 30% est exposée aux risques des eaux contaminées ;
  • 20% de la population mondiale est exposée aux risques de sécheresses et/ou d’inondation, et 500 millions de personnes peuvent souffrir de pénuries d’eau.

Les Organisations Nationales et Internationales
De nombreux organismes ont une compétence en matière d’eau douce, de façon directe ou indirecte. La question de la coordination de leurs actions est primordiale pour être efficace et bénéficier des connaissances scientifiques et expériences mutuelles, dans les différents points du globe.

A cet égard, il a été indiqué que l’UNESCO a lancé le concept de « Famille de l’eau de l’UNESCO », constituée en particulier de 37 Centres de recherche de catégorie 2, de 56 chaires scientifiques Unesco dans le monde, regroupant plus de 1000 experts.

Les actions et programmes de ces organismes sont établis prioritairement en référence, au programme du Développement Durable, et notamment l’objectif N°6 (Eau propre et assainissement), la COP 21 et la lutte contre les pollutions, et aux programmes éducatifs relatifs à la priorité de la parité du genre, et à la place de la femme dans la gestion et l’usage de l’eau.

Enfin les participants ont particulièrement insisté, au titre de la culture, sur la nécessité de mettre en réseau tous les « Musées de l’eau » à travers le monde, avec l’appui, sur ce programme de tous les représentants des gouvernements membres du Conseil.


Débat : la mise en œuvre des actions hydrologiques dans les États, relations entre scientifiques, entrepreneurs et ingénieurs, et politiques.

1er colloque sur l’Interface entre Sciences de l’eau et Sphère politique (14 Juin 2018)

D’un point de vue scientifique, l’accent a été porté notamment sur la nécessité :

  • de fiabiliser la qualité des données des ressources en eau et de leur disponibilités. En effet il existe de grandes différences entre un pays et son voisin. Par exemple l’accès à l’eau potable est d’environ 25% à Madagascar ou au Kenya, alors qu’il est de 83% au Malawi ;
  • d’améliorer nos connaissances sur la question climatique des échanges eau/atmosphère, qui sont la clé de la réponse à bien des questions que tout le monde se pose au regard des évolutions actuelles en matière de précipitations en fréquences et en volume. Et dans ce domaine les recherches sur la prédiction des conditions extrêmes par modélisation sont encore loin d’avoir abouti ;
  • d’améliorer l’analyse des historiques tant pour la géographie des cours d’eau que leur volume et pour en dégager les facteurs dominants. Les instruments d’analyse et d’observations des phénomènes sont aussi en pleine évolution technologique ;
  • de rappeler que la science est au service des politiques, ce qui est une évidence dans un domaine aussi vital que l’eau. L’UNESCO via le PHI a un rôle primordial à remplir vis avis de ces 2 communautés.

D’un point de vue politique, la question urgente à résoudre est comment mieux protéger les populations face à des phénomènes extrêmes de plus en plus fréquents comme typhons, crues, désertification, phénomènes dus au dérèglement climatique. Les administrés ont maintenant une mauvaise opinion des prévisions des catastrophes. Or la gestion de l’eau est intimement liée au climat.

Certains intervenants ont rappelé les échanges difficiles entre scientifiques et décideurs politiques au regard des crues « centenaires » d’un fleuve et qui se sont succédé durant trois années consécutives.

D’où la conclusion qu’il faut constater entre le temps long des scientifiques pour donner des résultats fiables et leurs limites, le temps un peu moins long des ingénieurs pour assurer les travaux nécessaires à la prévention des phénomènes catastrophiques, et la contrainte du temps court des politiques, soumis aux critiques de leurs concitoyens et à leurs réélections.

Lire le rapport final de la 56ème session du bureau du PHI :
https://en.unesco.org/sites/default/files/fr-ihp-bur-lvi-3-rapport_final-875.18.pdf