Échos des Commissions « Sciences Humaines et Sociales » (SHS),

« Culture », « Communication et Information »

(du 10 au 13 novembre 2015)

Le CCIC se fait l’écho des travaux de trois commissions, réalisés pendant cette première moitié du mois de novembre. Elles insistent sur les grandes préoccupations du moment : les défis du développement et les questions sensibles (la violence, les migrants et la jeunesse). Elles soulignent leurs soucis face aux contraintes de fonctionnement qui limitent l’efficacité opérationnelle.

Les interventions des représentants des États membres et celles des services de l’UNESCO, font bien évidemment ressortir les spécificités propres à chaque domaine, ne serait-ce qu’à l’occasion de l’examen des budgets et des programmes ; mais des déclarations nombreuses que l’on aura entendues se dégagent aussi beaucoup d’éléments communs. Il y a d’abord un discours assez largement consensuel, et, des propos à la tonalité en général très mesurée qui font évidemment références aux grands objectifs et aux Missions de l’UNESCO, ainsi qu’aux principes qu’elle promeut : la Paix, le Pluralisme, la diversité, le rapprochement des cultures, le respect des identités, la protection des patrimoines culturels, matériels et immatériels…l’éthique, la défense des libertés, des droits de l’homme avec des déclinaisons plus spécifiques se référant à des sujets devenus « classiques » ( la promotion de la Femme, le souci de l’égalité des genres, le respect des minorités, la lutte contre les stéréotypes, l’éducation, le numérique etc). A signaler, la préoccupation particulièrement mise en évidence touchant aux migrants, question mentionnée par de nombreuses délégations, aussi bien du côté Commission SHS que côté Culture.

Au fil des échanges, on aura relevé tout de même des messages ou commentaires allant un peu au-delà des propos convenus lorsqu’il s’est agi d’évoquer ce qui menace gravement les valeurs culturelles et la Mémoire collective : la violence, les pillages, les saccages ont été dénoncés avec insistance par certaines délégations et de façon encore plus parlante lors du panel organisé par la Direction Générale autour de l’initiative « UNITE4HERITAGE » lancée en 2014 par Mme BOKOVA.

Autre élément à maintes fois souligné, l’importance de l’agenda 2030 de l’ONU avec ses objectifs SDG (sustainable development goals). Il y a dans ces nouvelles orientations de véritables nouveautés parmi lesquelles une pleine reconnaissance des valeurs de la culture et des sciences humaines ou sociales qui sont à promouvoir pour garantir un réel développement, porteur de progrès et de Paix.

Très souvent, parmi les souhaits exprimés, on a fait référence aux aspects budgétaires : les contraintes étant fortes, sur plusieurs chantiers jugés importants à engager ou à poursuivre, il a été fait allusion à ce facteur limitatif, et aux moyens de les contourner via des financements extra budgétaires (donneurs privés ou dotations spécifiques par les États, comme le font maintenant assez notablement la Chine ou le Quatar) ou au travers d’innovations ou rationalisations organisationnelles (de nombreuses fois par exemple ont été évoqués les gains possibles à tirer de la recherche de synergies).

Dans un contexte de ressources plus difficiles à trouver, il est devenu crucial de bien définir les priorités dans le cadre de stratégies bien conçues : cette exigence est assez largement partagée, et portée par les services de l’UNESCO . D’ores et déjà, une bonne façon de prioriser les activités est de s’en tenir aux Conventions comme le cadre dans lequel il faut s’inscrire.

S’il y a bien nécessité d’inscrire les actions avec une bonne vision stratégique, et, autant que possible, une solide assise juridique, on doit aussi se soucier de la mise en œuvre des engagements, avec un suivi concret, effectif. Encore trop souvent, est il signalé par les Services ou certaines délégations, la traduction de résolutions en actes tarde à se produire ou ne se voit pas suffisamment.

Pour traiter efficacement des problématiques qui sont devenues de plus en plus complexes dans tous les domaines, on appelle sur tout sujet à se soucier d’interdisciplinarité, ce qui peut appeler à des coopérations sous des formes diverses, au sein des domaines (ou Commissions) ou entre les domaines, avec le soutien des États membres.

A cet égard, certains militent pour des exigences juridiques plus contraignantes (legally binding) et/ou pour un suivi plus rapproché des réalisations, mais ce possible « stimulant » bute forcément sur des questions de souveraineté, et là peut être mentionnée la difficulté que représente parfois la non ratification de certaines Conventions par un trop grand nombre d’États.

Cela dit, nonobstant les questions juridiques, les objectifs opérationnels sont mieux remplis s’ils s’inscrivent dans le cadre de dialogues renforcés avec les États membres, un dialogue qui peut s’opérer notamment par consultations ou enquêtes, méthodes de plus en plus employées et qui portent leurs fruits.

Dernier point relevé comme assez prégnant : la Jeunesse. Comme lors de la conférence générale, les deux Commissions « Culture » et « Sciences Humaines et sociales » ont entendu des représentant du Forum des jeunes (tenu les 27 et 28 octobre) présenter leurs conclusions. Au-delà de ce point spécifique, à de très nombreuses reprises les représentants des États membres ont tenu à souligner toute l’attention qu’il convient de porter aux jeunes générations qui sont l’avenir du Monde.

XX X

Si les échanges nourris par les interventions de nombreuses délégations ont été foisonnants, ils n’ont pratiquement pas été émaillés de considérations philosophiques ou anthropologiques, ils n’ont été aussi que très peu teintés de connotation géopolitique…. ce qui peut sembler normal s’agissant d’interventions en Commissions. On pourra quand même signaler quelques exceptions, comme par exemple un appel à mieux et plus considérer les dimensions d’ordre spirituel et tout ce qui se rapporte aux croyances (CUBA), un autre appel venant d’un pays d’Afrique pour que l’on respecte mieux certaines traditions ancestrales qui tendent à être négligées. Enfin, un peu comme une fausse note, à propos des débats relatifs à la sauvegarde des patrimoines, le représentant d’un pays du Proche Orient a eu des mots très directs pour dénoncer le terrorisme financé indirectement (sic) par des pays voisins.

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