Les travaux de la Commission Culture ont donné lieu à l’examen de toutes les Conventions de ce secteur très important de l’UNESCO, les Etats membres sont invités à renforcer leur implication, et à inscrire leurs politiques culturelles dans le cadre du programme de développement durable à l’horizon 2030. Qu’il s’agisse des initiatives pour la protection des Patrimoines (matériels ou immatériels), de la lutte contre les trafics de biens culturels, de la promotion des activités créatives (les artistes, les industries etc.) mais aussi de l’instauration de journées internationales « d’essence culturelle », en tous ces domaines, la 40ème session de la Conférence générale a adopté des résolutions pour le secteur de la Culture, un domaine essentiel pour préserver la Paix et l’harmonie de notre Humanité.
Dans le cadre de la 40e session de la Conférence Générale, la Commission « Culture » a dédié 5 séances, entre le 20 et le 22 novembre 2019 à l’examen des 17 points inscrits à son ordre du jour. Parmi ces 17 points, voici les plus importants :
La Commission a recommandé à la Conférence générale d’approuver le projet de Programme et de Budget pour 2020-2021 pour le grand programme IV – Culture (qui a été approuvé finalement par la Conférence générale).
La mise en œuvre du plan d’action pour le grand programme IV devra être poursuivie pendant la période 2020-2021. Ce plan est articulé autour de deux objectifs stratégiques et de deux axes d’action correspondantes, avec l’accent mis particulièrement sur l’Afrique, l’Égalité des genres, les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PIED), les jeunes et les groupes sociaux les plus vulnérables, notamment les populations autochtones. Par ailleurs, pour l’exécution du Programme, il est recommandé de miser sur la coopération Sud-Sud et Nord-Sud-Sud, de développer les partenariats avec la société civile, et coopérer en tant que de besoin avec les organisations du système des Nations Unies et d’autres organisations internationales et régionales à tous les stades de l’élaboration du Programme.
Les deux objectifs stratégiques du Programme IV sont : « Protéger, promouvoir et transmettre le Patrimoine » (Objectif stratégique 7) et « Favoriser la créativité et la diversité des expressions culturelles » (Objectif stratégique 8).
Plus précisément, l’objectif stratégique « transmission du patrimoine », s’entend ainsi :
- Promouvoir et gérer le patrimoine en tenant compte de son rôle dans la promotion du développement durable ;
- Promouvoir la ratification des Conventions relatives au patrimoine culturel matériel et transposer les dispositions de la Recommandation concernant le paysage urbain historique de 2011 et la Recommandation concernant la protection et la promotion des musés et des collections, de leur diversité et de leur rôle dans la société de 2015 dans la législation des États membres ;
- Renforcer les capacités pour améliorer la compréhension/appréciation du Patrimoine et appliquer effectivement la Stratégie de renforcement de l’action de l’UNESCO pour la protection de la culture et la promotion du pluralisme culturel en cas de conflit armé et de son addendum relatif aux situations d’urgence liées à des catastrophes dues à des risques naturels ou d’origine humaine.
L’axe d’action pour la mise en œuvre de cet objectif est ainsi défini : « protéger, conserver, promouvoir et transmettre la culture et le patrimoine pour le dialogue et le développement » et appelle à se traduire par :
- Une application effective de la Convention de 1972 (sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel) ;
- Une application effective de la Convention de 1970 concernant l’interdiction du trafic illicite des biens culturels et consolidation du rôle des musées (la Recommandation concernant la protection des musées et des collections de 2015) ;
- Ratification large et application effective de la Convention de 1954 concernant la protection des biens culturels en cas de conflit armé ;
- Application effective de la Convention de 2001 concernant la protection du patrimoine culturel subaquatique.
Le second objectif stratégique retenu pour le secteur Culture, à savoir « la créativité et la diversité des expressions culturelles » est précisé de la manière suivante :
- Renforcement des cadres politiques, juridiques et institutionnels qui favorisent l’application effective de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003, de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de 2005 et de la Recommandation relative à la condition de l’artiste de 1980 ;
- Renforcement des capacités pour l’émergence d’un secteur culturel et créatif dynamique, développement des institutions et industries culturelles, formation des professionnels de la culture ;
- Promouvoir un développement durable à travers la contribution de la culture, soutenir les Etats membres dans leurs efforts pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
L’axe d’action pour la mise en œuvre de cet objectif serait : « promouvoir la créativité, la diversité des expressions culturelles et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel pour le développement durable » par :
- L’identification et sauvegarde du patrimoine culturel immatériel par l’application effective de la Convention de 2003 ;
- L’application effective par les États membres (politiques, mesures), de la Convention de 2005 sur la promotion de la diversité des expressions culturelles ;
- L’intégration de la culture dans les politiques et mesures nationales par les États membres en vue de la mise en œuvre effective du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
221 626 600 millions de dollars ont été alloués à ce grand programme IV pour 2020-2021.
Pour le point de l’ordre du jour concernant « Jérusalem et la mise en œuvre de la résolution 39 C/36 », la résolution mise au point a été adoptée par la Conférence générale.
On en retient les éléments suivants : préoccupation réitérée de la Conférence générale à propos des obstacles persistants à la préservation du caractère distinctif de la Vieille Ville de Jérusalem et de ses remparts. Les donateurs internationaux sont encouragés à soutenir encore plus les activités visant à sauvegarder le patrimoine culturel de la Vieille Ville de Jérusalem. La Conférence générale marque les progrès réalisés dans la mise en œuvre d’activités de conservation et de formation dans la Vieille Ville de Jérusalem, des efforts matérialisés, entre autres, dans le développement du Centre Al-Aqsa pour la restauration des manuscrits islamiques dans la Madrasa al-Ashrafiyah ou la rénovation du Musée islamique du Haram ash-Sharif. Des préoccupations ont été exprimées concernant les fouilles archéologiques et les travaux israéliens dans la Vieille Ville de Jérusalem et ses remparts. Un rapport d’étape sur la mise en œuvre du Plan d’action de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel de la Vieille Ville de Jérusalem devra être présenté à la 41ème session de la Conférence générale.
Sur l’application de la résolution 39C/55 concernant les institutions éducatives et culturelles dans les territoires arabes occupés, une résolution est adoptée qui aborde les aspects suivants, parmi d’autres : renforcement de l’assistance financière et technique de l’UNESCO aux institutions éducatives et culturelles palestiniennes en vue de répondre aux nouveaux problèmes résultant des récents événements ; développement du programme de relèvement rapide dans la bande de Gaza ; préoccupations pour les actions qui touchent le patrimoine culturel et naturel et les institutions culturelles et éducatives de Palestine ; développement du programme d’assistance financière aux étudiants palestiniens ; suivi de la l’application des recommandations de la huitième réunion du Comité conjoint UNESCO-Autorité palestinienne (4-5 mars 2008) et organiser la neuvième réunion ; des efforts à faire pour offrir des programmes d’études appropriés, bourses et assistance adéquate aux institutions éducatives et culturelles du Golan syrien occupé.
Renforcer la mise en œuvre de la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels (1970) :
Le 14 novembre de chaque année est proclamé la « Journée internationale de lutte contre le trafic de biens culturels ». A l’occasion de la célébration, en 2020, du cinquantième anniversaire de la Convention de 1970, l’Allemagne va accueillir un événement commémoratif international. Les États membres sont invités à mener des activités de sensibilisation concernant la prévention et la lutte contre le trafic illicite de biens culturels. Le Code international de déontologie pour les négociants en biens culturels de l’UNESCO doit être promu. La Directrice générale de l’UNESCO est chargée de faire une déclaration publique chaque fois qu’une demande urgente (et légitime) d’un pays affecté est reçue, les autorités nationales compétentes devant élaborer les règles conformément aux principes déontologiques précisés dans la Convention et s’assurer du respect de ses règles.
Rapport de synthèse sur l’application par les États membres de la Recommandation de 2015 concernant la protection et la promotion des musées et des collections, de leur diversité et de leur rôle dans la société :
La présentation, par les États membres, de rapports périodiques sur l’application des recommandations adoptées par la Conférence générale est une obligation. 56 États membres ont soumis leur rapport dans le cadre de la première consultation sur l’application de cette recommandation. Les États membres sont invités à promouvoir la mise en œuvre de cette recommandation, notamment en apportant leur soutien financier et en accueillant les sessions du Forum de haut niveau de l’UNESCO sur les musées.
Rapport de synthèse sur l’application par les États membres de la Recommandation de 2011 concernant le paysage urbain historique :
55 États membres ont soumis leur rapport dans le cadre de la deuxième consultation. Les États membres sont invités à garantir l’application de cette recommandation ; à mettre au point des orientations, des outils pour le renforcement des capacités à destination des États membres et des villes, à répertorier et à partager les connaissances, bonnes pratiques et expériences.
Rapport de synthèse sur l’application de la Recommandation de 1980 relative à la condition de l’artiste (1980) :
La résolution adoptée à ce sujet mentionne que 52 États membres ont soumis leur rapport dans le cadre de la quatrième consultation. Les autres états (jusqu’au 148 Parties signataires de la Convention) sont invités à le soumettre. Les États doivent continuer à garantir l’application de cette recommandation ; les synergies entre cette recommandation liée au statut de l’artiste et la Convention de 2005 doivent continuer à être améliorées ; les États membre sont invités à contribuer financièrement au Programme UNESCO-Aschberg pour les artistes et les professionnels de la culture.
Faire mieux connaître l’éducation artistique et la Semaine internationale de l’éducation artistique :
Une résolution a été adoptée à propos de ce sujet : les États membres sont invités à organiser des activités au niveau national, régional et international pour promouvoir l’éducation artistique, notamment en lien avec la Semaine internationale de l’éducation artistique. La Feuille de route de l’UNESCO pour l’éducation artistique dans les pays membres doit être promue, notamment dans le contexte des événements internationaux que la République de Corée accueillera en 2020 pour célébrer le 10e anniversaire de l’Agenda de Séoul. Une coopération intersectorielle est encouragée pour l’éducation artistique, entre les Secteurs de la culture et de l’éducation de l’UNESCO, afin de promouvoir et intégrer pleinement l’éducation artistique dans les grands programmes I et IV conformément aux priorités respectives de ces Secteurs pour une éducation de qualité et pour favoriser la diversité culturelle et la diversité des expressions culturelles.
2 nouveaux Centres de catégorie 2 placés sous l’égide de l’UNESCO ont été établis, un en République de Corée, à Sejong, sous la dénomination « Centre international pour l’interprétation et la présentation des sites du patrimoine mondial » et un au Émirats arabes unis, à Sharjah, « Centre international pour le renforcement des capacités en matière de patrimoine culturel immatériel dans les États arabes ».
Plusieurs journées internationales ont été proclamées :
- La « Journée internationale de l’art islamique », le 18 novembre ;
- La « Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante », le 24 janvier ;
- La « Journée mondiale de l’olivier », le 26 novembre ;
- La « Journée mondiale de l’art », le 15 avril.
L’ensemble des résolutions adoptées pour le secteur de la Culture traduit bien le souhait de l’UNESCO de répondre concrètement à des préoccupations toutes actuelles touchant un domaine essentiel pour le monde. Ainsi, la protection du patrimoine et la diversité des expressions culturelles, le souci de la préservation du patrimoine culturel de la vieille ville de Jérusalem et la défense des institutions éducatives dans les territoire arabes occupés, mais aussi l’intensification de la lutte contre le trafic illicite des biens culturels, la protection des musées et de leurs collections, et plus généralement l’attention portée aux questions touchant le paysage urbain historique, le statut de l’artiste et l’éducation artistique. C’est le même esprit qui aura présidé à l’instauration de plusieurs journées internationales « à dimension culturelle » : l’art islamique, la culture africaine, l’art, et enfin l’olivier, symbole de paix entre les hommes et paix avec la nature. Autant d’éléments que l’UNESCO intègre dans sa stratégie et dans ses actions pour contribuer comme cela est sa Mission à la résolution des problèmes auxquels le monde se trouve confronté.