Résumé de la Journée d’étude du 4 mai 2018
organisée au Centre Sèvres
par le Centre Catholique International de Coopération auprès de l’UNESCO et l’Académie catholique de France
Il est des moments rares qui sont comme une respiration servant une réflexion précise et visionnaire. La journée d’études, organisée le 4 mai au Centre Sèvres, par le CCIC et l’Académie catholique de France, est certainement l’un de ces moments privilégiés.
Parce que la réflexion sur un sujet aussi prégnant que le transhumanisme et la finitude humaine s’inscrit le plus souvent dans une dynamique de l’actualité, il est d’autant plus important de consacrer quelques heures d’échanges pour servir la connaissance et la pertinence du sujet.
Ce sont plus de 200 participants qui ont pu ainsi se nourrir de l’expertise internationale des intervenants et des échanges interactifs. Le côté unique de cette journée est d’avoir pu explorer les différents aspects du sujet : techniques, économiques et financiers, philosophiques et culturels.
S’inscrivant dans la pensée des philosophes, de Platon à Foucault et Ricœur, le Père Capelle- Dumont, de l’Université de Strasbourg et de l’Institut catholique de Paris, a particulièrement développé les processus et l’éthique de la décision dans une temporalité humaine reliée à la temporalité (augmentée) divine.
En rappelant les différentes étapes de l’évolution de la puissance technologique, depuis la biotechnique des années 80 jusqu’à l’Intelligence Artificielle, Marie-Hélène Parizeau, Professeure à l’Université Laval du Québec, Présidente de la COMEST (Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies de l’UNESCO) a proposé une photographie globale de l’état de la science.
Parmi les interventions dont la richesse et la densité feront l’objet d’une publication, il a été rappelé que l’Intelligence Artificielle n’est pas une fin en soi, et qu’elle connaît ses limites, dans le domaine de la santé comme l’a noté, avec humour, le Pr François Desgrandchamps de l’Hôpital St Louis à Paris. Fait important, la mémoire, parce qu’elle appartient autant au corps qu’à l’esprit, ne sera jamais égalée par une mémoire artificielle. M. Frédéric Alexandre chercheur à l’INRIA à Bordeaux nous a expliqué pourquoi il est difficile de construire l’Intelligence artificielle .
Le Père Thierry Magnin, Recteur de l’Université catholique de Lyon, a souligné pour sa part, dans le grand écart entre sa double expertise de scientifique et de théologien, la convergence des NBIC* dans la dynamique du vivant entre robustesse et vulnérabilité et la plasticité du vivant soumis à son environnement. Non sans rapport, comme l’a noté Christiane Rancé, écrivain, avec l’expression artistique du « beau » ; elle a rappelé que l’IA ne tient pas comptes des émotions, du corps et de l’esprit de l’Homme et même lorsqu’elle produit quelque chose de parfait son œuvre n’est pas dans le même registre de beauté que celle produite par l’imperfection de l’humain.
Monsieur le Professeur Augustin Dibi Kouadio professeur de philosophie à l’Université Houphouët-Boigny d’Abidjan (Côte d’Ivoire) a évoqué le prochain dans un univers du sans distance ; faisant référence à Heidegger et Levinas il a scruté particulièrement le visage et le singulier et s’est demandé si à une nature dilatée , à un corps dilaté correspondaient une conscience et une attention au prochain, dilatées.
Monsieur Pierre de Lauzun nous a parlé de la dimension financière dans le développement de la technologie .Il a insisté sur le fait que tout développement technologique suppose un financement aux stades de la recherche et à celui du développement mais que jusqu’à ce jour il n’y avait jamais eu des firmes aussi énormes et dominantes aux marges financières aussi importantes.
Madame Christine Roche, Présidente du CCIC, a conclu cette journée d’études en indiquant que son succès ne pouvait être que le « marchepied » d’une poursuite de réflexions, largement partagées par les ONG qui constituent la plateforme du CCIC et répondant à l’appel de l’UNESCO de disposer, au travers des ONG, des apports de la société civile. Et de citer François-Régis de Guényveau, écrivain, venu parler, à propos de son livre « Un Dissident », des limites d’un progrès qui veut modéliser l’existant et de la valeur intemporelle de l’écriture: « On ne peut pas oublier le merveilleux qui réside dans chaque être humain ».
Un appel (collecter 500€) à soutenir Blas in Africa pour un programme de soutien scolaire au Nord Cameroun a été lancé. Dons déductibles des impôts à envoyer au CCIC avec la mention pour Blas in Africa
*NBIC : les nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives CCIC 67 rue de Sèvres 75006 PARIS