A l’occasion de la Journée mondiale de « la Science au service de la Paix et du Développement Durable » le 8 novembre 2019, s’est tenue une nouvelle réunion dans le cadre du programme CAMPUS qui a pour objet la sensibilisation des Jeunes lycéens sur les grands thèmes que traite l’UNESCO. Cette fois-ci la rencontre « lycéens-experts » a porté sur les Sciences, et plus particulièrement « la Science Ouverte » qui a été le thème retenu en 2019 comme fil directeur de la Journée mondiale de la Science.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, ont été présentées de façon attractive et pédagogique les Missions et les Valeurs de l’UNESCO avec l’accent mis sur les droits humains, l’éducation, la Justice et la Paix.

Quelques éléments statistiques ont aussi été donnés à propos de ces opérations CAMPUS UNESCO qui visent à nouer un dialogue entre experts et lycéens venant de classes de fin du secondaire : sur les cinq années d’existence du programme, ce sont 110 experts qui ont parlé à 25 000 jeunes (auditoire en moyenne de 250 à 300 élèves), les thèmes étant très variés, tous rattachés aux secteurs couverts par l’UNESCO.

Pour traiter le sujet des Sciences, en dehors de l’animation par deux représentantes du secteur Science de l’UNESCO, ont été livrés trois interventions/témoignages, avec des présentations claires, vivantes, interactives : témoignage d’une jeune chercheuse, qui a été lauréate de prix L’Oréal « Femmes et Science », et deux contributions de deux autres scientifiques impliquées dans une expérience originale et écologique dénommée « Energy Observer ».

Les Sciences, la Science Ouverte : l’importance de la Science, la nécessité de l’ouverture – Farah Ouechtati (chercheuse-enseignante)

Cette scientifique impliquée dans la Recherche sur les maladies génétiques héréditaires (maladies rétiniennes) a développé un certain nombre de considérations touchant à la science en général pour montrer à quel point la recherche et les découvertes ont permis à l’Humanité de progresser, d’améliorer son bien-être, du néolithique jusqu’à nos jours. « Fan de science », une vocation qu’elle eût très tôt, elle a délivré un message positif tout en mettant bien en évidence la gravité des problèmes auxquels nous sommes tous confrontés de nos jours. Ces problèmes nés à partir de la révolution industrielle et qui pourraient avoir tendance à s’amplifier avec la mondialisation. Face aux difficultés (surexploitation des ressources, explosion démographique, pollutions de grande ampleur, catastrophes naturelles, destruction de la biodiversité, migrations massives et leurs conséquences dommageables etc.), pour relever les défis qui en découlent, la science – comme toujours et certainement plus que jamais – va pouvoir jouer un rôle positif. Ceci est le premier point mis en évidence.

La seconde idée émise a précisément trait au concept de Science ouverte. La Recherche, de tous temps, a gagné à exploiter la vertu de l’échange, mais, compte tenu des caractéristiques de notre temps (progrès des technologies de l’information, universalité des difficultés à surmonter etc.), les coopérations et le partage des savoirs ou des données trouvent une pleine justification : ce premier aspect de la science ouverte est essentiel.

Mais la Science ouverte c’est aussi l’ouverture au « grand public », par la sensibilisation des opinions publiques, ce sont aussi les actions pour susciter les vocations scientifiques, avec deux objectifs : une meilleure connaissance de la science qui peut induire des effets positifs sur les mentalités et les comportements, et la possibilité de susciter des vocations.

A noter, le discours tenu est resté très positif… aussi bien les questions touchant aux risques que peut générer la Science et à l’Ethique n’ont pas été abordées ; sans doute face à l’auditoire composé de jeunes lycéens fallait-il mieux rester simple.

L’Aventure « Energy Observer » : expérience scientifique, numérique et médiatique, une aventure scientifique au service de la science et de la société à travers les Mers

Présentation technique du Projet

Contributions de Laurène Blottière (Scientifique, Responsable Communication du Projet) et Anais Toggo-Engel (Scientifique, Responsable dans la partie communication numérique/médias) qui sont deux parties prenantes à une entreprise originale dénommée « Energy Observer ».

Le cœur de cette entreprise et sa figure emblématique est un bateau « révolutionnaire », dont l’architecture et les technologies embarquées ont été conçues pour tester le potentiel d’une navigation 100% autonome qu’il s’agisse de la propulsion ou de l’utilisation de ressources énergétiques (électricité) non productrices de carbone et particules fines, et ne générant aucun bruit. L’ambition du projet porté par ses deux fondateurs, qui sont l’un marin et l’autre scaphandrier (mais aussi réalisateur de programme vidéo), est de faire de ce bateau un laboratoire flottant permettant à la fois de tester la faisabilité et le potentiel d’une navigation plus écologique (on rappelle que 80% des transports de marchandises sont opérés par mer avec une très forte consommation d’énergie fossile polluante) et d’aller au travers d’un tour du monde à la rencontre des populations lors des escales pour échanger sur les expériences menées partout sur le développement durable. L’un des deux co-fondateurs de l’entreprise a été choisi comme ambassadeur du plan que conduit la France pour le Développement Durable.

Pour donner plus de précisions, on ajoutera que l’ensemble du fonctionnement repose sur des technologies tout à fait innovantes exploitant les ressources de l’éolien, du soleil, et de la mer.

Deux mâts-tours de 40 mètres de hauteur équipés d’ailerons, plus de 150 mètres carrés de panneaux solaires (exploitation directe ou indirecte, avec la capture des effets de réverbération de l’eau de mer), dispositifs de captage et de filtrage de l’eau de mer (élimination des sels minéraux) qui alimentent un système de production d’hydrogène (via des piles à combustibles), stockage de cet hydrogène dans des bombonnes pressurisées (l’hydrogène étant la source d’énergie employée pour pallier l’inconvénient d’intermittence des autres énergies mobilisées), ailerons pour exploiter les forces des courants marins… Ces quelques indications qui nous ont été données illustrent la sophistication de l’expérience à laquelle participent une dizaine de personnes aux profils variés.

L’objectif scientifique des promoteurs de cette belle entreprise est de démontrer la viabilité de technologies qui permettent de concevoir des systèmes autonomes, décentralisés, optimisant l’usage de sources d’énergie diverses (on parle de smart grid), Si l’expérience est conduite sur mer, rien n’empêche d’envisager une transposition sur Terre de certaines des technologies employées.

Une dimension Communication, sensibilisation

« Energy Observer » est un projet qui va se dérouler sur 6 ans. Si l’objectif premier est scientifique, avec d’une part l’expérience en elle-même et d’autre part des rencontres avec des chercheurs intéressés par les technologies utilisées et l’appréciation de leurs effets, il y a aussi un objectif de sensibilisation, de vulgarisation lors des escales.

Il est prévu d’en faire en plusieurs temps pour réaliser au final un tour du monde, dont l’objet est d’abord et avant tout, de confronter ces systèmes à tous les contextes, mais aussi pour « aller à la rencontre » lors des escales, au cours desquelles sont organisées des expositions/présentations. L’objectif est aussi de recueillir des témoignages ou informations sur ce qui peut se faire en matière de développement durable dans les pays visités.

A terme, il est prévu d’avoir visité une cinquantaine de pays, au travers d’une centaine d’escales. A mi-parcours ont déjà été visitées les côtes et les mers en France, en Méditerranée et au Nord de l’Europe (jusqu’au Spitzberg).

Par ailleurs tout un travail est conduit pour produire des documents medias, (vidéos, reportages etc.), sur l’expérience elle-même, mais aussi sur d’autres projets innovants en matière de développement durable découverts aux escales : production de smartphones « écologiques », recyclage de déchets, optimisation des usages de l’eau…

On signale que le port d’attache de ce bateau est Saint-Malo.