Cinquième Forum International des ONG Partenaires Officiels de l’UNESCO

Dans le cadre de la décennie pour le

Rapprochement des Cultures :

« Une seule humanité au-delà des diversités »

Beijing 27 et 28 Juillet 2015

 Introduction

 Le cinquième Forum des ONG, partenaires officiels de l’UNESCO, s’est tenu à Beijing (République Populaire de Chine) les 27 et 28 Juillet 2015, avec soutien de la Commission nationale de la Chine pour l’UNESCO. Ce Forum a été le résultat d’une action tripartite entre le Comité de liaison ONG-UNESCO, le Secrétariat et la Chine. Il a été l’objet d’une bonne diversité géographique des participants (150), venus de Chine autant que de toutes les parties du monde avec plus de 25 pays représentés.

6redCe Forum s’inscrit dans l’esprit de la résolution de la Conférence internationale des ONG de décembre 2014. L’UNESCO a reçu mandat de tout mettre en œuvre pour resserrer les liens entre les peuples, les cultures et les civilisations afin de bâtir la paix. C’est un pas de plus dans les initiatives pour favoriser la connaissance et la compréhension mutuelles des nations et une première étape dans la Décennie (2103-2022) internationale du rapprochement des cultures. Les champs couverts sont ceux des domaines de compétences de l’UNESCO, sans omettre celui de l’art comme expression de la diversité culturelle.

Mme Christine Roche, Présidente du CCIC, partie prenante à la préparation, seule représentante d’une ONG chrétienne au Forum, a assuré l’animation de l’atelier francophone « Arts, rencontre des expressions culturelles ».

Déroulement

Dans un message vidéo, Mme Irina Bokova, en saluant les participants, a rappelé que, dans le cadre de la Décennie (2013-2022) internationale du rapprochement des cultures, l’UNESCO entendait promouvoir les objectifs relatifs à la diversité et à la sauvegarde du patrimoine culturel. Mr Éric Falt, Sous-directeur général pour les Relations Extérieures, s’est félicité du partenariat entre le Chine et l’UNESCO « mêmes valeurs, mêmes principes, même engagement » et la mobilisation sur la décennie 2013-2022 de la part de ce grand pays à la très ancienne civilisation. Il a, de plus, rappelé la nécessité d’unifier les forces de la diversité culturelle où les ONG peuvent jouer un rôle en mettant à jour de nouveaux projets et opportunités. La tenue de ce premier Forum en Asie est un encouragement à développer ce type de plate-forme d’échanges, en synergie avec les partenaires de la société civile, en notant, cette pensée de Confucius, « Peu importe à quelle vitesse tu avances, si tu ne t’arrêtes pas ».

Après que Mme Martine Lévy, Présidente de la Conférence Internationale des ONG et du Comité de liaison ONG-UNESCO, 4redait rappelé le rôle primordial de la culture pour maintenir l’harmonie et la paix, Mr Wang Wenzhang, Directeur du Centre de protection du patrimoine culturel immatériel chinois, a mis la compréhension du meilleur de l’Autre au centre de la promotion des échanges culturels, tant il est vrai que les cultures sont les gènes d’un grand pays comme la Chine. Mr Li Yongjun, Président de la Youngxinhuayun, Culture Industrial Company, et principal sponsor du Forum, a mis en avant la brillante culture historique, quintessence de la civilisation chinoise. Il a insisté sur l’indispensable participation du public, et sur le développement de produits culturels pour sa sensibilisation.

Avant que Mr Patrick Gallaud, Vice-président du Comité de liaison ONG-UNESCO, à qui incombait la tâche-clef de la préparation du Forum, n’en donne tous les détails, Mr Hao Ping, Président de la Conférence générale de l’UNESCO, Vice-Ministre de l’éducation de la RPC, a rappelé le rôle de l’UNESCO depuis 70 ans dans la suppression des obstacles à la compréhension entre les peuples. Le rôle des ONG est essentiel sous la bannière de l’UNESCO qui est, par la promotion de l’éducation et de la science, une semence permanente de paix.

Le Ciel, miroir des cultures

Dans un exposé introductif magistral, Mr Gérard Gautier, anthropologue, membre de l’Association française d’astronomie, a rappelé que depuis l’aube de l’humanité, les interrogations sur le ciel se sont faites par des gens qui vivaient ensemble et qui cherchaient à s’expliquer ces phénomènes, se posant des questions comme « Le soleil va-t-il revenir ? ». Toutes les civilisations ont été ainsi marquées par le soleil qui a été un générateur de savoir transculturel ; les signes du zodiaque ne se retrouvent-ils pas dans toutes les cultures ?

I LES NOUVEAUX DÉFIS POUR UN NOUVEL HORIZON

Dans sa présentation Mme Eunice Smith, Directeur du Bureau de l’UNESCO à Beijing, a encouragé les États membres à s’appuyer sur les ONG partenaires pour l’exécution du plan d’action de la Décennie.

Les Chemins de la Stratégie

Quelques thèmes majeurs ont été présentés : l’éducation à la citoyenneté mondiale (exemple d’école en Afrique du Sud où le mieux-être d’un quartier se structure autour d’une école axée sur le développement durable), les sciences comme instrument de lutte contre les préjugés, la culture numérique et les changements y afférents, le cyber espace pour le savoir, le dialogue (chances et risques d’un partage sans contrôle des informations), ainsi que l’art, rencontre des expressions culturelles (son rôle dans un accès plus égalitaire à la culture), ont été présentés comme des atouts dans les actions innovantes pour le rapprochement des cultures. En point d’orgue, la présentation sur le patrimoine culturel immatériel chinois (par Mr Li Yongjun) a souligné que, dans un pays comme la Chine, avec la variété de ses 56 ethnies et une longue et brillante histoire, les différents gènes des cultures sont un élément pour renforcer l’identité chinoise. L’intégration harmonieuse de la société chinoise à la vie moderne passe par la valorisation des produits culturels et l’usage d’Internet comme plate-forme de diffusion.

Chacun de ces thèmes a été le support d’un atelier. Mme Christine Roche, Présidente du CCIC, a animé l’atelier francophone sur le thème «Arts, rencontre des expressions culturelles» avec des participants venus du Pakistan, du Congo, Liban, Côte d’Ivoire, Italie, Tunisie. Le compte rendu en est présenté en annexe, il rejoindra les recommandations des autres ateliers présentées au secteur concerné.

II – LES INTERVENTIONS DES ONG

Les ONG qui le souhaitaient ont été invitées à une brève présentation de projets. Le CCIC s’est exprimé sur trois points :

  • Rappel de l’importance de Matteo Ricci entre 1585 et 1610. En effet, la Chine reconnaît le rôle unique de Matteo Ricci

    Stèle à la mémoire de Matteo Ricci

    Stèle à la mémoire de Matteo Ricci

    dans son histoire au seuil de l’époque moderne. Cette reconnaissance va d’abord à ce lettré étranger devenu chinois, modèle d’une rencontre interculturelle sous le signe du respect mutuel, de la droiture morale et de l’amitié. La présence des scientifiques occidentaux s’est maintenue plus d’un siècle après sa mort. L’Institut Matteo Ricci est très actif tant en Chine qu’en France   [ voir le diaporama de Matteo Ricci ]

  • Présentation du travail du Centre numérique des manuscrits orientaux. Grâce à la prévoyance et au courage du père Najeeb Michaeel, les trésors de la bibliothèque de Mossoul ont pu être déplacés et sont en cours de numérisation.

  • Prestation du Mouvement International d’Accompagnement des Enfants (MIDADE) : dans le cadre d’une campagne conduite par le MIDADE sur l’ensemble du Gabon, une adolescente proclame un poème qu’elle a rédigé. Ce poème porte sur la nécessité de rester fidèle à sa culture traditionnelle, ce qui n’est pas en contradiction avec la modernité.

III – La Force du Dialogue entre les Cultures

Cette table ronde a été animée et conclue par Mme Josette Rome-Chastanet (FMTS).

Mme Himalchuli Gurung, du Bureau de l’UNESCO à Beijing, a évoqué les destructions en Syrie et en Irak et les moyens d’actions et de protection du patrimoine culturel, destructions qui sont, à la fois un crime contre le patrimoine de l’humanité et un danger pour la paix. L’ONU a pris des décisions avec des conventions sur la sauvegarde du patrimoine, le transfert des œuvres d’art, un réseau de surveillance, des bases de données… Pour y parvenir, les jeunes et les ONG doivent s’engager pour lutter contre le trafic illégal et protéger le patrimoine des pays.

Pour Mme Tiphaine Merot, de l’association « Patrimoine sans Frontières », la diversité culturelle se joue au plus près du terrain, lorsqu’on reconnaît et prend conscience de la richesse dont « nous et l’autre sommes porteurs ». S’agissant de jeunes déracinés qui ne connaissent rien du territoire d’accueil, les risques sont grands de déculturation, de repli sur soi et de rupture générationnelle. Les jeunes seront reconnus s’ils ont reconnu la culture de leur pays d’accueil.

Mme Albana Shala, Présidente du Programme international pour le développement de la communication de l’UNESCO (PIDC), a traité des jeunes face à la radicalisation et du rôle important des médias. Ceux-ci apportent un grand potentiel de connaissance mais il faut éviter de tomber dans la violence et les aider à trouver une attitude correcte face à la volonté de la jeunesse de « changer le monde ».

Mr Tim Francis, Manager de la Campagne UNITE4HERITAGE, dans une communication lue, a présenté les expériences de lutte contre les campagnes de destruction de patrimoine culturel, en s’adressant en priorité aux jeunes des pays arabes.

IV – DÉBAT

Mr Mohamed Gaha, représentant du Ministère de la Culture de Tunisie est intervenu sur le défi du traitement de la radicalisation des jeunes. « Le jeune naît à la vie, moment euphorique et risqué ; toute l’humanité en ce jeune est attirée par quelque chose de grand. Quels rêves propose-t-on aux jeunes ? il n’y a plus « d’entrepreneurs du possible qui dessinaient des perspectives ». L’UNESCO peut, certes, jouer les pompiers face à ce déficit. Il faut d’abord éteindre le feu et offrir une alternative aux jeunes qui doivent devenir à nouveau acteurs de l’avenir. L’UNESCO doit réagir.

Mr Stefano Simplici, Président du Comité international de Bioéthique de l’UNESCO(CIB) complète son exposé en soulignant la mise en place d’un réseau de jeunes leaders au CIB. Pour avancer : ne pas se satisfaire des constats, voir de nouvelles perspectives, prendre conscience des problèmes actuels, mettre en place des plate-formes pour partager expériences et points de vue qui doivent se transformer en actions de terrain.

Cet après-midi très riche en échanges invite à construire du nouveau, à vivre une rupture avec le diktat de l’économie, à saluer avec courage l’aube d’une nouvelle civilisation.

Conclusion

En clôture du Forum, Mr Hao Ping, Président de la Conférence générale de l’UNESCO, convaincu que la paix est fondée sur la conscience de l’être humain, a rappelé que, dans un cycle de révolution technologique et de pression des aspects négatifs de la mondialisation, la compréhension interculturelle est de la première importance. La Chine préconise un grand schéma qui met l’accent sur la diversité, les échanges culturels fondés sur le destin commun de l’humanité. Sa pleine réussite passera par un respect réaffirmé de la diversité culturelle et 2redde la dignité des peuples, l’importance des échanges artistiques et humanitaires, où les ONG internationales ont un rôle primordial à jouer.

Le 29 juillet les organisateurs ont offert aux participants une excursion à la Grande muraille et au Palais d’été.