Le 27 janvier : La Mémoire des victimes de l’Holocauste

Plus de 25 intervenants ont participé à cette Commémoration en souvenir des victimes de l’Holocauste. Parmi eux, Antonio Guterrez, Secrétaire Général de l’ONU, Audrey Azoulay, Directrice Générale de l’UNESCO, Angela Merkel, Serge Klarsfeld

Même s’il est difficile de résumer toutes ces interventions, qui ont été le plus souvent très brèves, on peut en faire ressortir quelques idées fortes prenant appui sur la réalité historique et la nécessité d’en entretenir pleinement le souvenir auprès des générations qui viennent.

Trois éléments problématiques ont ainsi été mis en évidence :

  • « Se souvenir et plus jamais ça » : convaincre de cette nécessité absolue.
  • « Comment transmettre pleinement ce souvenir pour que de telles atrocités ne se reproduisent pas dans un monde en pleine mutation, mais dans lequel les facteurs de haine et de violence sont encore très présents. Adopter de bonnes démarches dans un contexte difficile ».
  • « Comment maintenir ce souvenir « actif » après la disparition des derniers témoins ? Perpétuer le souvenir de l’Holocauste sans le témoignage de ceux qui l’ont vécus ».

Les Principaux thèmes évoqués et réflexions les plus marquantes 

L’importance de l’Education au sein des familles, à l’école
  • La transmission intrafamiliale 

Que les générations les plus anciennes transmettent la mémoire de cet épisode honteux aux plus jeunes est très important ; à cet égard, étaient présents à cette cérémonie quelques juifs rescapés du camp d’Auschwitz, dont les témoignages particulièrement émouvants méritent certainement d’être gardés dans toutes les mémoires. L’un d’entre eux est venu d’une grand’mère survivante de la déportation qui a témoigné au côté de sa petite fille.

Mais, dans d’autres contextes, une transmission familiale « à partir d’un vécu » peut être rendue difficile ou délicate si les générations précédentes ont participé aux atrocités, et quelques exemples allemands ont été évoqués. Autre difficulté mentionnée : quelles que soient les circonstances familiales ou les milieux sociaux, il y a eu pour beaucoup de témoins de ces drames, même pour les victimes, un temps long pendant lequel ils se sont trouvés « bloqués » dans une ’impossibilité psychique de pouvoir parler de ce qu’ils avaient enduré, et plusieurs témoins ont dit rappelé qu’ils n’ont été capables de parler de leur épreuve que quelques 40 ans après leur retour.

  • Le rôle au niveau national et sociétal de l’éducation et quelle éducation ?

A partir des questions soulevées par l’enseignement des sujets se rapportant à l’Holocauste, les échanges ont traité plus généralement de la façon dont l’éducation peut et doit aborder le thème de la violence sous-jacent au traitement de certains faits historiques reflets de drames présentant des similitudes avec ce qu’a révélé l’Holocauste.

Il y a de toute évidence une vérité historique à transmettre à la jeunesse, en insistant sur les dangers et la condamnation de la violence et de la haine, et la nécessité de les combattre. Il faut aussi veiller à une éducation qui sache se conformer à une vérité historique des faits affirmés.

La question politique, les déviances médiatiques et idéologiques : la Violence toujours présente

Au-delà du sujet de l’ Holocauste mais en ayant à l’esprit ce qu’a été ce drame sans précédent, il y a lieu de combattre toutes les idéologies qui préconisent la violence et l’exclusion des minorités ou leur asservissement. Dans cet esprit, il faut des initiatives politiques qui puissent enrayer les nouveaux dangers que peuvent représenter certains sites internet malveillants et les « fake-news » véhiculant des messages tendancieux. Cela signifie aussi Veiller aussi aux déformations historiques et tentatives de manipulations des opinions qui conduisent à des négations ou à des édulcorations coupables : négations de l’existence des camps, négation de leur violence et du nombre des morts provoquées. Il y a toujours aujourd’hui des « négationnistes » des chambres à gaz non poursuivis.

Pour illustrer les méfaits de ces inquiétantes dérives, certains intervenants ont évoqué, des manifestations violentes récentes en Europe ou à Washington, où des jeunes portaient des T’Shirt : « bienvenue au camp d’Auschwitz ».

Insistance sur des problématiques nouvelles qu’il faut pleinement prendre en compte :

  • Les réseaux sociaux/internet et leurs pièges : négationnisme, déformations des faits, falsifications, théorie du complot, meurtres rituels ;
  • La liberté d’expression mais jusqu’où ? ;
  • Comprendre l’origine des faits qui ont conduits aux violences ;
  • Veiller aux manipulations au travers de commentaires douteux , comme, par exemple, ceux suggérant d’établir un lien entre les manifestations devant le Capitole et l’incendie du Reichstag…

A noter les propos d’un intervenant, qui, pour montrer l’acuité actuelle des risques de montée d’une violence géostratégique, a évoqué, le danger potentiel que représente le cas de l’Iran et ses choix stratégiques (alliance régionale, armement nucléaires) ; ceux-ci peuvent être sources de tensions, dont les explications peuvent obéir à des ressorts ancrés dans l’Histoire.

Conclusion difficile : Célébrer la mémoire de la Shoah, ce n’est pas seulement garder présente la question de l’antisémitisme, question importante parce qu’elle reste d’actualité ; c’est aussi par le biais de son rappel historique, le moyen de montrer que, malheureusement existe toujours de façon endémique ou plus manifestement des phénomènes de violence de grande ampleur qui si l’on n’y prend pas garde, peuvent dégénérer (on a cité le Rwanda).


Le 28 janvier : de la République de Weimar à la montée du Nazisme

Le 28 janvier, toujours en lien avec le thème de l’Holocauste, mais de façon indirecte et avec pour objet d’en comprendre ses origines politiques avec l’effondrement de la République de Weimar, ce second webinaire très historique a mis en évidence les raisons d’un krach(institutionnel, politique et économique) qui a ouvert la voie au nazisme et partant au drame de la Shoah.

En résumé, on aura retenu :

  • La faiblesse insigne de la République de Weimar : pas de partis structurés, pas de Constitution ni encore moins de Conseil Constitutionnel, et une faiblesse générale des structures juridiques contrastant avec la solidité du régime précédent, celui de l’empire.
  • Défaut d’une structure démocratique mal hiérarchisée entre le citoyen, la région et le national.
  • Population qui ne connaissant pas de défaite au niveau national auparavant, avait du mal à accepter celle de 1918 (cf Théorie du « coup de poignard dans le dos » asséné par les socialistes, les communistes à base juive, thème repris par le nazisme).
  • Difficultés aggravées par les effets de la crise économique de 1929 ; ce contexte n’a fait qu’accentuer la progression des mouvements populistes avec une forte connotation antisémite.
  • Un pouvoir faible politiquement amené irrésistiblement à se doter de « pouvoirs spéciaux », notamment en matière de sécurité intérieure (renforcement drastique de la « police » initiative qui trouvera son prolongement avec la Gestapo).

Avec peut-être un peu d’exagération, une intervenante a évoqué des analogies possibles en s’interrogeant sur le risque de voir émerger des situations similaires lors de la sortie de la pandémie actuelle.

En conclusion, à partir de cet exemple historique, nous revenons aux mêmes questions : par quel processus, un pays peut-il en arriver à des situations extrêmes ? Quels enseignements les gouvernements actuels et futurs peuvent-ils en tirer pour éviter de dérives pareilles à celles qu’a produite la chute de la République de Weimar ?