A l’occasion de la Journée internationale de la Paix,
Maison de l’UNESCO – 21 septembre 2018


Construire des sociétés justes et pacifiques :
la contribution de l’UNESCO à une culture de la prévention


Cet événement s’inscrit dans le cadre du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du droit à la paix réaffirmé solennellement à cette occasion par le Secrétaire général des Nations Unies.


Droits de l’homme et paix durable sont-ils indissociables ? Comment l’UNESCO peut-elle renforcer son action pour prévenir les conflits et contribuer à la consolidation de sociétés justes et pacifiques ? Ces questions étaient au cœur de la réflexion d’un panel de représentants d’organisations internationales1, d’universitaires2 et de représentants de la société civile3 sous la présidence de Madame Nada Al-Nashif, Sous-Directrice générale pour les sciences sociale et humaine, UNESCO.


Dans son introduction, et pour éclairer les débats, Mme Al-Nashif a repris deux citations, l’une du Mahatma Gandhi : « Le monde ne connaîtra la paix que lorsque les individus qui le composent le décideront », l’autre de l’UNESCO en 2013 : « La paix ne peut jamais être considérée comme un acquis. Elle constitue un processus continu, un objectif à long terme qui requiert une vigilance et un travail constant, ainsi que la participation active de tous les individus. Il s’agit de choix à faire, de décisions quotidiennes que l’on prend pour amorcer un dialogue sincère avec d’autres personnes et d’autres communautés, que ce soit dans le monde réel ou virtuel. »


Des interventions il faut retenir les points suivants :

Un constat : Après les progrès enregistrés jusque dans les années 90, nous sommes aujourd’hui dans un monde en tension où les atteintes aux droits de l’homme sont quotidiennement constatées dans de nombreux pays. Les droits de l’homme « sont violés par tous avec une complicité générale » a déclaré l’un des membres du panel. On voit un monde où se développe conflits armés, contrôles et surveillance que ce soit au niveau politique ou économique qui attentent aux libertés individuelles. On est témoin d’une mise en cause de la nature universelle des droits de l’homme. Des attaques ciblent la Cour Pénale Internationale (CPI) qui n’est pas reconnue par des États comme les États Unis et la Russie. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de ce que nous constatons aujourd’hui : « discriminations, déplacement de populations entières, arrestations, utilisation de la torture, crimes de guerre, impunités de responsables politiques maintenus en place. L’avancée pour le progrès humain a toujours été une lutte et c’est encore le cas » a souligné un autre membre du panel. Le fonctionnement même des Nations Unies et en particulier du droit de veto devrait être mis en cause.


Quelles observations face à ce constat très critique ?

Les droits de l’homme : ils sont le fondement et la condition de la paix. Comme tels, ils sont un outil essentiel au service de cet objectif de paix. Si les droits ne sont pas respectés, il ne peut y avoir de paix. Les droits de l’homme sont une construction permanente avec trois dimensions : la construction de la notion d’universalité et de l’écoute de l’autre ; l’articulation entre le pôle droits civils et politiques, d’une part, et le pôle droits économiques, sociaux et culturels, d’autre part ; l’équilibre entre deux acteurs, deux forces qui doivent travailler ensemble : les gouvernements et la société civile.

Les droits internationaux : L’état de droit est indispensable au sein des pays et surtout entre les pays. En ce qui concerne le droit international, il faut continuer à demander plus de multilatéralisme et ne pas laisser se développer les accords pays à pays.

La paix : Elle est un cheminement. Elle est la contribution de tous. La société civile doit s’emparer de l’agenda, les individus doivent être mis au-devant de la scène. La paix n’est pas l’absence de guerre, paix négative, il faut une paix positive qui implique une transformation de la société. Ici la culture joue un grand rôle, ainsi que l’éducation aux droits de l’homme et à la citoyenneté mondiale, l’ouverture au dialogue – « même lorsque les dirigeant prônent le contraire » a dit un des intervenants, et la formation « d’ambassadeurs de paix » qu’ils soient professionnels ou simples citoyens. Il en va de même pour qu’une paix puisse être durable.

La Contribution de l’UNESCO : Elle est une institution unique en ce que sa Charte fait référence aux valeurs qui sont le fondement de la paix, au rôle de l’esprit et à la notion de solidarité morale et intellectuelle. Sur cette base, elle peut ainsi mener des actions positives mais ces notions essentielles sont aujourd’hui remises en cause avec le retrait de certains pays et l’atténuation du rôle accordé à la société civile.


Conclusion du panel :

La paix et les droits de l’homme sont liés mais on ne peut les imposer. Il faut intégrer le quotidien des personnes et répondre aux attentes des peuples. Il faut également avoir une vision historique et anthropologique. Tous les mouvements pour le changement en faveur de la Paix et pour le respect des droits de l’homme sont fondamentalement le fait des personnes et des peuples et pas des États qu’ ils ont souvent mis en cause pour un Bien commun, au service de l’humanité.

Le panel s’est clos par la présentation du livre réalisé sous les auspices de l’UNESCO « Le long chemin de la paix : pour une culture de la prévention » UNESCO 2018 , bilan des approches théoriques et pratiques de la recherche de la paix depuis la création de l’ONU.


1 S. Ex. Monsieur Lakdar Brahimi, ancien ministre des affaires étrangère d’Algérie, ambassadeur et Président du panel sur les opérations de paix des Nations Unies.
M. Dodou Diene, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérances.

2 Prof. Mark Goodale, anthropologue, professeur à l’Université de Lausanne.
Prof. Priyankar Upadhyaya, Chaire UNESCO, Centre de recherche sur la paix, Banaras Hindu University.
3 Mme Cécile Coudriou, Présidente d’Amnesty International France et professeurs des sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 13.

DG – 27-09-2018