Les Mouvements Internationaux d’Action Catholique Spécialisée (Miacs) représentent plus de 500 mouvements dans le monde avec une grande diversité de pays, de cultures et de mi-lieux. Depuis le début de la pandémie du Covid ils réfléchissent ensemble sur cette crise et souhaitent partager quelques réflexions et actions.
La crise aggrave les situations et déstabilise
La pandémie aggrave brutalement les problèmes préexistants : chômage, inégalités entre genres, entre riches et pauvres à l’intérieur et entre pays, violences familiales etc… Les besoins augmentent et sont plus visibles: accès aux soins, sécurité sociale, conditions de travail du personnel de santé, alimentation, éducation, accueil des migrants… et la dette publique s’accentue.
La pandémie a rendu ces situations insupportables comme en témoignent les études de la JOCI sur l’impact du Covid sur les jeunes travailleurs, de la FIMARC sur les agriculteurs et pêcheurs pauvres, et du Midade sur la vie des enfants. Une organisation qui n’arrive pas à résoudre ces problèmes ni à empêcher leur aggravation doit changer. La pandémie provoque une déstabilisation personnelle, complique les relations, bloque les projets par incertitude sur le futur. La déstabilisation est aussi collective : la croissance du PIB peut-elle rester une référence? Peut-on encore croire au progrès continu après la pandémie ? Elle change les regards, par exemple sur les métiers qui font tenir une société.
Des ressorts semblent brisés. Plus qu’une simple crise, la pandémie crée une situation inédite, aux effets encore inconnus. Nous vivons un moment clé qui appelle à un changement. Mais lequel ? Sur quel essentiel s’appuyer ?
Des conversions sont nécessaires
Cette situation menace gravement le respect dû à chacun. Pour en sortir il faut une conversion, à la fois personnelle et structurelle, un changement intérieur. Lequel ? Un autre virus sape nos capacités collectives de décision : le rejet de l’autre par le nationalisme, le racisme ou l’indifférence, le repli sur l’intérêt personnel ou le désir sans limites de richesse ou de pouvoir, la tromperie dans l’information, la réduction de l’humain à être un producteur et un consommateur.
Pour lutter contre ces virus il nous faut passer d’un paradigme matérialiste où l’humain n’est qu’un moyen, à un paradigme global (holistique) qui intègre tous les aspects de la vie et où l’humain est la priorité. La législation et les progrès techniques sont nécessaires mais ne suffisent pas, il faut investir dans la croissance humaine pour tous. Cela signifie développer les capacités de dialogue et de coopération avec l’autre, le faible et même l’ennemi et, plus que miser sur l’intérêt personnel, soutenir ce qui donne sens à la vie et favorise l’engagement pour ce qui nous dépasse.
Toute décision doit donc être évaluée par son impact sur la croissance humaine. Ainsi un réseau électronique est un progrès technique mais aussi une régression humaine s’il sert à diffuser des messages de haine. Le changement climatique nécessite une conversion écologique, il faut en même temps une conversion de toute l’activité humaine, en particulier dans la relation à l’autre et à l’universel.
Au service de la croissance humaine de tous
Comment se font ces transformations ? Changer est toujours difficile, mais certaines situations de tension ont la force nécessaire pour vaincre les résistances et changer la hiérarchie des valeurs. Par exemple, les crises collectives comme le Covid invitent à reconsidérer à la fois les comportements personnels et les priorités sociétales.
Mais cela ne suffit pas car les crises peuvent conduire au meilleur ou au pire. Pour que cette croissance humaine soit possible, il faut accompagner les parcours humains et la transformation des structures. Les conversions doivent être personnelles et structurelles.
Des conversions personnelles qui initient le changement
La crise actuelle est un appel à changer qui s’adresse à tous. La contribution de nos mouvements est de promouvoir la croissance humaine dans l’esprit de l’Evangile, par tout ce qui catalyse des prises de conscience et des conversions, au niveau international et au niveau local de nos mouvements.
Voici quelques exemples :
Créer des solidarités :
- distribution de nourriture en Inde aux personnes vulnérables (MIJARC Inde)
- campagne de solidarité pour les jeunes travailleurs de l’Amazonas (JOCI Pérou)
- partenariat et prise en charge des frais de scolarité des enfants (MIAMSI Liban).
- transfert de connaissances entre générations (FIMARC Kenya, Bolivia …)
Accompagner : - une vie de communauté pour accompagner les personnes en période de crise. (MIAMSI)
- accompagner les changements dans les institutions internationales. (MIACS)
- dessiner, chanter, lire, jouer, prier pour rompre l’isolement. (MIDADE Pérou)
- plateforme d’échanges entre jeunes étudiants sur les conditions d’éducation (JECI-Unicef)
Changer de regard : - Proposer des expériences humaines qui changent le regard et ouvrent à la solidarité globale.
- Valoriser l’agriculture familiale dans les conflits pour l’accès à la terre (FIMARC Paraguay).
- Campagne “Au delà des masques” contre les stéréotypes et la discrimination (CIJOC France)
Et des conversions structurelles pour durer
Les conversions nécessaires ne sont pas seulement personnelles. Elles concernent aussi les relations entre les personnes et avec l’environnement, les modes d’organisation, les lois qui règlent la vie commune, les valeurs collectives des différents milieux: entreprises, organismes financiers etc. Tout doit être au service du bien commun, de la solidarité et de la justice en vue d’une vie digne pour tous. Les fruits attendus de ces conversions sont notamment :
- L’alimentation, le logement, un travail digne pour tous.
- L’accès à la terre pour la production agricole et à la mer pour la pêche en respectant la planète.
- Une protection sociale efficace et solidaire pour tous dans le monde entier.
- Des infrastructures d’éducation, de transport public, d’accès à l’électricité et à Internet pour l’égalité des chances et la participation de tous à la vie sociale.
- Une reconnaissance des activités de « care » (santé, accompagnement, éducation etc.), notamment par les salaires, les statuts et les conditions de travail.
- Des activités (consommation, transport, production…) qui n’épuisent pas les ressources non renouvelables et ne polluent pas la planète.
- La responsabilité de tous de financer le bien commun selon ses capacités financières, en particulier les géants du numérique, et de mettre fin à l’évasion fiscale et la corruption.
Appel final
Cette crise est un appel à des conversions et des changements pour rendre le monde plus humain. Elle peut être porteuse d’une bonne nouvelle si on arrive à vivre ensemble les transformations nécessaires.
Les Mouvements Internationaux d’Action Catholique Spécialisée (MIACS) : CIJOC, FIMARC, JECI, JOCI, MIAMSI, MIDADE, MIEC Pax Romana, MIIC Pax, Romana, MIJARC, MMTC, CCI