Échos de la 206 ème session du Conseil Exécutif,
quelques compléments :

La Stratégie, les Réformes, le Budget, l’Éducation


Transformation Stratégique

Lire :
Présentation du 9 octobre 2018 aux commissions nationales
Portail de la transformation stratégique

Les travaux menés sont salués mais les délégués soulignent leur attachement à voir respectés deux impératifs : l’information et la consultation des États, tout particulièrement au moment où s’engagent les réflexions sur les orientations stratégiques (Pilier 3).

Autres observations : bien rester cohérents avec ce qui ressort du chantier de la Réforme de l’ONU et se soucier tout particulièrement de l’avenir du Réseau hors siège, bien intégrer ce qui est propre aux différents programmes, ce qui suppose de bien articuler ce qui sera convenu avec ce qui figurera dans les documents C4 ou C5 (orientations à Moyen Terme et Budget).

Un sujet manifestement sensible a été abordé par de nombreux délégués, à savoir la mise en place d’un Groupe de Haut niveau : beaucoup de délégués se sont interrogés sur son rôle, sa composition, son indépendance, sa méthode de travail, les risques d’empiétement sur les prérogatives des États. Le DDG responsable du projet a donné des réponses précises et de nature à rassurer : la structure a pour seule vocation de Conseiller la Direction générale au regard des enjeux et défis tels que pourront les discerner les experts membres du Groupe. On aura néanmoins relevé sinon une grande réserve du moins une attitude de prudence à l’égard de cette instance qui reste à créer et mobiliser, et qui fera certainement l’objet de nouvelles discussions dans les prochains temps (à la 207ème session du Conseil et à la Conférence Générale de novembre.

Un délégué a appelé à ne pas se laisser par trop absorber par les aspects contingents, et, au moment où s’entament les travaux sur les aspects stratégiques au sens le plus fondamental, il a appelé les responsables du projet à renforcer la réflexion conceptuelle, à bien mettre l’accent sur une vision de l’avenir pour montrer comment l’UNESCO, au-delà d’une idée générale, pourra être reconnue demain et faire la différence.


L’avenir du Bureau International de l’Éducation (BIE)

On rappelle que cette structure décentralisée à Genève (centre de catégorie 1) est « en risque » suite aux observations des auditeurs et à une première position des autorités helvétiques exprimée lors de la précédente session du Conseil.

Le sujet a été discuté en Commission PX à partir d’un document présentant trois scénarios quant à l’avenir du BIE : 1/ Implantation dans un autre Pays (la Chine et l’Espagne se sont portées candidats), 2/ Intégration au Siège au sein du secteur Éducation, 3/ maintien en Suisse dans le cadre des implantations onusiennes avec définition d’un nouveau mandat, élargissant le domaine des activités couvertes (le social, le sociologique notamment).

La discussion n’a finalement pas vraiment porté sur les options proposées même si des compléments d’informations ont été apportés sur des points ponctuels.

On a surtout fait ressortir l’importance du sujet qui constitue le cœur du BIE, à savoir « le curriculum » (les programmes) et la fonction d’assistance technique remplie par une structure très positivement appréciée par certains délégués, Mais, il a aussi été fait observer que cette composante essentielle du domaine Éducation (le curriculum) n’était pas traitée seulement par le BIE .

A défaut de faire ressortir une position sur l’un des trois scénarios, les échanges ont permis de dégager deux idées importantes pour aider à la poursuite des discussions : 1/Le BIE ne doit pas disparaître, on se doit, au contraire, de le revitaliser ; 2/son Mandat gagnera à être révisé (sans doute dans l’esprit de la proposition suisse) ; 3/l’analyse des options doit pouvoir être éclairée par des compléments, notamment une approche plus construite des critères à retenir et une cartographie de ce qui est fait en matière de « curriculum ».


Le Budget – Dialogue sur le Financement du budget 40/C5

pour rappel lire  : Budget 39 /C5 approuvé : Programme et Budget 2018-2019

Quatre scenarios soumis à discussion.

Deux ont émergé avec une enveloppe de respectivement 518 (stabilité de l’enveloppe) et 534 millions de dollars, mais rien n’est décidé à ce stade, les avis sont partagés.

Le Secrétariat rappelle quelques données pour montrer qu’on a atteint une situation-limite si, comme cela est largement souhaité, on veut conserver à l’UNESCO sa position (on rappelle qu’il fût un temps où le budget dépassait les 650 millions de dollars) ; on mentionne aussi le manque à « gagner » que représente le retrait américain (71 millions de dollars qui seront compensés à due concurrence par les États membres). Monsieur Nicolas Jeffreys, Sous-Directeur général pour l’administration et le management, sans se montrer alarmiste, a qualifié la situation comme étant fragile, susceptible même de présenter un certain risque. Toujours pour bien donner la mesure de la situation financière, il a aussi très opportunément rappelé que l’UNESCO avec son enveloppe budgétaire était un parent pauvre au sein de la famille onusienne. On a bien relevé l’appoint précieux que représentent les sommes venant des contributions extra-budgétaires (plus de 350 millions en 2018 soit une hausse de l’ordre de 30%), mais celles-ci ne sauraient tenir lieu de source de financement à titre principal.


L’avenir de l’Éducation

Le secteur Éducation a soumis au Conseil ce nouveau Projet qui vise à élaborer d’ici à 2021 une réflexion prospective. Madame Stefania GIOVANNINI, Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation, a présenté ce point devenu un thème d’une grande acuité face aux immenses défis à relever : l’Éducation doit être repensée, nous dit-on, surtout son approche. Il s’agit d’engager un processus auquel des intellectuels devront prendre pleinement part.

Cette initiative est reconnue comme bienvenue eu égard aux évolutions radicales qui semblent devoir déterminer ce domaine essentiel que recouvre l’Éducation, mais le sujet sera en lui-même un défi car il est multiforme, il devra surmonter les difficultés et trouver des réponses susceptibles d’intégrer des contextes bien différents.

Devront être traitées de multiples questions : celles des outils ou des méthodes, mais aussi des thèmes déterminants en ce qu’ils appellent à articuler des notions fondamentales comme : « Les Humanités face au Monde du Numérique », « Citoyenneté du Monde et Identités », « Esprit critique et uniformisation », « Autonomie des élèves et Concurrence » etc.

De nombreux sujets seront à travailler avec une optique élargie, pour que, au terme de ce qui devra être organisé comme un processus, on débouche sur un rapport « pour Tous » qui suggérera des orientations devant aider à mettre en œuvre de nouvelles politiques éducatives.

Des réactions exprimées, en dehors de l’approbation de ce projet très ambitieux, on pourra retenir quelques-unes des observations formulées :

  • Bien se soucier d’intégrer tous les systèmes ou régimes, et savoir faire la pédagogie de ce qui sera entrepris ;
  • Bien traiter les dimensions de l’inclusion et du social ;
  • Associer pleinement les États dans la réflexion, et plus généralement, soigner la consultation qu’il y aura lieu de mener : il faudra savoir « écouter la diversité », pour bien penser deux impératifs essentiels à respecter « l’inclusion » et « l’égalité » au moment où l’on entre dans une nouvelle ère ;
  • On devrait souhaiter que cette réflexion soit animée par une personnalité mondialement reconnue ;
  • Il faudra pouvoir compter sur la contribution d’experts de haut niveau ;
  • Ne pas oublier la question du financement de cette initiative.

Quelques observations sur quelques autres thèmes de l’agenda de cette 206ème session

Les Priorités

Le sujet n’a pas constitué en soi l’objet d’un débat, mais on pourra relever deux points : la priorité Afrique appelle souvent l’attention (à propos de son financement notamment), le chantier « alphabétisation » requiert d’être approfondi. A noter l’intérêt confirmé pour la jeunesse (création d’un réseau de points focaux, confirmation de la tenue du forum des jeunes en marge de la prochaine Conférence Générale).

La réforme du système onusien

La question est suivie de près par la Direction Générale, une équipe dédiée est fortement mobilisée ; beaucoup est attendu de la réorganisation engagée en termes d’efficacité, mais cela va induire une contribution accrue de l’UNESCO au financement du système. La fonction du coordinateur résident parait constituer un élément important de la réforme. La Directrice générale a bien confirmé qu’il ne s’agit pas de superviser les bureaux hors siège mais de renforcer la coordination des activités sur le terrain (notamment pour ce qui est des interactions avec les autres agences).

Programme MOST

Adoption d’un plan d’action révisé, avec accent mis sur les Sciences Humaines et création de cinq nouvelles chaires.

Décision concernant l’usage des langues : il est recommandé de développer l’enseignement de deux langues en plus des langues maternelles.

La Communication 

Le sujet est travaillé dans le cadre du projet de transformation stratégique. Une agence spécialisée a été invitée à produire son analyse. Compte tenu de l’importance du sujet, les conclusions de cette étude ne seront retenues que comme une contribution au travail que conduit le groupe interne appelé à réfléchir à cette question. Ce domaine est important et les délégués entendent pouvoir l’examiner avec grande attention.