On rappelle d’abord que, compte tenu des contraintes de la pandémie, il avait été décidé en début de session de scinder en deux les échanges. La seconde session que l’on évoque ici à titre principal s’est déroulée du 9 au 27 janvier 2021, la première s’est tenue autour de la mi-décembre. De nombreux sujets ont été traités en dépit des difficultés. De cette session, on aura retenu tout particulièrement tout ce qui se rattache directement ou indirectement au domaine de l’Education et au sujet de la Stratégie. Concernant l’Education, ont été mises en évidence toutes les initiatives prises en la matière pour aider à faire face aux effets dévastateurs du Covid ; un échange a porté sur le chantier « les futurs de l’éducation ». S’agissant des questions stratégiques, les deux points à l’ordre du jour – les documents C4 (la stratégie à moyen terme) et la Transformation stratégique (projets portant sur les « fondamentaux stratégiques de l’UNESCO ») – ont fait l’objet de discussions qui vont se poursuivre lors des prochains conseils en vue d’une présentation de ces deux sujets majeurs à la prochaine Conférence Générale.

On se propose ci-après de donner quelques éléments d’information ou de commentaires à partir des discussions que l’on aura pu suivre, et de l’exploitation de certains documents mis en ligne. Cette restitution ne permet pas de couvrir l’intégralité des sujets mis à l’ordre du jour de ce 210ème Conseil, elle se concentre sur les points qui auront particulièrement retenu notre attention.

Observation Générale

La discussion en clôture a bien traduit l’esprit dans lequel ont pu se tenir les échanges aussi bien en décembre qu’en janvier : souci d’assurer la continuité en dépit des difficultés liées à la pandémie, volonté de ne pas avoir une approche minimaliste ce qui a permis de traiter tous les points d’un ordre du jour qui était dense comme le sont toujours les agenda des réunions du Conseil, respect de l’engagement qu’avait souhaité d’entrée le Président : faire émerger des consensus et avancer des décisions/propositions constructives.

Ces bons résultats sont d’autant plus sources de satisfaction qu’ils ont été obtenus avec une organisation des discussions forcément impactée par les effets de la pandémie. On rappelle ici que le second volet de la présente session avait été décidé pour être tenu en présentiel en misant sur une amélioration de la situation ; tel n’a pas été le cas bien évidemment, et cela a imposé de tenir la quasi-totalité de cette partie des échanges en mode virtuel. La bonne volonté des membres du Conseil, la mobilisation des équipes du Secrétariat et aussi le fait que dès juillet dernier avait été produit un document pour prévoir les conditions de réunion en « distanciel » auront concouru à une réussite de cette 210ème réunion du Conseil Exécutif ; plusieurs de ses membres l’ont qualifiée d’exemplaire. Il a aussi été fait observer que cette réussite doit beaucoup au rôle joué par le Président, MR Agapito Mba Mokuy, qui s’est attaché à bien ordonner la discussion, notamment lorsqu’il a fallu traiter des difficultés et de la nécessité du distanciel.

Observation sur les sujets à l’ordre du jour

Il ne s’agit pas de procéder à une analyse exhaustive d’autant que tous les échanges n’étaient pas tous ouverts, au demeurant on peut avoir une bonne information sur tous les sujets sur le site du Conseil exécutif, où l’on trouve les notes préparées par les services à l’appui des points soumis à discussion, ainsi que les décisions ou recommandations arrêtées par le Conseil.

Dans ces conditions on reprendra les points traités qui nous semblent avoir été les plus importants complétés éventuellement par des observations (celles des membres du Conseil ou les nôtres).

La question des langues autochtones

Certains pays ont rappelé à quel point il importe de préserver cet élément d’identité culturelle, on a rappelé pour s’en féliciter la Conférence de Los Pinos (Mexique) et la Déclaration issue de ce forum qui va puissamment aider à préparer la prochaine décennie des langues autochtones.

Le rôle de l’UNESCO en matière d’Education en rapport avec le suivi de la réalisation de l’ODD4 de l’agenda 2030 / Les Futurs de l’Education / Education aux Média / BIE
  • Aussi bien en séance plénière que lors des travaux en Commission, ce sujet a suscité de nombreuses interventions. Il y a un très large accord pour soutenir et saluer les efforts accomplis par l’UNESCO en la matière, qu’il s’agisse du suivi de l’ODD4 et des nombreuses actions engagées, surtout celles qui touchent le terrain. Une satisfaction générale a été exprimée quant aux initiatives prises pour faire face aux effets dévastateurs de la crise Covid, des initiatives qui répondent bien à l’appel du Secrétaire Général de l’ONU qui a parlé du risque générationnel qu’encourt le Monde avec l’arrêt des écoles, et l’éviction de centaines de millions d’apprenants des systèmes éducatifs. Très souvent les intervenants ont insisté pour dire que la priorité du moment doit être « un centrage terrain » compte tenu de l’acuité de la crise que connaissant les systèmes éducatifs.
  • Beaucoup de délégués ont exprimé des jugements très positifs sur ce qui a été fait avec la Coalition mondiale pour l’Education ou le Sommet international tenu sur ce sujet en octobre avec la participation de nombreux Ministres de l’Education et de plusieurs chefs d’Etat. Une déclaration a été produite, elle insiste sur l’absolue nécessité de mettre en œuvre de toute urgence des moyens suffisants au service de ce secteur essentiel pour le développement avec des actions de solidarité au service des Etats les plus pauvres.
  • Toutes ces actions ne font que conforter le rôle de chef de file du sujet Education dans le cadre onusien, ce rôle qui a été rappelé et souligné, ne pourra que bénéficier du renforcement du suivi des progrès dans la réalisation de l’ODD4 avec, comme l’ont souhaité plusieurs intervenants, renforcement du mécanisme de pilotage, enrichissement de la collecte des données, et, un des éléments nouveaux dans les actions recommandées : mise en œuvre effective (massive) d’un droit à la connectivité sachant à quel point la «fracture numérique » a affecté la situation des apprenants des pays les moins avancés.
  • Il a été aussi fait allusion aux travaux du projet « les futurs de l’Education » ; un point de la situation complet a montré les progrès des discussions. Le groupe de Haut niveau qui pilote la réflexion s’est réuni à plusieurs reprises (en mode distanciel) ; avec prise en compte des résultats de nombreuses consultations, il dispose maintenant d’une matière qui lui permet d’asseoir un cadre et de principes directeurs. Le rapport final est toujours prévu pour la 41 ème Conférence Générale de novembre. Madame Stefania Giannini, a été très présente dans les discussions en répondant précisément aux nombreuses observations ou questions formulées (en Commission notamment)
  • Education aux média: ce thème a constitué un point spécifique du sujet Education. La persistance et même l’intensification des discours de haine ou de messages à contenu raciste ou discriminant appelle le développement d’initiatives sur ces questions éducatives touchant l’internet et les réseaux sociaux. Le Serbie a rappelé les termes de la déclaration de Belgrade à ce sujet. Il a été rappelé que ces nécessaires actions de sensibilisation, à destination des jeunes essentiellement, ne visaient évidemment pas à jeter le discrédit sur l’internet, qui devait rester ouvert et libre.
  • Poursuite des échanges sur des sujets se rapportant au BIE : si tous s’accordent à reconnaître l’importance de cette structure dédiée aux questions touchant les Programmes (« curriculum ») elles continuent de faire l’objet de longues discussions qui n’ont pas pu se conclure. Report donc à la 211ème session avec, pour faciliter la poursuite du débat en vue de l’adoption d’une décision, mise au point d’un document par un groupe de travail informel.
Déclaration sur le racisme et les discriminations 

Texte adopté à l’unanimité (en décembre).

La viabilité du Réseau Hors Siège 

Les échanges à ce sujet sont réguliers, mais à un moment où s’opèrent de vrais changements stratégiques au sein de l’ensemble onusien, le thème est soutenu avec un plus fort engagement des Etats, notamment ceux d’Afrique. On insiste pour que ces structures décentralisées puissent bien jouer tout leur rôle et assurer la visibilité de l’UNESCO avec le concours des Commissions nationales. On relève, point positif des réformes engagées, une plus large délégation de responsabilités, notamment en matière de recrutement.

Préparation des documents C4 (stratégie à moyen terme) et C5 (budget)


Ce point à l’ordre du jour est sans doute le plus important des thèmes abordés lors de cette 210ème session ; la discussion est loin d’avoir trouvé une issue conclusive à ce stade.

On rappellera que la décision adoptée qui comporte toute une série d’amendements au texte initialement proposé ne remet aucunement en cause les principales améliorations du contenu du C4. Ces nombreux aménagements formalisés par le Bureau de la Stratégie et de la Planification ont été salués lors notamment des réunions en Commission. Pour s’en tenir à l’essentiel, on rappellera que cette stratégie nouvelle s’articule autour de quatre objectifs globaux (contre 9 auparavant) avec une approche visant à bien les décliner en termes de produits (résultats attendus), ce qui, concrètement traduit le souci de bien faire ressortir les effets de la mise en œuvre des Programmes (mais aussi dans les publications).

Les quatre objectifs stratégiques globaux du C4 sont les suivants :

  • La réduction des inégalités et une promotion de sociétés apprenantes, créatives, à l’ère du numérique grâce à une éducation de qualité pour tous.
  • L’édification de sociétés durables, en préservant l’environnement par la promotion de la Science et des Techniques.
  • La construction de sociétés inclusives, justes et pacifiques en prônant la liberté d’expression, la diversité culturelle, l’éducation à la citoyenneté et la protection des patrimoines.
  • Favoriser un environnement technique au service de l’Humain en développant et diffusant des normes éthiques.

A noter deux sujets sur lesquels le Conseil propose d’insister : la priorité Afrique et, élément nouveau, la suggestion que soit créé une troisième priorité globale pour les Petits Etats Insulaires en Développement.

Parmi les observations produites par les délégués, on retiendra aussi le souhait que soit bien pris en compte et montré le lien entre le C4 rénové et le C5. A ce stade les deux documents présentés ne sont que provisoires, ils pourront être amendés lors des deux prochaines séances du Conseil avant qu’ils ne soient définitivement adoptés lors de la prochaine Conférence Générale.

Transformation Stratégique

Ce projet avance conformément à son plan d’action. Il s’agit de mener à bien des changements fondamentaux concernant la conception de l’organisation (mode de gestion, organisation), et la démarche stratégique (l’approche méthodologique, ses principes, La vision etc.). Conduit sous la direction du numéro 2 de l’UNESCO, ce très gros chantier repose sur d’intenses consultations (interne, externe). Après la phase de réflexion préalable, a été engagée et est déjà très avancée la seconde étape (pilier 2) qui traite du sujet « effectivité » et « questions opérationnelle », et parallèlement est menée une troisième opération (pilier 3) qui a pour objet ce qu’on pourrait appeler les fondements de la vision stratégique de l’UNESCO. Un groupe de Haut niveau apporte son concours pour nourrir la réflexion quant à l’esprit dans lequel l’Unesco pourra inscrire ses activités dans le futur.

Assez logiquement les principaux axes de réflexions qui tendent à émerger trouvent un écho dans ce qui figure déjà dans le C4 (Education inclusive, Climat, Racisme et discrimination, Sociétés ouvertes et pacifiques) ; mais ces points restent à préciser, en tenant compte notamment des enseignements que l’on pourra tirer de la crise « covid », et l’horizon de temps considéré pour une vue prospective est le long terme.

La question sera réexaminée au 212ème Conseil exécutif qui se tiendra en octobre 2021 pour permettre de soumettre à validation le document final à la prochaine Conférence Générale.

Plusieurs points sur les questions financières et budgétaires (situation au 30 juin)

Il s’agit de points habituels, très techniques on notera que la situation est plutôt satisfaisante si on compare la situation réelle aux prévisions, mais la liste des Etats en retard dans le versement n’est pas négligeable.

Deux autres sujets sensibles à certains égards ont été traités : point sur la situation en Crimée, rapport du CRE (Comité de suivi des Recommandations et Conventions) ; leur spécificité ont amené des décisions particulières : réunion en présentiel (selon une organisation « en mode dégradé » pour tenir compte des contraintes sanitaire), séances non publiques.

Adoption des dates de la 211 ème réunion du Conseil Exécutif

Du 7 au 21 avril 2021.

Actualisation du sujet 

Implication des jeunes.

Une Note particulière en guise de Conclusion

Des tous derniers échanges tenus lors de la séance de clôture, on retiendra quelques propos sortant un peu de l’ordinaire :

« Le Virtuel ne peut être une habitude… il ne faut pas déshumaniser l’Avenir… »

en référence aux rares sujets qui ont été traités avec succès en présentiel.

On réussit à surmonter les obstacles les plus difficiles, quand il y a de vrais contacts humains… »

nous dit ce délégué.

Si la session a pu se dérouler de bonne façon, c’est parce que on est resté ensemble soucieux d’être constructif, et, un délégué (président d’une Commission) a dit à ses collègues sa reconnaissance et leur a adressé ses « salutations fraternelles ».

Dernière déclaration relevée, teintée d’inspiration littéraire et philosophique (ont été cités le philosophe ORTEGA, G LORCA et B PASCAL) évoquant le bien qu’il y a à surmonter son égo en toutes circonstances, l’importance des nourritures spirituelles, les maux de l’Homme lorsqu’il s’entête à sortir de chez lui.