Synthèse des déclarations

Deux grands thèmes – liés largement entre eux – ont été particulièrement développés : la pandémie et ses effets dévastateurs, et le secteur Education, de l’importance aussi de l’attention portée à la montée du numérique.

L’autre sujet ayant fait l’objet de nombreuses observations a eu trait aux deux documents C4 (définition de la stratégie à moyen terme 2022-2025) et C5 (les aspects budgétaires).

Dans une large mesure, les intervenants ont exprimé les mêmes idées que celles énoncées lors de la 210ème session de décembre.

On développe dans ce qui suit surtout ce que l’on a pu relever comme élément nouveau.

S’agissant de questions directement reliées à la pandémie, deux points sont à relever :

  • Plusieurs voix se sont élevées pour déplorer la distribution injuste des vaccins ; on a parlé de l’égoïsme des pays riches ; à ce sujet, on a salué la déclaration commune de l’OMS et de l’UNESCO (Comités international de la bioéthique et COMEST) demandant plus d’éthique (et/ou de justice) dans la diffusion des vaccins qui sont à considérer comme un bien public.
  • L’UNESCO et plusieurs pays (plus d’une trentaine) ont pris l’initiative pour que la communauté enseignante bénéficie de la vaccination prioritairement.

L’Education est comme à l’accoutumée le domaine sur lequel les délégués sont le plus intervenus ; on a salué comme en décembre, les actions conduites par l’UNESCO, des actions concrètes, qui ont pu s’intensifier notamment au travers de l’implications des membres de la Coalition Mondiale pour l’Education (135 partenaires – publics et privés – d’une centaine de pays) dont les actions au profit des pays les plus défavorisés visent à limiter des effets négatifs de la pandémie (assurer la continuité pédagogique, augmenter les capacités, fournir les équipements, améliorer les connexions etc.).

D’importants efforts ont été menés pour faciliter les apprentissages à distance notamment à destination de l’Afrique.

Le sujet « recours aux technologies pour l’Education » reste une préoccupation largement partagée, il fait l’objet d’un groupe de travail. C’est devenu le thème le plus souvent évoqué, ce sera l’une des priorités centrales que fera ressortir le rapport sur les futurs de l’Education comme l’a recommandé le Groupe de Haut niveau qui accompagne l’opération. On mentionne cependant aussi, d’autres thèmes qui gagneront à être développés à l’avenir : éducation à la citoyenneté et aux droits de l’homme, éducation au Développement durable. L’ADG du secteur Education a opportunément indique que tout ne se ramenait pas à la question du Numérique.

Un certain nombre d’orateurs ont soulevé la question du financement : ils expriment leur crainte que les plans de relance « post-covid- négligent les systèmes éducatifs tout comme le domaine culturel.

Comme à la fin de l’année dernière, beaucoup d’interventions ont insisté sur les besoins de formation dans le domaine des sciences et des technologies, surtout en Afrique. A nouveau, il a aussi été fait observer combien le secteur de la Culture est crucial pour toutes sociétés mais singulièrement pour les pays en développement.

Le sujet du BIE (institut de catégorie 1, localisé à Genève, en charge des questions relatives aux Programmes) inscrit à l’ordre du jour, n’a pas fait l’objet de commentaires, il est vrai qu’après plus de deux années de discussion, le Conseil Exécutif a maintenant un document qui fait consensus et qui assure l’avenir d’une structure qui, à un moment, a pu paraître menacée de disparition.

Sur plusieurs autres sujets, l’éthique de l’Intelligence Artificielle, la Science Ouverte, la Transformation stratégique, la protection du Patrimoine et les actions contre le trafic des biens culturels les observations n’ont pas vraiment changé. Elles sont largement positives.

On aura aussi noté beaucoup d’allusions aux deux grands sujets de la présente session (le C4 et le C5). Après de larges consultations dont les délégués se sont félicités, la nouvelle version présentée par le Secrétariat tend à rallier tous les suffrages. Plus encore qu’en décembre, ils ont salué deux documents clairs, cohérents, bien conçus. A été particulièrement appréciée la démarche, innovante et mobilisatrice, avec la définition des quatre objectifs stratégiques (qui ont été repris par la DG dans son adresse introductive), auxquels sont rattachés les effets attendus ; les commentaires ont aussi salué le souci bien mis en évidence d’être transversal et interdisciplinaire, de bien faire ressortir les impacts des programmes en rapport avec les priorités, et la désignation de quatre groupes prioritaires, avant tout les jeunes et les petits états insulaires (PEID) mais aussi les populations autochtones et les pays les moins avancés.

Beaucoup de représentants de pays africains, se sont félicités non seulement de la reconduite de la priorité globale « Afrique » mais aussi des efforts produits pour mieux identifier cette préoccupation prioritaire dans les programmes et les aspects financiers.

Dans le même esprit, les PEID ont été unanimes pour dire leur satisfaction de voir leur demande de reconnaissance pleinement prise en compte dans le C4 et remercié le Secrétariat d’avoir créé une section spéciale en charge de cette priorité.

Dernier sujet particulièrement remarqué le thème de la lutte contre « le racisme et les discriminations », la Corée s’est exprimée notamment sur une question sur laquelle elle s’est beaucoup impliquée : en décembre (initiative pour un appel solennel de l’UNESCO a combattre ce fléau) et, plus récemment, organisation par l’UNESCO d’un Forum. A cet égard on aura noté la relance bien accueillie du projet « La Route des esclaves » dont l’objet révisé intègre au-delà de la dimension purement mémorielle une composante pédagogique visant à relier l’histoire aux aspects sociaux d’aujourd’hui.

Quelques autres observations 

Les appels du Président du Conseil et de plusieurs délégués à ne pas politiser les débats ou instrumentaliser l’UNESCO au service d’intérêts nationaux n’ont pas toujours été entendus : même si cela est resté ponctuel, certaines déclarations ont été le reflet de tensions persistantes ou de problèmes politiques non résolus (Ukraine et Crimée, Jérusalem, Arménie et Azerbaidjan, Haut-Kabarakh).

A propos du Haut-Kabarakh, plusieurs délégués dont l’Union européenne, ont invité l’UNESCO à y conduire une mission d’évaluation de la situation du patrimoine endommagé par la guerre.

Parmi les sujets nouveaux (et importants) inscrits à l’ordre du jour, il faut relever le point : « relance du programme Mémoire du Monde » ; à l’issue d’un travail préparatoire conduit au sein de deux groupes, un consensus a été trouvé qui permettra de reprendre une activité (instructions de candidatures pour inscription à un registre spécialisé)qui était en sommeil depuis deux ans. Cette perspective a été saluée par de nombreux délégués.

Autre sujet nouveau : l’organisation du Forum des jeunes ; le point n’a quasiment pas été évoqué lors des débats, mais il a été largement discuté en Commission.

Les sujets ayant trait à la situation financière ne sont pratiquement plus évoqués maintenant que les contributions au budget ordinaire sont plus régulièrement versées et que la stratégie d’appel aux financements extra-budgétaires parait couronnée de succès.

Même observation à propos de la gouvernance : les mesures prises à la suite du groupe de travail semblent avoir pleinement porté leur fruit.

  • Outre le large soutien apporté à la DG pour l’ensemble de son action, on aura relevé plus que d’habitude, de fortes déclarations en faveur du multilatéralisme ; la crise Covid justifie pour beaucoup de délégués que soit plus mis l’accent sur des actions communes et des initiatives de soutien par la communautés internationales (même si la campagne vaccinale ici a montré que cette intention louable ne se traduisait pas toujours bien dans les faits).
  • Le sujet éthique a été cité plus souvent que par le passé, si, bien souvent, cela a été en rapport avec les travaux sur l’éthique de l’IA, il y a été fait allusion pour d’autres matières comme l’éthique de la Science ou l’éthique du développement.
  • A de multiples reprises, ont été mentionnés comme sujets de grande importance ceux qui se rapportent aux inégalités de traitement ou aux violences continuant de sévir à l’encontre des femmes et des filles (au niveau de l’Education, de l’accès aux secteurs des Sciences et du Numérique, dans le monde du Journalisme).

Quelques idées extraites de quatre déclarations originales, en forme d’interpellation

  • Une déclaration pour montrer les « tourments du monde » frappé par la pandémie qui « désarticule nos vies », supprime les rites, un monde de machine et de manipulation, hyperconnecté sans solidarité, fragmenté et aussi en prise avec des hégémonies… guerre des vaccins, fraternité absente… incertitude, peur, prison : c’est sur cette toile de fond décrite de façon très abrupte décrite par le délégué de la République dominicaine, que l’UNESCO doit pouvoir jouer pleinement son rôle là où elle a ses compétences, avec sa valeur ajoutée, une vision holistique pour tous les programmes qu’elle mettra en œuvre au service des valeurs qui sont les siennes (République Dominicaine).
  • Soucions nous d’abord de l’Enfant, cet enfant qui va bientôt savoir jouer avec le numérique avant de parler ; prenons garde d’entrer dans un monde de techniques primitives, séductrices mais pernicieuses ; tout appel à plus d’humanité est perdant si on en reste à la technique… Cela dit, il ne faut pas condamner la technique et en particulier la technique dans l’Education, simplement on doit le faire de façon responsable, en respectant les traditions, les données personnelles, les valeurs fondamentales, notamment dans l’Education tout ce qui a trait à l’émotionnel et à la créativité . Il faut éviter les erreurs, rester prudents, ne pas se laisser submerger par des techniques qui deviendraient intrusives (Sainte Lucie).
  • Faisons attention aux effets de la Technique : elle nous façonne, on va en être de plus en plus dépendant, et cela va aller s’accentuant ; les algorithmes peuvent nous menacer ; la capture de nos données nous expose à certains risques ; nos vies sont de plus en plus numériques… Tous ces éléments conjugués ne peuvent laisser indifférents : on doit être plus protégé contre de possibles abus (Albanie).
  • Sachons protéger nos valeurs communes pour nous assurer un avenir commun. L’Education est un Bien collectif important qu’il faut bien traiter, en préservant son caractère public et inclusif soutenu par les Etats ; comme ces Etats qui, ensemble, avec la Coalition Mondiale pour l’Education font preuve de solidarité. Il ne faut pas que ce secteur essentiel pour nos enfants devienne une terre d’élection de grands opérateurs du secteur privé. La Science aussi doit cultiver cette valeur du Bien Commun comme elle l’a montré avec la découverte de nouveaux vaccins et le partage des données sur le génome ; ceci vient montrer ce que le partage des savoirs apporte… Sachant hélas, qu’encore trop d’inégalités subsistent quant à la concentration des expertises vers le Nord, de l’importance de la Science ouverte.
  • S’agissant de la culture et du partage des informations, soyons attentifs aux risques de nos sociétés aux prises avec les impératifs ou les menaces des algorithmes, des smartphones, des applications aux langages uniformisateurs ou biaisés et véhicules parfois indignes de notre humanité : de l’importance du discernement ; en conclusion, ayons un esprit critique, ne nous enfermons pas dans des certitudes ; ce qui compte, nous dit l’ambassadeur-délégué du Portugal qui achève son mandat à l’UNESCO, est de faire preuve de sagesse en gardant toujours une capacité de voir et comprendre les autres univers que le sien (Portugal).

Annonce de prochains évènements 

Certains intervenants ont signalé l’organisation prochaine d’évènements dans leurs pays, montrant en cela, qu’en dépit de la crise Covid, l’UNESCO avec ses membres continuent d’œuvrer activement au service de ses missions ; ainsi ont été annoncés :

  • A Berlin, pour la mi-mai, une Grande Conférence sur l’Education et le développement durable, dans le contexte de la pandémie ;
  • A Vindhoeek ( capitale de la Namibie), l’organisation en mode hybride de la journée internationale de la liberté de la Presse ;
  • A Barcelone, pour 2022, la troisième Conférence internationale sur l’Enseignement supérieur (2022) ;
  • A Mexico, la prochaine réunion des Ministres de la Culture ;
  • A Luanda, en octobre 2021, la Conférence internationale pour la Paix.