Conformément à une pratique devenue habituelle, cette session se tient en mode virtuel, et fonctionne selon un processus maintenant bien rodé au plan technique.

Cette première journée, comme à l’accoutumée a été introduite par le Président du Conseil Exécutif et la Directrice générale et suivie du débat qui s’est poursuivi la journée suivante. Le 14 avril s’est tenue l’audition de Madame Azoulay au titre du renouvellement (et ici de la reconduction) du responsable de la Direction générale (voir à ce sujet un compte rendu séparé). A noter d’intéressant développements sur les nouvelles technologies et l’Education.

Discours du Président du Conseil exécutif ( Mr Agapito Mba Mokuy) : « Pour une solidarité sans faille »

Le Président du Conseil a insisté sur l’importance de cette session qui doit délibérer sur les documents C4 (la stratégie 2022-2025) et C5 (les aspects budgétaires et financiers), « à l’aune du Covid » dont il faut tenir compte des effets et tirer les leçons pour assurer à l’UNESCO un solide avenir.

Comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises, il a invité les délégués à se garder de politiser les débats, mais, cette fois-ci, ses propos à ce sujet ont semblé plus forts, il a parlé de comportements inadmissibles qui nuisent à la crédibilité de l’institution, et conclu son intervention en appelant à rester solidaires et unis, consensuels pour relever les défis de l’ère post-covid : « il y va de l’avenir de l’UNESCO », nous dit-il, ce « sera bon pour chacun et bon pour tous », et, ajoute-t-il, « que le consensus prévale pour toujours ! Amen ! »

Discours de la Directrice générale (Madame Audrey Azoulay) : « Faire face et agir malgré la pandémie ! »

La Directrice générale a prononcé un discours très structuré dont la teneur confirme qu’en dépit des difficultés liées à la crise Covid, l’UNESCO fait face et reste active sur tous les domaines relevant de sa compétence, à la fois en termes de réflexion et d’action sur le terrain, notamment en matière d’Education (ex : les campagnes pour le retour à l’école, et la réflexion sur les futurs de l’Education) et de Culture ( ex : les 255 débats Resilart).

Pour l’avenir, elle a rappelé les quatre grandes lignes directrices retenues pour les quatre années à venir (C4), en donnant beaucoup de précisions sur les projets et initiatives engagés pour en illustrer le contenu.

On reprend ci-après les éléments qui ont particulièrement retenu notre attention.

L’Education

Se soucier des apprenants : plus de 800 millions d’entre eux ont été touchés par la crise.

On doit revoir notre doctrine (voir les réflexions sur « les futurs de l’Education »).

Actions en faveur des enseignants (la DG a rappelé toute l’importance de leur rôle face aux élèves : leur expertise, mais aussi toute l’importance des aspects cognitifs et émotionnels comme le croisement des regards entre l’élève et l’enseignant).

A propos des technologies auxquelles il faut avoir plus recours (une réflexion actuellement menée à ce sujet), penser tout particulièrement à l’Afrique (où 9 élèves sur 10 n’ont pas d’ordinateurs).

L’accès des filles à l’Education, notamment en Afrique, reste une grande préoccupation.

Les données : améliorer la collecte pour mieux assurer le pilotage du suivi de l’ODD4 et l’élaboration du rapport mondial sur l’Education ; réfléchir à la sécurité des données personnelles concernant les élèves. (confidentialité,protection etc.).

L’Environnement : la relation de l’humain avec la Terre

Reprise d’une citation d’un philosophe africain : « la modernité occidentale a provoqué la guerre contre le vivant ».

Accent mis sur les Géoparcs et les zones de Biosphère, qui ont des effets bénéfiques en termes d’environnement et de développement.

Rappel des évènements (Conférences sur la liberté de la presse, Forum de la diversité, Journée internationale de la biodiversité…).

Importance des travaux conduits par la Commission internationale pour l’océanographie. Organisme unique en son genre qui développe sa collecte d’information, gère un observatoire des océans, coordonne les actions menées avec sa collaboration.

Les réponses aux tensions pour construire la Paix

Ont été rappelés les nombreuses actions engagées pour concourir à cet objectif stratégique :

  • Ce qui a trait à la préservation de la diversité culturelle comme par exemple la défense des cultures autochtones ou les débats Resilart.
  • Les actions à conduire pour protéger et réhabiliter les Patrimoines, et tout particulièrement ceux qui ont été endommagés gravement sur les zones de conflit ou du fait d’actions de vandalisme (Mossoul, Beyrouth) ; une allusion a été faite à la célébration du 20 ème anniversaire de la destruction des Boudhas de Bamyan, et à l’inauguration à cette occasion d’un Centre culturel.
  • La feuille de route en cours d’élaboration pour développer les actions contre le racisme et les discriminations.
  • Les actions pour l’éducation aux média, la sécurité des journalistes (surtout le combat contre l’impunité et les violences faites aux femmes journalistes) et la défense de la liberté de la presse.
Le Progrès techniques au service de l’Ethique

Ont été mentionnés tout particulièrement les travaux sur l’Intelligence Artificielles (l’éthique de l’IA, des actions spécifiques conduites en Afrique, la création en Slovénie d’un centre d’études sur l’IA).

Autre thème important, la promotion de la Science Ouverte, dont la nécessité est impérieuse au regard d’une situation présente qui reste caractérisée par de fortes inégalités d’accès (aux publications, projets de recherche etc.).

La révolution numérique doit être inclusive, des efforts doivent continuer d’être déployés à cette fin, notamment en vue d’accroître la présence des Femmes dans ce domaine comme dans celui des Sciences.

En conclusion, Mme Azoulay a invité à faire front commun dans un contexte inédit et instable, en associant les jeunes ; il s’agit de relever d’immenses défis ensemble en prenant appui sur la ligne stratégique à moyen terme du C4 qui, avec le document budgétaire C5, répond de façon responsable à trois exigences, à savoir :

1/ Une ambition affirmée avec deux priorités confirmées (Afrique et le Genre) et une vision claire qui répond à ce qu’on attend de l’UNESCO.

2/ Une approche réaliste avec une double proposition : garantir le maintien des enveloppes budgétaires « ordinaires », compter sur plus de contributions extra-budgétaires (volontaires).

3/Une plus grande transparence comme cela est traduit dans les nouvelles versions des documents C4 et C5 avec en particulier une clarification des informations financières.

Pour la réalisation d’objectifs qui doivent s’inscrire dans le cadre de l’agenda 2030 de l’ONU et tenir compte des orientations de l’Union Africaine (horizon 2063) s’agissant de l’Afrique (une des deux priorités globales). La Directrice générale a aussi mis en exergue les valeurs essentielles que constituent les droits humains, la dignité de la personne, et le principe d’égalité.

Pour terminer, Mme Azoulay a retenu trois sujets essentiels pour l’avenir (l’IA, l’Education et la Science ouverte) et proposé comme une aide pour trouver les bons chemins l’image de la Boussole avec trois flèches pour les éclairer : les Valeurs, l’Identité et l’Histoire de l’UNESCO.