Le rôle clé de l’Éducation
pour
Relier les Objectifs de Développement Durable
UNESCO – 28 février 2018
Éducation en crise ? Un domaine encore trop souvent sous-financé, alors pourtant qu’une éducation de qualité ouverte au plus grand nombre est garante de développement. Défis à relever singulièrement dans les zones de conflits ou celles qui sont les plus reculées. Difficultés à surmonter, les partenariats et l’entraide sont de puissants facteurs de progrès…
Selon les derniers chiffres de l’UNESCO, bien que la situation s’améliore, le nombre d’enfants de niveau du primaire non scolarisés dans le monde atteindrait encore 63 millions.
Dans une manifestation conjointe de haut niveau à l’UNESCO le 28 février, Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO et S.A. Sheikha Moza Bint Nasser, Présidente de la Fondation « Education Above All » (EAA), ont exhorté les responsables politiques et civils à donner la priorité à l’éducation dans leurs stratégies et projets de développement. L’événement, intitulé « Relier les Objectifs de développement durable : le rôle clé de l’éducation », a rassemblé des leaders internationaux de divers secteurs pour explorer les moyens de s’attaquer à la crise mondiale croissante de l’éducation, qui touche des millions d’enfants et menace le développement économique. Un groupe d’experts a discuté du rôle central que joue une éducation de qualité pour la promotion des objectifs de développement durable (ODD).
Dans le cadre de cet évènement, illustration concrète de cette ambition en faveur de l’éducation, l’UNESCO et la Fondation EAA ont signé un accord élargi visant les enfants irakiens non scolarisés. Une exposition de panneaux didactiques permettait par ailleurs à l’EAA de présenter ses quatre principaux programmes centrés sur les enfants et les adolescents les plus marginalisés, dans des situations de conflits ou des régions difficiles à atteindre.
Dans une courte intervention d’ouverture Mme Audrey Azoulay a souligné que la réalisation de l’objectif de développement durable en matière d’éducation conditionne la réalisation de l’ensemble des objectifs de l’Agenda 2030. Citant des statistiques très éloquentes sur la contribution de l’éducation à la réduction de la pauvreté (-50%), à baisse de la mortalité infantile (-50%) et à la lutte contre le mariage précoce (-60%), elle a rappelé que « la transformation de notre monde commence par l’éducation. Recevoir une éducation de qualité, c’est acquérir une mentalité ouverte à la compréhension des autres, c’est nourrir la pensée critique, le meilleur rempart contre la tentation de l’extrémisme. Il s’agit de développer une citoyenneté responsable afin de comprendre les défis auxquels nous sommes confrontés et d’élaborer des solutions pour un avenir durable. Dans la lignée de notre partenariat avec « Education Above All », c’est par la coopération et l’engagement de tous que nous avancerons pour atteindre nos objectifs. »
S.A.Sheika Moza bint Nasser s’est exprimée longuement et avec conviction. Elle a dit son « exaspération » face à la communauté internationale pour son manque d’engagement politique en faveur de la promotion de l’éducation et de la lutte contre le nombre croissant d’enfants non scolarisés, en particulier dans les zones touchées par les conflits. Elle a appelé les gouvernements à « respecter le droit de chaque enfant à l’éducation, que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre » et à « cesser de jouer avec l’éducation ». Pour montrer qu’il est possible de progresser vers une éducation universelle à laquelle tout enfant devrait avoir accès, S.A. Sheikha Moza s’est engagée en 2012 à fournir une éducation primaire à 10 millions d’enfants par le biais du programme « Educate A Child » (EAC) de la Fondation EAA. Alors que l’évolution rapide du contexte mondial continue amène une augmentation toujours plus grande du nombre d’écoliers à former, le travail de la Fondation EAA montre que l’on peut faire face à ce besoin. « Je savais que c’était ambitieux, mais je voulais montrer que même des objectifs audacieux peuvent être atteints. Ce qui a commencé comme un défi personnel s’est rapidement transformé en une coalition mondiale. Aujourd’hui, avec l’appui de nos nombreux partenaires, nous tiendrons bientôt notre promesse envers les enfants non-scolarisés ». L’approche de partenariat d’EAC et de collaborations avec des organisations de différents secteurs est fondamentale pour la réussite du projet. Dans le cadre du partenariat de longue date de l’EAA avec l’UNESCO, S.A. Sheikha Moza a annoncé un accord élargi pour atteindre 150 000 enfants non scolarisés de plus en Irak et un total de 335 000 enfants non scolarisés dans 11 pays d’ici 2021.
L’événement s’est poursuivi par une table ronde intitulée : « Atteindre les enfants les plus marginalisés: approches intégrées pour sortir de la crise de l’enfance non-scolarisée ». Parmi les participants, M. Qian Tang, Sous-Directeur général pour l’éducation à l’UNESCO, M. Jérémie Pellet, Directeur général adjoint de l’Agence française de développement, M. Jacky Lumarque, Membre du Conseil d’Administration International et Président de la Région Amérique Latine et Caraïbes d’Aide et Action, M. Manuel Patrouillard, Directeur Général de Humanité et Inclusion (anciennement Handicap International) et enfin Mme Valerie Guarnieri, Sous-Directrice Exécutive du Programme Alimentaire Mondial (PAM).
M.Jérémie Pellet (AFD) a indiqué que la France a fait de l’éducation une priorité du quinquennat et qu’effectivement l’éducation est mondialement sous-financée. L’AFD a consacré 5 milliard d’euros au soutien de l’éducation. Elle agit à travers un vaste réseau de partenaires : pays et partenaires institutionnels comme l’UNESCO. Ses soutiens ont été apportés au Pôle de Dakar, au Partenariat Mondial pour l’Éducation, à la société civile et à des ONG.
M. Quian Tang (UNESCO) a insisté sur le rôle des ODD dans la définition par les pays de leurs programmes de développement. L’éducation est la pierre de touche du développement durable.
Comme l’a souligné Mme Valerie Guarnieri (PAM) l’éducation doit être considérée comme un écosystème : d’autres domaines influencent l’éducation et vice versa. A l’appui de son argument, elle a souligné l’importance de la nourriture dans les écoles pour encourager les enfants à rester à l’école et améliorer leurs résultats.
M. Patrouillard (Humanité et Inclusion) a insisté sur la situation des enfants handicapés : 95% des enfants handicapés sont non scolarisés. Il faut un environnement et des programmes pour les amener à l’école. C’est un travail qui doit être fait ensemble avec les parents, les travailleurs sociaux et les enseignants. Les enseignants doivent être formés à une éducation inclusive, puis qu’ensemble tous les enfants accueillent les enfants handicapés.
M. Jacky Lumarque (Aide et Action) a résumé leur action et celle de multiples partenariats pour la scolarisation des enfants au Cambodge : 23 000 enfants disséminés dans de petites communautés difficiles à atteindre. La mobilisation des familles est essentielle ainsi que les relations avec l’État.
Le Rapport Mondial de Suivi sur l’Éducation (GEM Report) de 2016 a mis en exergue le fait que, malgré l’impact de la croissance démographique, le nombre d’enfants non scolarisés dans le monde a fortement baissé au cours des quinze dernières années (ils étaient environ 100 millions en 2000 contre 63 millions aujourd’hui) mais que la situation reste particulièrement préoccupante. Il faut féliciter la Fondation « Education above All » (EAA) pour son engagement et pour son programme « Educate a Child » (EAC). A l’heure actuelle, ses activités sont centrées principalement sur les pays du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud-Est. Il est à souhaiter qu’elle puisse élargir son champ d’action à l’Afrique sub-saharienne où se trouvent 50% des enfants de niveau primaire non-scolarisés du monde.
DG/18-03-2018