Financer l’ODD 4 – Éducation 2030 :

Ne laisser personne de côté – que faudra-t-il pour réduire les inégalités ?

Table ronde d’experts1 – 25 avril 2016 – UNESCO

Manifestation organisée par l’UNESCO en collaboration avec la Campagne mondiale pour l’éducation (CME), en soutien à la Semaine mondiale d’action 2016 pour l’éducation dont le slogan est : « Investir pour l’avenir : les droits à l’éducation maintenant ». La rencontre a mis en lumière les défis considérables en matière de financement du nouvel objectif pour l’éducation d’ici à 2030 (ODD 4). Elle a été l’occasion pour les intervenants de plaider pour une augmentation significative et plus ciblée du financement et aussi d’apporter des recommandations concrètes.

Contexte : 

L’aide à l’éducation est insuffisante et mal orientée. Après une diminution de 8 % de 2010 à 2013, les dernières statistiques indiquent qu’elle diminue encore de 4% entre 2013 et 2014. La part de l’aide totale au développement affectée par les donateurs à l’éducation a elle aussi diminué passant de 9.5% à 8.2% indiquant que ce secteur baisse dans leur liste de leurs priorités.

Alors que 59 millions d’enfants sont exclus du cycle d’éducation primaire, et que ce chiffre va en augmentant depuis 2010, le financement pour l’éducation de base a diminué de 5% depuis 2013. Un nombre équivalent de jeunes adolescents (65 millions) sont hors du cycle des premières années de l’éducation secondaire. 29 millions d’enfants vivent dans des pays à risques.

Une proportion plus faible de l’aide à l’éducation de base a été allouée aux pays les plus pauvres, où elle a diminué de 20% depuis les niveaux de 2002-2003. La proportion de l’aide à l’éducation de base reçue par les pays d’Afrique sub-sahariens est passée de 49% en 2002-2003 à 28% en 2014 alors que cette région compte pour plus de la moitié des enfants exclus du cycle de l’éducation de base.

Pour atteindre l’objectif de 12 années de scolarité (primaire et secondaire) pour chaque enfant d’ici à 2030 auquel se sont engagés l’ensemble des pays, en moyenne 39 milliards d’USD supplémentaires sont nécessaires chaque année2. Cela implique que l’aide financière soit multipliée par six à sept fois par rapport aux niveaux actuels.

Cadre d’action – points clés des intervenants et message de l’UNESCO

Les gouvernements et les pays du monde viennent de s’engager dans une vision extrêmement ambitieuse et prometteuse pour l’éducation pour les 15 prochaines années. Le déclin de l’aide à l’éducation de ces dernières années doit être inversé. Faute d’investissements adéquats dans l’éducation, la réalisation de la totalité du programme des ODD 2030 est en danger.

Tous les pays doivent allouer à l’éducation au moins 4 à 6 % de leur PIB et au moins 15 à 20 % des dépenses publiques.

Les pays où le financement national est insuffisant doivent considérer d’accroître leurs ressources en augmentant le ratio de l’impôt au PIB et en questionnant les incitations fiscales, notamment les exonérations fiscales prolongées accordées aux entreprises.

L’engagement en faveur de 12 années d’éducation gratuite, financées par le secteur public, de la petite enfance jusqu’au secondaire, doit s’accompagner de priorité dans les budgets nationaux et l’aide publique au développement en faveur de l’éducation.

Des financements innovants axés sur de nouveaux partenariats, un haut niveau d’aide multilatérale, la transparence, l’équité dans les dépenses publiques et leur examen, l’efficacité dans la gestion du secteur l’éducation sont essentiels.

Le financement local est insuffisant pour couvrir les besoins sociaux des pays à faible revenu. Il faut une aide innovante, flexible, plus « entrepreneuriale », prenant en compte les dimensions politiques, accordée rapidement, avec une meilleure gestion des risques et une approche à long terme. Plus de multilatéralisme et moins de bilatéralisme.

Une attention particulière aux populations marginalisées et aux pays vulnérables est nécessaire.

______________________________________________________________

1 Modérateur : J.Naidoo (UNESCO), Intervenants : T. Brautaset (Norvège/UNESCO), F. Omer (Ethiopie), T. Birungi (Uganda), A.Schleicher (OCDE), R. Greenhill (ODI), D. Archer (CME), M. Antoninis (GEM).
2 La réalisation d’une éducation préprimaire, primaire et secondaire - de bonne qualité - dans les pays à revenu faible et intermédiaire (tranche inférieure) nécessitera au total 340 milliards d’USD par an. Pour y parvenir les pays à revenu faible devront consacrer 6,56% du PIB à l’éducation, mais même ainsi un déficit de financement annuel de 39 milliards d’USD subsistera.