Journée du 17 avril 2019


NETEXPLO est une organisation internationale dont l’objectif porte sur l’observation du développement de l’innovation digitale dans le monde. En lien avec l’UNESCO, elle organise chaque année un Forum en vue de faire le point sur ce phénomène dont les innovations techniques peuvent se manifester n’importe où, à n’importe quel moment et sous n’importe quelle forme.

La première journée de ce Forum a permis à plus de 25 intervenants de donner un point de vue sur leurs observations relatives à l’évolution dans le monde, du numérique et de l’Intelligence Artificielle (IA), dans les secteurs et les pays les plus variés, avec, comme chaque année la présentation de projets innovants.


Principaux éléments de commentaires :

La problématique du numérique et de l’IA

Elle continue d’évoluer dans de très nombreux domaines relatifs à la vie personnelle, sociétale, politique, locale et mondiale.

De nombreux spécialistes, sociologues, philosophes, scientifiques et économistes s’efforcent de faire des projections plus ou moins réalistes sur un futur à imaginer et portant notamment sur le style de vie de demain et après-demain pour chaque être humain, seul ou dans son environnement de proximité ou à travers le monde.

La grande question du respect de la dignité de l’homme et de l’humain demeure : l’homme sera-t-il demain, le gérant ou l’esclave des techniques numériques ?


La journée du 17 avril du Forum s’est déroulée en présence de 21 professeurs scientifiques, et s’est largement concentrée sur les résultats issus comme chaque année du processus de sélection à partir de 2500 innovations au niveau mondial. Une centaine d’innovations a été retenue sur une « short list » pour aboutir enfin à une dizaine de lauréats qui ont présenté leurs travaux et pour concourir à la désignation du lauréat du Grand Prix Netexplo 2019.

Parmi les très nombreux thèmes abordés à l’occasion de la présentation de ces dix innovations, on aura pu retenir les idées suivantes :


La structure des sociétés

Vers 2030, il y aura 30 mégapoles de plus de 10 millions d’habitants. Ces « smart territoires » se heurteront à la fragilité territoriale largement répandue dans le reste du monde. Il conviendra de définir des indicateurs de qualité de la vie, et cette situation risque de faire apparaître de plus en plus de contestation. A citer notamment le temps passé dans les transports et leur coût : ce coût est estimé aujourd’hui à 300 milliards de $ annuels aux États-Unis. A Londres on a cité le fait que des sacs scolaires d’enfants seraient munis de capteurs de pollution. En Chine, il y aurait des projets de reconnaissance faciale dans les grandes villes. Pour lutter contre les déplacements, il existe des projets de mise en place de système de conférences virtuelles : dans la prolongation des systèmes actuels de vidéo conférences, on envisage de nouvelles innovations avec des projets de salles de conférences virtuelles en 3 D pour réduire encore plus le nombre de déplacements. A signaler aussi par exemple le développement des salles de rédaction journalistique sans personne.


Les robots

Le sujet est inépuisable. Citons notamment :

  • les robots susceptibles de manifester des émotions ;
  • des robots qui trouvent des processus par eux-mêmes ;
  • en médecine : recherche et formulation de diagnostics ;
  • en transport : conduite automatique ;
  • dans le domaine spatial : des robots qui se placent automatiquement pour éviter ou pour trouver des astéroïdes.

Le numérique et l’éducation

De très nombreuses interventions ont eu lieu sur ce thème. Citons notamment, les « Idea Box » : il s’agit d’un transport par petit container de 4 cantines, contenant des livres, des ordinateurs, des robots de formation pour l’écriture, la lecture, les mathématiques, diverses langues etc… avec la fourniture de connections via l’internet à des serveurs.

Ces équipements sont destinés d’abord aux enfants, réfugiés dans des camps, dans des zones défavorisées. Les programmes permettent aussi leur reconstruction mentale. On estime que la mise en place de cet outil a permis de venir en aide à plus d’un million d’utilisateurs.

Ces applications paraissent pouvoir servir aussi à promouvoir d’autres concepts d’enseignement : moins de savoir en mémoire et plus de travail de développement du sens, du besoin d’apprendre, de méthodes créatives, de capacité à questionner, etc. « Les anciens paradigmes de l’école ne fonctionnent plus ».

A signaler aussi, l’élaboration de robots pour accompagner l’enseignement : par exemple en médecine, où des machines à apprendre peuvent simuler des maladies pour développer le sens du diagnostic des futurs médecins.


Le développement de l’usage des smartphones

En Afrique, compte tenu d’une large diffusion des smartphones, de nombreuses applications éducatives, mais pas seulement, peuvent être mises en usage ou en développement.

Certains systèmes mis en place servent par exemple pour surveiller les risques ou la propagation des épidémies ; ainsi, par exemple, certaines plantes qui sont à l’origine de maladies, peuvent être détectées par des capteurs fixés sur les smartphones, d’où un meilleur traitement des maladies.

D’autres applications peuvent aussi permettre aux populations de prendre conscience de certaines questions délicates et sensibles. Ainsi, des jeunes femmes ont présenté leur action au Kenya, en vue de sensibiliser les femmes et, plus généralement, l’opinion publique à certains risques et, ce faisant, à les inciter, par exemple, à lutter contre les pratiques d’interventions génitales. Le recours aux smartphones permet aussi de développer la prévention contre des catastrophes, telles que les raz de marée dans les régions sensibles.


L’aide à la sauvegarde ou à la reconstruction des sites du patrimoine culturel

Présentation de la reconstruction virtuelle de plusieurs sites archéologiques détruits durant les guerres du Moyen-Orient. Et naturellement évocation de ce qui pourrait être fait pour la cathédrale N.D. de Paris.


Les limites éthiques et humaines de l’IA

De nombreuses évocations des limites de l’IA ont eu lieu, en raison des risques d’asservissement humain par l’IA et les robots.

En premier lieu : que se passe-t-il en cas de « panne électrique » ? Compte tenu des conditionnements humains qu’impliquent certaines innovations destinées à améliorer les performances – souvent dépendantes d’une alimentation électrique – l’homme augmenté deviendrait un homme diminué et déclassé en cas de rupture des alimentations.

Par ailleurs, les risques d’atteintes sociales ou politiques à la dignité de l’homme et à sa liberté ne sont pas à négliger : ainsi, en Chine, un mouvement se développe contre un projet de réseau de reconnaissance faciale dans les grandes villes qui porte atteinte au respect de la vie privée.

Mais il y a aussi tous les projets de développement de la « bionique », avec l’installation de capteurs dans le corps des personnes et notamment dans le cerveau ou bien dans les muscles : ainsi en est-il d’une expérience de « biohybrid robot » au Japon, où des puces électroniques ont été placées dans des muscles qui obéissent alors au robot.

En final, l’action I-CUT qui sensibilise les femmes africaines à la lutte contre les pratiques d’excision a été choisie comme lauréat du Grand Prix Netexplo 2019