FORUM NETEXPLO 2018
Journée du 13 février 2018


Panorama du numérique, Présentation des dix innovations sélectionnées, désignation du lauréat

Innovations, transformation des usages, universalité, vers quel Monde allons nous ? «intégrer les facteurs humains, garder un Monde à visage humain »

C’était la dixième session NETEXPLO. Ce grand rendez vous du Numérique (plus de mille participants) est parrainé par le Sénat et le Ministère de l’Économie et du Numérique. Y concourent le Monde UNESCO, le Monde universitaire (une vingtaine de grandes institutions de réputation internationale), le Monde de l’Entreprise et des Media.

Comme les années précédentes, le FORUM introduit par l’UNESCO et Mme Catherine Morin-Desailly, Présidente de la Commission Culture du Sénat a été structuré autour de trois axes : une présentation des grandes tendances, la présentation des dix meilleures innovations retenues à l’issue d’une sélection de plusieurs centaines de projets (sélection menée avec le concours des Universités du réseau NETEXPLO), et Témoignages ou Analyses donnés par de Grands invités.

Reposant sur les travaux de l’observatoire NETEXPLO organisateur et animateur de l’évènement, le millésime n’a pas failli à sa réputation. Les projets présentés, dans la forme comme sur le fond, les analyses ou témoignages donnés ont renvoyé une richesse inspirante et captivante, qu’il s’agisse des aspects les plus concrets (les projets) ou des réflexions sur l’actualité du numérique, et la métamorphose qui s’opère avec d’extraordinaires avancées. Mais ce qui se dessine n’est pas sans risques.


I Les discours Introductif

UNESCO – M. Getachew Engida Adjoint Directeur Général

L’important est de ne pas confondre le Moyen et la Finalité : la Technique doit être mise à sa juste place, au service de l’Homme et des Valeurs fondamentales qui fondent l’Humanité et la dignité des Personnes, et qui donne du sens. C’est la préoccupation qu’il faut avoir lorsqu’on réfléchit au numérique, une préoccupation qui rejoint les objectifs que vise l’UNESCO (la liberté, l’accès à l’information pour tous, la diversité, l’éducation) et que l’on retrouve dans les ODD de l’agenda 2030.

On pourra aussi rappeler opportunément les bienfaits du concept d’universalité du « net » qu’avait soulignés la Conférence Générale de 2015 en énonçant quatre conditions pour qu’il serve vraiment l’Humanité :le respect de la personne, l’ouverture, l’accès à tous, le respect de règles éthiques.

Voir les défis à relever : la Protection «privée » (privacy), les atteintes à la Personne et les discours de haine, la capacité ou l’incapacité à exercer son jugement critique.

Tout reste ambivalent et nourri à la fois d’espoir et de crainte. Il faut réfléchir sur le numérique pour trouver ce qu’il y a de meilleur dans ce que peut apporter le numérique, atteindre l’optimum en ayant avant tout le souci de lui conserver un visage humain, un ancrage culturel qui appelle à aller au-delà des techniques et fixer des repères, une organisation du monde qui n’accentue pas les inégalités.


SÉNAT Mme Morin-Dessailly Présidente de la Commission Culture et Éducation

Il faut saluer NETEXPLO avec ses fondateurs de l’observatoire du net, Thierry Happe et Martine Bidegain : ces rencontres sont sources d’inspiration, révélatrices de Talents et des grandes Tendances.

Le numérique nous assure une révolution : on entrevoit de belles perspectives au service de l’homme (santé, entreprises, éducation, économie), mais on doit se poser la question de son encadrement, juridique ou éthique, singulièrement là où l’intelligence artificielle étend son emprise. Le Sénat a produit un rapport à ce sujet, un sujet qu’il faut démystifier.


OBSERVATOIRE NETEXPLO M. Thierry Happe

En présentant l’organisation de la journée, annonce de la partie « analyse » et « innovation », le Président de l’observatoire NETEXPLO rappelle que les projets retenus sur la shortlist sont sélectionnés pour leur portée et leur sens , en considérant tout particulièrement les impacts sur la vie des gens, notamment la santé. Signe des temps, 6 des dix projets ont recours à l’Intelligence artificielle. Thierry Happe a aussi introduit les deux journées qui suivent celle du FORUM NETEXPLO, une nouveauté qui prolonge l’événement habituel avec le FORUM DES TALENTS NUMÉRIQUES.

Deux coups de projecteurs nous sont donnés sur respectivement « les données » et « BITCOIN et le « BLOCKCHAIN » :

  • Les « data » : énormité des volumes collectés (messages, photos), gratuitement au profit d’un petit nombre d’entreprises qui les exploitent en profitant de la rente qu’elles se créent (hégémonie) et à l’insu des « producteurs » qui voient leur intimité atteinte. Il faut réguler, l’Europe a commencé. Deux enjeux majeurs : économique (risque avéré de création d’une rente) et démocratique (risque de servitude). Il faut que les personnes puissent contrôler « leurs » données
  • Les « blockchain et bitcoin » : une innovation « technique blockchain » (décentralisation sécurisée des gestions de registres de données) a été exploitée par les promoteurs des cryptomonnaies avec le BITCOIN comme élément emblématique, sorte d’alchimie qui donne à penser que la fortune est à portée de main sans effort. Cet avatar du numérique devenu objet d’une spéculation frénétique révèle les désordres que peuvent causer les innovations numériques alors que les mêmes technologies (blockchain) ont aussi été exploitées pour des services à valeur ajoutée (exemple : organisation d’un cadastre). On est un peu comme dans le Far-west d’antan. Il faut se préoccuper de réguler, ou de gouvernance de tous ces dispositifs qui se créent. On doit aussi se préoccuper parfois de la consommation d’énergie (rappel que pour sécuriser les transactions BITCOIN le système de cryptage mobilise au travers des dits « mineurs de données à vérifier » un volume considérable d’énergie.

II Le Zéro ou/et l’Infini ? Trois tendances… de l’importance de l’Humain

Sandrine Cathelat de l’observatoire NETEXPLO a synthétisé les trois phénomènes qui paraissent ressortir de l’examen de la situation actuelle, elle l’a fait de façon originale et accrocheuse mais très opportunément en retenant le zéro comme élément commun des trois titres traités :

I Interface 0

On avance vers un monde qui utilisera moins d’outils intermédiaires (type écran, clavier, souris) pour remplir certaines fonctions : on fusionne le corps et le numérique en mobilisant les sens (la voix, les yeux, le geste-toucher, les vaisseaux sanguins, etc) ou même la pensée (analyse des activités cérébrales). Ces nouveaux modes opérationnels vont faire disparaître les interfaces pour leur substituer une relation symbiotique que s’approprie le corps et qui est imperceptible, légère à mettre en œuvre.

Via des implants, caméras miniatures, puces, prothèses, oreillettes, etc le corps s’imprègne du numérique qui va capturer les signes, les mouvements, l’intensité des gestes ou de l’attention pour remplir des fonctions (ex un mot de passe) ou les restaurer (activer une main paralysée), ou prévenir (avec des vêtements capables de mesurer les risques de survenance d’un cancer). Autre application de numérique immergé directement dans le vivant : l’installation de capteurs de la chaîne alimentaire permettant d’apprécier l’état d’un fruit ou légume depuis son éclosion jusqu’à sa maturité ou encore la lecture des comportements d’une foule de clients dans un magasin, à partir de l’analyse de leurs regards et gestes pour percevoir les goûts ou intentions d’achat…

Multiples progrès, extraordinaire complicité entre le corps et le digital, avec du potentiel… mais jusqu’où veut on aller, quelle atteinte à notre liberté ? Quelle est notre vision des relations que nous avons au Monde : autant de questions qu’il faut se poser devant la survenance de toutes ces inventions disruptives qui nous touchent « corps et âme »

Que voulons- nous ? Un dernier exemple mérite ici d’être mentionné : la mise au point d’une « chatbox » (robot vocal) qui serait capable de parler avec un malade dans sa phase terminale, d’une façon apaisée et en tout cas non affectée par la charge émotionnelle qui peut envahir un proche de la famille. Qu’en pense-t-on ?

II Décision 0

Avec notamment l’avènement de l’Intelligence artificielle, on peut se demander si les décisions ne sont pas en passe d’être de plus en plus prises par la Machine (les logiciels, les algorithmes, les systèmes d’assistance automatisés etc) : médecine prédictive, voitures autonomes, processus de recrutement formaté, interprétation de textes par la machine, production artificielles d’écrits… tous ces produits issus du numériques pourront être demain notre lot quotidien, des produits déduits de l’exploitation massive des données, d’un codage organisé selon les règles de modèles conceptuels obéissant à une vision du monde (business model) avec des objectifs prédéterminés. Ces dispositifs incisifs ou intrusifs peuvent amener à contrôler les comportements et guider plus ou moins impérativement les actions (analyse de l’intensité ou de l’attention pour commander de faire, pour présumer un risque, prévoir un choc, une crise etc). Ce nouvel ordre du monde qui parait se dessiner invite là aussi à réfléchir à la place laissée à l’Homme en tant que personne. Va-t-on, au vu de toutes ces expériences, abdiquer toute responsabilité ? Se dirige-t-on vers un modèle orwellien gouverné par la machine ? Là sont des questions essentielles auxquelles il faudra apporter une bonne réponse, à savoir l’acceptation de solutions préservant la part de l’humain dans tout ce que produit le numérique (avec ses algorithmes, robots, serveurs vocaux etc). La clef est bien le contrôle de ce qui est délégué aux systèmes. Il faut savoir organiser une saine coopération entre l’Homme et ce qui doit rester un outil à son service et sous son contrôle. L’Humain ne doit pas sortir de la boucle, être mis hors circuit. Cet état d’esprit doit prévaloir tout aussi bien pour notre appréciation des données manipulées par les systèmes et des fonctions qu’ils remplissent (organisation des process et les objectifs qu’on leurs assigne) . Tout se ramène alors à la même question fondamentale, quel Monde voulons-nous ?

III Humain 0

Dans l’immense bouleversement qui s’opère avec le « big data » combiné « aux puissances des ordinateurs » pour offrir (imposer ?) de nouveaux modes de vie, il faut absolument prendre du recul ou de la hauteur et être capable de contrer ce qui menace : les mensonges, les manipulations, les détournements, les confiscations, les abandons du sens, des responsabilités.

Il faut se garder de se laisser prendre au piège des fausses avancées, celles qui emprisonnent et font perdre le sens de l’humain, comme être vivant, avec ses richesses et ses faiblesses : dans le grand désordre qui caractérise encore le monde de l’intelligence artificielle, il faut pouvoir discerner les risques, car nous sommes parfois « en terrain miné », et derrière d’apparents chefs d’œuvres issus de ces nouvelles technologies qui font rêver peuvent se cacher des produits ou des services dont on ne mesure pas qu’ils finissent par éliminer l’humain .

De l’importance alors du regard porté sur toutes ces inventions issues du numérique. Le monde a besoin de vigies pour éviter toutes dérives dont certaines pourraient générer des guerres, c’est une affaire de professionnels mais pas seulement, la société civile comme les gouvernements doivent se préoccuper des phénomènes et des modèles numériques entrain d’émerger, pour sécuriser le monde, réconcilier la machine et l’homme, le facteur humain doit toujours l’emporter sur les considérations techniques, l’Homme doit rester la mesure de toute chose, avec toute ses spécificités culturelles, émotionnelles, spirituelles aussi (ce dernier point est NDLR) et une pleine conscience de ses responsabilités.

Face aux évolutions en cours, les enjeux sont d’une extrême importance, ils appellent des réponses assurées pour préserver l’essence de notre humanité :

  • la montée du contrôle tous azimuts impose de rejeter les modèles uniformes, il faut conserver un principe d’ouverture, avec toujours des alternatives, la possibilité de partages
  • face au risque de « l’obsolescence de l’homme » on doit réagir, et, en dehors de la responsabilité individuelles qui restent essentielles, trois leviers seront importants :
    • la loi, quand bien même il est difficile de réguler le domaine à cause de son ubiquité et de l’inconvénient de trop normer (frein à l’innovation notamment) ;
    • l’éthique, élément indispensable à considérer à la source, avec nécessairement une vision du Monde que nous souhaitons ;
    • une saine mise en concurrence, dans un univers où l’Homme doit trouver pleinement sa place, dignement et non comme un objet exploité par des organisations hégémoniques.

Placer l’Homme au centre, et non le situer comme un vague appendice de la machine ou comme une sorte de pion manipulé, c’est vouloir absolument aller au-delà du pur logique, rationnel, où tout ce qui compterait serait ce qui est efficace au terme de processus codés, simples réplications d’une partition. Alors il faut promouvoir d’autres formes d’intelligence que celle que comprend la machine : il s’agit donc d’entrer dans un monde qui, certes, sera de plus en plus numérisé, mais qui saura aussi préserver et surtout valoriser ce qui ressort de la créativité, du relationnel, du collaboratif, de l’émotion, de la motivation (mais aussi de l’aspiration NDLR)et nous pourrons ainsi gagner la bataille de l’intelligence artificielle, car nous n’aurons pas oublié « l’imagination » qui est le « vrai signe de l’intelligence » (EINSTEIN).


III Les Innovations : dix projets en lice, un vainqueur « CATAKI »

Les centaines de projets soumis à la sélection traduisent toujours une grande diversité, qu’il s’agisse des origines géographiques de leurs promoteurs qui viennent de tous les continents, des thèmes et des outils, du profil des « inventeurs » (start-ups, universités ou centres de recherche, et dans une moindre mesure entreprises traditionnelles ou ONG).

L’élément commun à ceux qui ont été finalement retenus est la valeur de leur potentiel et leur portée sociale (le service à la société).

Cette année, les innovations ont porté sur les éléments suivants :

  • une innovation frugale au service des professeurs et élèves permettant d’utiliser leurs smartphones pour découvrir le monde avec un matériel pédagogique qui n’est plus le manuel scolaire traditionnel (Birmanie) 360ED ;

  • un système (plateforme et smartphone) permettant aux collecteurs individuels (pauvres) de repérer les déchets et de les valoriser (Brésil) CATAKI (projet qui à l’issue d’un vote de l’ensemble des participants a été le lauréat du « millésime 2018 ») ;

  • un dispositif d’aide auditive permettant aux mal- entendants de mieux s’insérer dans des conversations à plusieurs, avec un filtrage du bruit ;

  • une main artificielle fonctionnant à partir d’impulsions venant du cerveau (les intentions commandent le geste) ;

  • contrôle des mouvements à partir de la détection des intentions/pensées (actions d’un exosquelette) ;

  • un drone intelligent capable de repérer des opérations de braconnages ;

  • une plateforme ouverte pour permettre de façon « démocratique » de développer des applications d’intelligence artificielle ;

  • une application de chiffrage ;

  • à partir de l’exploitation des bases de données moléculaires, reconstitution artificielle du goût et de la texture de produits alimentaires ;

  • un dispositif permettant de monétiser ses données individuelles auprès des marques (inversion du modèle actuel où les données individuelles sont fournies gratuitement aux grands opérateurs type AMAZONE qui les valorisent à leur profit).


IV Témoignages et Commentaires : L’Humain dans son essence avant tout

-un expert du numérique/consultant

Face au déferlement du numérique , un ancien de la « Singularity  university » appelle à rester réaliste, à bien mesurer les conséquences sociale et économiques avec tous leurs impacts sur la vie des personnes, il concentre aussi son attention sur les liens entre les nouvelles technologies de l’information et la géostratégie ou les relations internationales (voir la propagation d’idées dangereuses, les fausses nouvelles qui peuvent influencer le cours des évènements etc) qui peuvent être gravement affectées.

réflexions à partir du témoignage de MC Pietragalla et un autre danseur étoile

La technique (que l’on peut travailler avec des systèmes d’imagerie 3D) et le génie de la création artistique, le code artistique – la technique – n’est pas la conscience de l’artiste, échange original pour parler de l’intelligence artificielle sous cette forme métaphorique, et parler du sens de l’humain et de l’esprit créatif qui joue avec l’outil, et qui trouve son accomplissement lorsque tout se combine harmonieusement sur scène avec toujours une part d’inattendu et de merveilleux.

Une experte des sciences cognitives : le rationnel n’épuise pas l’humain

Sujet délicat sur lequel entrent les promoteurs/concepteurs/développeurs des systèmes basés sur l’intelligence artificielle que l’on pourrait dire « sophistiqués ». A partir de l’analyse UX (l’expérience utilisateur), on cherche à intégrer ce qui fonde les comportements avec (autant que possible) intégration de tous les facteurs humains qui les régissent (émotion, biologie, attention, mémoire, perception) en mobilisant les informations (signaux) sensorielles, cérébrales…

Alors les dispositifs interviennent pour aider à mieux « gérer les fonctions cognitives ( ex : fiabiliser la mémoire des choses, surtout la mémoire immédiate, soutenir l’attention en évitant la dispersion, neutraliser ce qui trouble la perception d’un phénomène )

On peut parler ici de performances augmentées, qui peuvent s’obtenir de façon invasive (exemple : implants dans le cerveau)et qui finalement, sous couvert d’amélioration cachent un certain contrôle de l’esprit…il y a là matière à réfléchir, étant observé qu’on touche un sujet d’une extrême complexité, qu’il faut certainement aborder avec une grande prudence ( voir notamment les effets secondaires que peuvent produire ces intrusions du numériques dans le domaine cognitif)

La fondatrice d’un réseau d’écoles de codage au profit de populations défavorisées ou discriminées

Le numérique est un facteur d’émancipation, c’est en considération de cette évidence qu’a été créé aux États Unis une école spécialisée ouvertes aux jeunes femmes de couleurs.

Succès de l’expérience avec une audience qui va grandissant, un succès qui n’est pas sans lendemain Il concrétise l’objectif de ce projet éducatif qui plus qu’enseigner le numérique vise l’insertion sociale des élèves.

Quatre facteurs contribuent aux progrès de cette entreprise, aucun n’est purement technique : garantir un accès académique (on doit pouvoir assurer les élèves de cette possibilité), faire en sorte que les élèves aient une bonne perception d’eux-mêmes, soutenir les apprenants quelles que soient leurs origines et positions sociales, compter sur l’aide de mentors et de professionnels qui peuvent témoigner de leur réussite (vertu de l’exemplarité)

Le message (donné en vidéo) de Joël de Rosnay

Toujours avec enthousiasme J de R invite à positiver, au vu des extraordinaires progrès que génère le numérique notamment dans le domaine de la santé : le rapprochement entre le monde de la biologie et le monde numérique n’est pas une menace, il va permettre la généralisation d’outils au service de l’homme qui saura mieux se surveiller, se soigner et entrer en dialogue avec le monde médical.

L’intelligence artificielle ne doit pas être vue comme l’altération de notre Intelligence humaine, dès lors que l’on aura bien compris ce qu’elle est dans son essence : un outil, une aide, un complément.

Il faut se convaincre de cette idée simple : une Machine ne sera jamais complètement autonome.

Il faut aussi se dire et là aussi se convaincre d’un autre élément fondamental : nonobstant tous les apports du Numérique (comme de toute autre technique), l’Humain reste et doit rester présent partout avec tout ce qui l’habite et qui le distingue fondamentalement : l’empathie, l’émotion et la sensibilité.

Quel avenir se dessine ? Rester optimistes sur les grandes transformations qui s’annoncent.

Assurément on va travailler avec de plus en plus d’assistance, misant sur l’intelligence artificielle y compris la possibilité de dialogues robotisés à des fins pratiques (chatbox), les innovations vont multiplier de nouveaux produits et services, et, les grands acteurs du moment GAFA ou grands du numérique en Chine vont chercher à consolider leur position.

Dans ce contexte, l’Europe doit consacrer sa présence numérique, et à cette fin, pour affirmer son engagement, elle gagnera à agir dans deux directions :

  • L’investissement massif :1/ dans la formation, 2/dans tout ce qui a trait aux algorithmes et 3/dans l’organisation des échanges internes au niveau de l’espace européen

  • L’appropriation des usages par les individus : l’important pour demain n’est pas de viser obsessionnellement à créer des champions sur le mode des GAFAM mais de faire en sorte que le plus grand nombre, maîtrise bien les outils numériques pour mieux travailler et plus généralement évoluer ou se situer dans la Société dans tous les aspects de sa vie (organisation de son temps, entrée en relation avec les autres, surveillance de sa santé ou de son alimentation etc).


Conclusion et Observations :

L’évènement a été d’un grand intérêt . S’il ne s’est tenu que sur une journée (à cause de la nouveauté de cette année avec le FORUM des Talents qui a suivi , cf la seconde restitution)), les quelques sept heures de ce premier volet ont encore beaucoup apporté : découvertes d’innovation ou réflexions qui n’ont pas manqué d’interpeller.

Le FORUM ne perd pas de vue la partie technique et/ou pratique, c’est son fondement à l’origine et cela constitue toujours le « cœur » de l’évènement, avec notamment les innovations présentées par leurs promoteurs, leurs accompagnateurs (souvent de grandes universités)et leurs « parrains » (des responsables d’entreprises ou de média), mais cette année, peut être plus encore que les précédentes, ont été posées des questions quasiment anthropologiques, ce qui semble normal finalement avec la montée en régime spectaculaire de l’intelligence artificielle, des algorithmes et des systèmes automatisés (robotisés).

L’invasion (l’intrusion) du numérique appelle opportunément à réfléchir à l’Humain, et à son avenir, le sujet a été bien mis en évidence tout au long de la journée, sans que l’on ait épuisé le débat bien entendu tant sont nombreux et sensibles les éléments en jeu. Un regret néanmoins, ou plutôt une dernière observation en conclusion : on a, à juste titre, parlé des rapports du numérique à la vie, au monde du vivant…et on l’a fait de façon positive, avec optimisme (cf le propos de M J de Rosnay), mais on a été incomplet sur un point : la biogénétique, et les manipulations cellulaires discutable que permet maintenant l’exploitation en laboratoire des big data…sans doute était ce trop ambitieux de traiter cette question essentielle entrain de toucher l’humanité, au moins aurait on pu la suggérer.