A l’UNESCO le 30 Septembre 2016
Deux journées de rencontre entre spécialistes pour faire le point du Projet FREEWAT que soutient l’Union européenne dans le cadre de sa stratégie à l’horizon 2020 (promouvoir le numérique au service du Bien commun est l’un de ses objectifs) mais qui compte aussi l’UNESCO parmi ses sponsors….
FREEWAT de quoi s’agit-il ?
Exploitation informatique des données : intense recours au numérique
En simplifiant, on pourrait décrire ce projet comme l’élaboration et la promotion d’une plate-forme applicative (informatique) et « coopérative-participative » (le management) permettant la rencontre des scientifiques et des gestionnaires de l’univers (la communauté) de l’eau. Si certains des aspects du projet paraissent complexes et réservés à des experts, l’ambition des promoteurs d’une opération d’une certaine envergure n’est pas d’enfermer. Au contraire, FREEWAT vise à développer un outil et une méthode qui ouvrent au plus grand nombre le champ de la gestion de l’eau dans ses multiples aspects, quand bien même certaines dimensions techniques (exemple : la modélisation) peuvent sembler délicates à maîtriser.
Très concrètement et plus précisément, il s’agit de permettre de collecter, d’analyser et traiter en termes de modélisation le plus grand nombre de données se rattachant à « l’univers eau » dans un espace donné (les nappes, les zones aquifères, les flux, les stocks, les caractéristiques chimiques, géologiques, géographiques, climatiques etc).
Un outil ouvert, destiné avant tout aux gestionnaires ou décisionnaires
L‘objectif n’est évidemment pas de se contenter de pures recherches, qui ne déboucheraient que sur des connaissances sans lendemain. Tout au contraire, FREEWAT est à considérer comme un dispositif au service de tous ceux qui sont concernés par la production et l’exploitation des ressources en eau dans un contexte qui ne permet plus de traiter cet élément vital à la légère, par exemple dans le domaine de l’irrigation.
S’il s’agit d’un projet ouvert (on parle d’ « open source » ou d’ « open data », de logiciel libre), c’est aussi une opération gérée rigoureusement, de manière proactive, avec des forums, des calendriers invitant les participants à se mobiliser vraiment avec partage des expériences. C’est dans cet esprit que se sont organisées les deux journées du symposium et c’est l’impression qu’a dégagée la présentation d’une quinzaine d’études de cas où ont été montrées les réalisations sur le terrain que permet l’outil FREEWAT.
Un vrai Projet avec ses difficultés, mais aussi un avenir prometteur
S’il y a déjà des logiciels servant à l’analyse ( MIDFLOW ?), FREEWAT semble plus performant, et le fait de le promouvoir dans le cadre d’un projet structuré avec des partages d’informations est sans doute bénéfique pour toutes les parties prenantes.
Des cas présentés (une douzaine issus de l’UE, un de l’Ukraine, un autre de Turquie et, enfin, un projet de coopération entre trois pays d’Afrique : Botswana, Namibie et Afrique du Sud) on retient les points suivants :
Richesse des analyses produites (nombreuses cartographies élaborées à partir de maillage numérique des zones ciblées, analyses chronologiques, géologiques, climatologiques etc, toujours en rapport avec l’eau).
Grande souplesse d’utilisation, puisque ces analyses souvent très fines peuvent tout aussi bien s’appliquer à des zones maritimes (insulaires ou côtières) ou montagneuses (les Alpes), traiter tous les climats (continental ou méditerranéen, ou subtropical), et produire des études sur tout type de bassin, depuis une petite plaine concernant cinq communes sur 50 km carrés en Italie jusqu’à un énorme bassin semi désertique de 86 000 km carrés en Afrique.
Ces analyses et leur exploitation concernent en général un grand nombre d’acteurs publics et privés. Elles appellent à produire beaucoup d’efforts pour sensibiliser et sortir soit des (mauvaises) habitudes soit de ses idées préconçues. Il peut y avoir aussi certaines réticences dans la mesure où des intérêts particuliers pourraient être mis en cause ; mais, dans l’ensemble, ces démarches avec les outils proposés semblent plutôt bien accueillies. Il n’est pas déraisonnable, en effet, de mieux savoir appréhender les choses, et surtout pouvoir mieux agir selon les indications issues des modélisations (qui mesurent les comportements possibles des bassins selon des scénarios plus ou moins probables).
Si FREEWAT est d’abord un projet européen qui paraît produire ses effets (l’Europe c’est aussi des réalisations concrètes), on ne peut qu’espérer voir de telles expériences continuer à se développer, au-delà même de l’Union, au service du Bien commun, pour optimiser les usages d’une ressource qu’il faudra dans les années à venir traiter partout avec le plus grand soin.