Semaine de l’Apprentissage mobile du 4 au 8 Mars 2019

« L’Intelligence Artificielle pour le Développement Durable »


Mardi 5 Mars  : Intelligence artificielle : Quelles politiques – Quelles formations ?

Les TIC (Techniques de l’Information et de la Culture) et l’IA (Intelligence Artificielle) : quelles politiques en rapport avec leur usage pour rendre l’éducation plus inclusive ? quelles formations des enseignants pour l’utilisation de ces outils ?.

Quelles sont les politiques à adopter pour que les TIC et l’IA appliquées à l’éducation soient inclusives et accessibles ?

M. Axel Rivas: Directeur de la faculté de l’éducation de San Andrés en Argentine.

En Argentine, l’accessibilité est considérée comme liée à l’éthique : il faut réintégrer les personnes exclues par leur handicap.

En Uruguay le gouvernement a fourni un ordinateur a chaque élève afin d’améliorer l’apprentissage de tous. Le rôle des États s’oriente de plus en plus vers un distributeur de savoir en fixant les normes, les prix et les programmes. Maintenant 30% des élèves passent plus de 3 heures par jour sur leur ordinateur ou leur smartphone. Le week-end, ce pourcentage passe à 50%.

Sur le sujet du handicap, en Espagne 100 000 personnes handicapées voient maintenant leur accès au droit de vote facilité. Il y a une forte demande de cette catégorie de la population pour accéder à tous ces outils numériques.

Mme Alexa Joyce: Directrice Education System Leaders, Microsoft.

Microsoft fournit pour tous, dans ses programmes, des fonctionnalités qui permettent de mieux résoudre les problèmes de dysfonctionnements, de travailler différemment en fonction des contextes, comme par exemple la mise à disposition des réfugiés de logiciels assurant les communications en leurs langues maternelles. Dès leur conception, les appareils numériques doivent permettre à tous d’utiliser des outils communs.

On considère qu’un milliard de jeunes endommagent leur audition avec les smartphones. Que peut-on faire pour limiter ces dégâts ? une autre question que l’on se pose : les TIC seront-elles accessibles à la moitié de l’humanité mondiale qui aura bientôt plus de 60 ans à cause de leur mauvaise, ouïe, vue, etc…? Microsoft y travaille avec eux.

Mme Maria Manuela Catrina, Secrétaire d’État aux Ministères des Communications et de la Société de l’Information pour la Roumanie.

En Roumanie, les handicapés représentent 8% du PIB mais beaucoup n’ont pas accès aux outils informatiques. L’EU a créé des règles sur ce sujet, car il en va des Droits de l’Homme.

Mme Placencia Porrero : Experte a l’Unité handicap et insertion à la Commission Européenne.

Les TIC ont pour objectifs d’être accessibles au plus grand nombre.

Au niveau de l’Union Européenne est en cours d’élaboration Un cadre législatif sur l’accessibilité spécifique aux handicapés. Il est aussi prévu à cette occasion de réviser les règles concernant les appels d’offre pour les marchés publics de biens et de services. L’adoption de ces dispositions s’accompagnera de nouvelles dispositions pour ce qui est des allocations des Fonds Structurels aux États membres.

L’objectif est d’améliorer l’application des droits existants relatifs aux personnes handicapées et en particulier de donner à chacun l’accès aux services numériques par la mise à disposition de la 4G, de matériels (ordinateurs, e-books -liseuses- par exemple) et à l’accès à la formation.

En conclusion :

Le rôle de l’État doit être repensé. Il doit devenir leader sur les sujets touchant à la communication et se préoccuper de la place qu’y tient maintenant l’IA .

Il est maintenant impératif de travailler ensemble sur les systèmes éducatifs à construire en associant toutes les parties prenantes : enseignants, élèves, politiques, investisseurs, sociologues, chercheurs, médecins, acteurs du numérique. Si tel n’est pas le cas, on ne pourra pas assurer que ces nouvelles technologies de l’information contribuent au Développement Durable.

Beaucoup d’informations et de règles générales sur l’accessibilité existent maintenant. Il faut les diffuser pour que l’on obtienne des résultats concrets avec des mises en œuvre sans délai.

La formation rapide des enseignants sur les sujets liés à l’accessibilité des TICs est indispensable.


Quelles sont les politiques à adopter pour préparer les enseignants à l’apprentissage fondés sur l’IA et leur donner les outils nécessaires ?

M. Pierre Loiret : Directeur adjoint du Département de l’Éducation et de l’Innovation de l‘Agence Universitaire de la Francophonie.

L’intégration des compétences IA chez les enseignants est de prime abord ressenti par eux avec incompréhension et même avec peur pour leur emploi : 72% craignent leur remplacement par des robots par exemple ! On constate aussi à ce jour un certain rejet de l’IA pour gérer les cas considérés à risque, comme la chirurgie ou le pilotage des voitures autonomes et des avions.

Les étudiants et les enseignants sont exposés aux mêmes technologies quotidiennement. En matière informatique, on constate que les étudiants prennent rapidement de l’avance sur la plupart des enseignants au sujet des TICs. La mise à niveau des enseignants peut devenir un véritable défi car de nouvelles méthodes d’enseignement doivent être développées à partir d’une feuille blanche. Pour la première fois dans notre histoire, nous sommes à un tournant radical dans la façon d’enseigner. Au-delà d’un certain âge, les enseignants ne pourront sans doute pas s’adapter car la remise en cause de leur place et de leurs pratiques sera trop radicale.

M. Andrew Lewis, PDG Cerego USA.

Le succès d’un enseignement est, jusqu’à aujourd’hui, surtout mesuré en référence au développement du QI (Quotient Intellectuel) basé sur la reproduction d’un apprentissage.

Dans l’avenir, il faudra davantage prendre en compte le QE (Quotient Émotionnel) qui met en valeur l’humain. Le plaisir de travailler en groupe étudiants – professeurs – industriels… est un critère déterminant que les jeunes citent en premier dans la qualité recherchée dans leur futur emploi, surtout chez les filles.

Le tutorat deviendra intelligent si l’enseignant prend en compte le fait que chaque enfant peut avoir un niveau différent au départ sans le sanctionner de paresse. Le travail du professeur sera de mettre tous les élèves à niveau mais a des vitesses différentes.

Mais attention à la dictature du buzz où chacun chercherait à faire parler de son propre génie !

M. Arantha Duraiappah : Directeur institut UNESCO Mahatma Gandhi pour la Paix et le Développement Durable, Inde

En Inde on souligne que le rôle et la pédagogie des enseignants date de la colonisation par les anglais et n’a pas changé depuis. L’objectif pour l’avenir est de faciliter l’accès aux connaissances plutôt que de transmettre les connaissances, en s’appuyant notamment sur leur QE. Mieux que les examens, la pratique des jeux avec l’aide de l’IA a montré de nombreux avantages pour améliorer le niveau moyen des élèves. Alors, quel sera le rôle de l’enseignant de 2030 ? Ce rôle reste à inventer à chaque endroit en fonction de critères spécifiques. Plus il sera partagé, plus il sera pertinent.

La mise en œuvre de nouvelles technologies commence d’abord à une petite échelle pour obtenir le soutien de tous les acteurs pour ensuite être étendu sur une plus grande échelle.

Si les enseignants sont paniqués devant la nouveauté qui remet en cause une certaine autorité, l’évolution inéluctable sera moins rapide. Mais elle se fera par la force des choses.

M. Nathanael Gossaye, PDG Lagbot, Ethiopie.

Il faut commencer petit pour ensuite rêver grand. En Ethiopie et dans de nombreux pays africain la connexion au réseau et le débit d’internet sont des facteurs discriminants. L’utilisation des satellites est une alternative car elle permet de s’affranchir des infrastructures qui font encore très souvent défaut localement.

Quelles sont les nouvelles compétences que les enseignants doivent acquérir pour profiter des TICs ? L’UNESCO a publié un référentiel de compétences qui peut être utilisé. L’évaluation des expériences basées sur ce référentiel sera nécessaire pour changer d’échelle et passer d’une école à un pays, puis un continent. On verra alors si ces expériences peuvent être universelles.

M. Adrian Lim : Directeur de la division de la prospective et de la participation numérique, IMCA Singapour.

A Singapour, des programmes du gouvernement visent à démystifier l’IA mais les enseignants ne sont pas encore tous formés à cette nouvelle approche.

Il faudra du temps ! Il a bien fallu attendre une génération entre la première automobile et les chaînes de production d’Henry Ford.

Les enseignants et leurs élèves sont exposés aux même nouvelles technologies mais les enseignants sont souvent en retard par rapport à leurs élèves. C’est une nouveauté que les enseignants acceptent souvent mal.

M. Wayne Holmes, Professeur OpenAIED, Royaume Uni,

L’IA aussi libérera les enseignants des tâches administratives et en particulier les notations qu’il serait possible d’automatiser sur le principe d’un QCM enrichi par des bases de données spécifiques en fonction des étudiants.

Il s’agit d’évaluer un élève, sans le stress créé par le scenario de l’examen, afin de l’aider à progresser plutôt que de chercher à en éliminer un certain nombre du système.

Remarque : il semble néanmoins toujours fondamental de préparer un étudiant à sa vie professionnelle parfois stressante et où il n’y a pas que des bisounours… La gestion du stress s’apprend aussi.