Sur le thème “Des mots au génocide, la propagande antisémite et l’Holocauste”, une journée internationale s’est tenue à l’UNESCO le 27 janvier dernier, pour souligner l’impérieuse nécessité de se rappeler des faits et de leur conséquences pour proposer des actions afin d’éviter que l’histoire ne se répète.

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Des échanges ont été organisés au travers de deux tables rondes, suivies le soir d’une cérémonie commémorative avec la Directrice Générale de l’UNESCO.

Deux thèmes traités :

-“ Une histoire de génocide et de discours de haine”:

-“A la lumière du passé: lutter contre l’antisémitisme et le discours de haine au temps présent”

Au cours des débats l’analyse historique s’est parfois mêlée aux réflexions sur les mesures à prendre pour le temps présent. Les recommandations pour envisager un meilleur avenir sont restées assez succinctes.

Table ronde 1 : Hitler, la propagande hitlérienne,

Une grande partie des interventions a été consacrée à Hitler, sa personnalité hors du commun, son magnétisme auprès des foules et sa très grande maîtrise de toutes les armes de la propagande, dont il fut l’initiateur. On rappellera sur ce point de la propagande hitlérienne qu’une exposition permanente lui a été consacrée dans les locaux de l’Unesco.

Rappel au cours des présentations de tout ce qui fut mis en œuvre de façon systématique pour favoriser le développement de l’entreprise nazie :

-promotion de thèmes mobilisateurs : humiliation de la population allemande après la première guerre mondiale, traité de Versailles, crise de 29 et pauvreté,

-déclinaison de ces mêmes thèmes par des messages spécifiques adressés à chaque couche de population bien identifiée selon les catégories sociales et les classes d’âge,

-définition et désignation d’une seule catégorie de personnes responsables de situations inacceptables : les juifs,

-mise en place, alors, d’une propagande de haine antisémite,

-usage de tous les moyens de communication de l’époque: radio (avec distribution quasi-gratuite de postes radio à la population), et contrôle des émissions, lancement de la TV dès 1935,

-mise en place d’écoles nazies de propagande.

Table ronde 2 : Aujourd’hui : Génocides, propagande et campagnes de haine, les résurgences du passé 

– une partie des échanges été consacrée au Rwanda et au génocide Hutu/Tutsi,

– ont été rapportés et décrits les méfaits des techniques actuelles de propagande et de communication avec l’usage déviant de l’internet et des réseaux sociaux, la multiplication des chaînes TV, susceptibles de véhiculer des images et discours choquants,

-une nouvelle sélection dans la désignation des nouveaux coupables, et la résurgence de l’antisémitisme,

-réapparition de propagande et discours de haine avec une grande violence verbale : les coupables désignés sont associés à des animaux malfaisants : cafards, rats et autres animaux nuisibles,

-passage de la haine au crime et au génocide: si les propagandes de haine sont bien avancées, les risques d’en arriver au passage à l’acte du génocide s’intensifient, il faut se soucier de cette menace.

Préconisation d’actions préventives à initier par l’UNESCO:

Éducation: démonter les mécanismes de haine, racisme, antisémitisme : respect dû aux réfugiés juifs, chrétiens, musulmans . .. : Une éducation à la mémoire et au devoir de mémoire : un exemple avec le mémorial d’Auschwitz,

Mise en garde: l’Europe s’est endormie sur le “plus jamais ça” depuis la fin de la 2è guerre mondiale, alors que l’on constate la résurgence des discours de haine,

– L’importance de la Parole : ont été rappelés les messages du Pape François condamnant la haine et notamment l’antisémitisme.

Conclusion du CCIC :

Les « ingrédients » qui ont favorisé l’avènement et le développement du nazisme ont été bien analysés. Le parallèle avec ce que l’on observe aujourd’hui a été intéressant mais les mesures suggérées pour endiguer tout ce qui entretient encore de nos jours la haine et la violence génocidaire paraissent bien modestes en regard de l’ampleur des phénomènes observés.

Denis CHAIGNE