Le 22 janvier 2020, cette journée a fait l’objet, d’une Conférence durant l’après-midi sur le thème : « Auschwitz-Birkenau : 75 ans après » et en soirée d’une Cérémonie Commémorative dédiée à la Mémoire des victimes de l’Holocauste. Un site très visité, des recherches historiques, sensibilisation et éducation des jeunes… Devoir de Mémoire, Esprit de Paix, « Plus jamais ça »… Au-delà du seul souvenir.
La conférence : Le Site. La Recherche, L’Éducation des Jeunes
La conférence a débuté par le discours d’ouverture de Mme Stefania Giannini, Sous-Directrice générale pour l’éducation de l’UNESCO, suivie de 3 tables rondes :
- Préserver le Patrimoine. Gestion des sites et mémoire collective, avec deux intervenants, Olivier Lalieu, Responsable de l’aménagement des lieux de mémoire et des projets externes, Mémorial de la Shoah, et Mechtild Rössler, Directrice de centre du patrimoine mondial UNESCO ;
- Étudier Auschwitz-Birkenau (A-B). Perspectives de recherche et liberté académique, avec deux autres intervenants : Piotr Setkiewicz, Chef du département de la recherche du Mémorial et Musée d’A-B. et Patricia Heberer-Rice, Directrice du Bureau de l’historien principal, Musée Mémorial de l’Holocauste aux États-Unis ;
- Sensibiliser les générations montantes : Faire face au passé et renforcer l’engagement des jeunes. Avec deux intervenants : Andrzej Kacorzyk, Directeur adjoint du Mémorial et Musée d’A-B, et Directeur du Centre International pour l’éducation sur A-B et l’Holocauste, Paul Salmons, Pédagogue et commissaire des expositions « Auschwitz, il y a peu de temps, pas très loin et voir Auschwitz ».
Le site : Les Chercheurs, le Tourisme de masse
Il s’étend sur plus de 200 hectares, sans compter des bâtiments et installations qui se trouvaient en dehors de ce périmètre. Aussi, la conservation historique de ce site pose des problèmes pour les habitants des habitations et villes environnantes qui souhaitent pouvoir aussi soit retrouver leur patrimoine, soit aménager et moderniser leur vie au quotidien.
De plus, les visites ont pris des dimensions nouvelles : les voyages d’études avec conférences visites des musées etc., représentent en moyenne 30 visites par an pour environ 3000 chercheurs et historiens ; le tourisme de masse, très international (« un jour on visite A-B, et le mois suivant le Château de Versailles… »), amène 2,5 millions de visiteurs par an avec ce que cela suppose d’infrastructures touristiques modernes et confortables… D’où des pressions liées aux demandes des responsables de ces activités dans leurs aspects commerciaux.
Les études historiques : un objet plus ciblé, des obstacles, un financement privé
Elles sont encore nombreuses, compte tenu notamment de la dispersion des archives, en Europe, aux États-Unis, et en Russie notamment. A cet égard les participants qui sont spécialisés dans la recherche de ces documents et leur examen, signalent par exemple que les archives des armées en Russie, sur A-B ne sont toujours pas accessibles même aux scientifiques.
Les recherches portent notamment sur le fonctionnement des camps, le comportement des gardiens S.S, dans le camp et dans leur vie quotidienne avec leurs familles, (« comme si de rien n’était, sur la nature de leurs actions… »).
Il y a aussi les interventions « politiques ». Ainsi, le gouvernement polonais estime que l’on en sait assez sur cette triste période, et fait obstacle à toute information relative au comportement antisémite de certains polonais à cette époque.
Il y a enfin des groupes de pression « négationnistes » désireux de réécrire l’Histoire, d’y associer la haine des homophobes… etc. ou de minimiser les actes commis.
En conclusion, les chercheurs estiment qu’il y a encore de nombreux travaux à mener, et, à cet égard, et font observer que les financements afférents initialement majoritairement publics sont maintenant le fait de fonds privés.
Auschwitz et l’éducation des jeunes : sensibilisation à l’Histoire de l’Holocauste, information… et/ou réflexion ?
L’enseignement de la jeunesse, et la prise de conscience à transmettre est peut-être moins simple qu’il n’y paraît.
Il s’agit de lui faire prendre connaissance des horreurs du génocide antisémite et qui pourrait se retrouver demain ou même aujourd’hui dans le monde à l’encontre des juifs ou de toute autre communauté humaine dont les caractéristiques seraient plus ou moins définies en fonction des violences latentes existantes ou créées de toute pièce.
Si le volet d’information des jeunes semble largement pris en compte dans les programmes scolaires de nombreux pays, par des conférences des photographies des films voire des voyages sur les sites, il reste la question : « Plus jamais ça, oui mais comment ?? ».
C’est cette question qui a été posée in fine par la modératrice (Nathalie Saint-Cricq, journaliste) et qui n’a recueilli que des réponses évasives de la part des intervenants.
Il est à noter enfin que sur ces trois thèmes, il n’y a eu aucun échange réel avec la salle qui comportait pourtant de nombreux assistants d’expérience, comme on a pu le noter par la suite.
La Cérémonie officielle : Cérémonie dédiée à la Mémoire des Victimes de l’Holocauste, prière, recueillement, émotion (le souvenir, la réconciliation, la Paix)
La cérémonie officielle avait le caractère habituel de ces manifestations en salle 1 de l’UNESCO, par les intervenants et leurs propos.
Les allocutions ont été prononcées par :
- Audrey Azoulay, Directrice Générale de l’UNESCO ;
- François Heilbronn Vice-Président du Mémorial de la Shoah ;
- Claudia Roth, Vice-Présidente du Bundestag allemand.
Suivies d’une prière du Grand Rabin Olivier Kaufmann, et du témoignage d’un rescapé de l’Holocauste : Marian Turski (nom de naissance Moshe Turbowicz).
Au début et à la fin de cette cérémonie, il y a eu des chants de la chorale « Moscow Male Jewish Cappella ».
Deux interventions ont surtout soulevé l’émotion de l’assistance : l’intervention de la Vice-Présidente du Bundestag et le témoignage du rescapé de la Shoah.
Madame Claudia Roth a commencé son discours par un vibrant : « MERCI ! ». Elle s’exprimait en tant qu’allemande et responsable politique, particulièrement touchée d’être invitée à cette cérémonie, où la réconciliation des peuples dans ces instances internationales est un soulagement à l’égard des citoyens d’un peuple qui vit durement ce passé qui, à bien des égards, lui a été imposé par la terreur et la violence.
L’autre intervenant marquant a été Marian Turski, qui en dépit de ses 94 ans, a fait revivre avec une émotion partagée, ces quelques 6-8 mois d’horreur, où la seule préoccupation est la survie, et que celle-ci provient d’un simple morceau de pain quotidien à sauvegarder, sinon c’est la mort, et la préoccupation est de pouvoir subtiliser le pain d’un mort sous son oreiller avant qu’un autre détenu ne l’ait déjà dérobé…
Ces quelques mots sont une conclusion…
Denis Chaigne et Dominique Glorieux