Table Ronde sur l’Industrie de la Mode en Afrique (UNESCO – 23 Septembre 2019)

Même si les industries du textile et de la mode en Afrique ont encore beaucoup de peine à se lancer et sont confrontées à un manque de capacité en approvisionnements textiles à des prix compétitifs, la période actuelle de l’économie mondiale peut leur offrir tout un potentiel de développement non seulement pour ce continent mais aussi au niveau mondial.

Propos introductifs tenus par trois intervenants : M. Firmin Matoko, Sous-Directeur Général du Secteur « Priorité Afrique et Relations Extérieures », l’Ambassadeur Rachel, Annick Ogoula Akiko, Présidente du Groupe Afrique à l’Unesco et Déléguée Permanente du Gabon à l’Unesco, et enfin M. Okony, délégué du groupe Access Bank au Nigéria.

Quatre idées mises en évidence 

  • Le secteur de la mode gagne du terrain en Afrique, et s’efforce de répondre au défi du développement de ce secteur, au plan international tout en conservant une création culturelle avec ses racines africaines.
  • Les obstacles sont à la fois d’ordre financiers, juridiques (et notamment en ce qui concerne le droit de la protection artistique et intellectuelle), économiques, formation/éducation et industriel.
  • Néanmoins, les entreprises de modes sont attachées à la tenue chaque année d’une « Fashion Week » à Paris ; Les objectifs sont d’atteindre les 7 milliards $ , en développant les chaînes de valeurs en concordance avec les ODD 8 (« travail décent et croissance économique » et 10 (réduction des inégalités).
  • Le secteur de la Mode en Afrique, (vêtements, costumes, robes, chaussures, marketing, édition, industrie) devrait générer un marché de l’ordre de 35 milliards de $, et attire déjà des capitaux.

Table Ronde sur les perspectives

Elle regroupait huit personnes des secteurs de la mode en Afrique, (Mali, Nigéria, Ghana, Bénin .. . ), chefs d’entreprises, consultants ou financiers. A noter aussi, une représentante d’une agence de développement des affaires du secteur Mode du Nigeria, et de Hélène Hai, Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel) pour le développement de l’industrialisation en Afrique qui est aussi PDG de « Made in Africa Initiative » et co-fondatrice de C and A Garments.

Les participants se sont accordés sur les nombreux besoins qu’il faut mieux pouvoir couvrir pour assurer le développement économique et industriel en Afrique qu’il s’agisse d’infrastructure, (par exemple pour l’eau et l’électricité), d’éducation/formation, d’organisation de la production (textile), de communication ou de publicité permettant d’accéder aux marchés internationaux de la mode, et des moyens financiers . . .

On aura noté particulièrement, les propos de Hélène Hai première intervenante du panel : la Chine, comme la Corée du Sud ou Taîwan, dans les années 60, était dans une situation économique analogue à celle de l’Afrique aujourd’hui, avec près de 600 millions de personnes proches du seuil de pauvreté qui en sont sorties en fin des années 70. Cinquante ans plus tard, donc aujourd’hui, la Chine est dans un tout autre contexte ; les conditions de son développement économique vont amener la création de 85 millions d’emplois délocalisés ailleurs dans le monde, et l’Afrique ici est bien placée pour profiter de cette redistribution des emplois.

Le textile, l’habillement, les chaussures font partie des activités industrielles que l’Afrique devrait pouvoir développer pour couvrir ses propres besoins et développer ses exportations.

Concernant le secteur de la mode et du textile, les efforts de l’Afrique devraient porter sur les infrastructures, le développement des marques et leur protection, la mise en place de bourses pour favoriser le financement de nouveaux créateurs, de nouveaux réseaux et le développement de marques de distribution.

Dans ce grand marché mondialisé de la mode, les Pays d’Afrique doivent aussi s’efforcer de développer la création africaine : il existe une culture africaine des couleurs et des matières textiles s (non seulement le coton mais aussi des fibres telles que le rafia ou la soierie), des styles de tissus et de vêtements que les créateurs peuvent adapter à une certaine demande des marchés extérieurs. Mais pour susciter la demande, il y a lieu de produire des efforts spécifiques, notamment en matière de prospection ou de promotion.

Certains intervenants ont indiqué l’intérêt qu’ils avaient rencontré de la part du public, lors de présentations à Paris.


En guise de conclusion

On retiendra le propos riche de promesses d’une intervenante :

« Le textile africain existe depuis le XIè siècle, nous avons pour objectif de répondre à la demande de clients existants et à venir qui veulent des produits 100% africains tant par les matières que par le style, y compris les produits fabriqués à la main ».
Deola Sagoe, créatrice de mode, fondatrice et directrice artistique de la maison DEOLA au Nigéria.