A l’occasion du lancement de ce guide dans sa version en langue française, se sont exprimées une dizaine de personnalités africaines en leur qualité de décideurs (ministres ou représentants de ministres de l’Education), ou d’experts (universitaires), pour aborder un thème « l’IA et l’Education » que l’Unesco entend traiter de façon approfondie au travers de forums de discussion ou de publications comme celle de ce guide qui sera suivie prochainement de la sortie d’un rapport plus complet. Ce webinaire a été coorganisé par l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’Institut de la Francophonie pour l’Education.

Sur cette question importante et finalement très ciblée soumise à discussion, les intervenants ont souvent été amenés à développer des réflexions plus générales touchant au numérique dont il est reconnu unanimement qu’il est maintenant partout présent dans les systèmes éducatifs, partout dans le monde et pour toutes les disciplines.

C’est ainsi qu’ont été rappelées les préoccupations à conserver présentes à l’esprit pour un bon usage du numérique et tout particulièrement lorsqu’il touche à l’IA : respect des droits de l’homme, inégalités d’accès (singulièrement en Afrique), contraintes économiques et financières, les biais et discriminations tenant au genre, etc

On se propose de mettre en exergue les quelques autres points qui ont retenu notre attention :

 – les observations :

  • Il parait comme un fait acquis que l’IA étend son emprise, et ce phénomène est jugé positivement. L’observation ainsi formulée n’a pas été assortie d’indications plus précises sur les formes de ces nouveaux usages qui touchent, dit-on, toutes les disciplines.
  • Parmi les bienfaits de ces nouvelles pratiques éducatives, on aura noté : une plus grande autonomisation et, ce qui va de pair avec elle, la personnalisation des parcours avec possibilité d’un bon suivi des évolutions (c’est toute la question des évaluations que peut favoriser le recours à l’IA)
  • L’avantage souvent signalé touche à la gestion : l’IA permet de soulager les acteurs du système éducatif en prenant en charge beaucoup de tâches avec de la valeur ajoutée.
  • Si l’on a compris que l’IA peut gagner à être utilisée pour l’enseignement, il n’a pas été précisé comment peut être produit cet effet de levier.
  • Observation qui vaut plus généralement pour le numérique : l’IA doit rester une préoccupation d’intérêt général ; elle doit s’inscrire dans le cadre de stratégies à définir par les politiques ; il faut un cadre juridique (une règlementation, des lois) , notamment pour protéger les personnes, et en particulier les données personnelles , étant observé que les systèmes d’IA reposent fondamentalement sur les « big data » : qualité des données, connaissance des sources.
  • Au-delà des aspects juridiques, l’IA doit rester « centrée sur l’humain » : Madame Stefania  Giannini  (Directrice Générale Adjointe en charge de l’Education) a rappelé ce principe dans son propos introductif en faisant allusion au consensus de Pékin qui l’avait déjà mis en évidence en 2019.
  • Il y a une mutation engagée qu’il faut penser en ayant une nouvelle façon de voir les choses avec une pleine prise en compte des valeurs éthiques et des approches équilibrées lorsque l’on intègre des composantes IA dans les programmes et les pratiques éducatives.
  • Lors de l’intégration de ces outils, il importe de s’assurer de la qualité des interactions entre l’homme et la machine, et de vérifier s’ils répondent bien aux besoins des utilisateurs : on doit éviter le risque de voir se déployer des applications conçues par des informaticiens qui prennent mal en considérations les spécificités (et les requis) de l’éducation.
  • Outre la qualité des logiciels, les compétences pour les utiliser sont un autre prérequis sur lequel insister : les acteurs du monde éducatif doivent savoir les utiliser et comprendre leurs conditions de fonctionnement. S’il y a évidemment à sensibiliser les personnes concernées aux grandes questions que soulève l’irruption de l’IA dans les enseignements, il faut aller plus loin et donner aux professeurs des compétences et les rassurer avec des outils d’assistance ; il faut leur donner confiance.
  • Les échanges entre parties prenantes (notamment entre enseignants) sont un autre bon moyen pour parvenir à bien exploiter les ressources de l’IA. A cet égard, un intervenant a souligné toute l’importance du réseau KIX, comme pôle de coopération internationale sur les politiques en matière d’éducation et de formation.
  • Il ne doit pas s’agir d’opérer des bouleversements drastiques : un intervenant insiste ; l’humain ne saurait être éliminé au profit de systèmes type CHAT GPT d’une part, et, d’autre part, l’utilisation de l’IA ne doit pas amener une disparition complète de l’éducation dite « classique » .
  • S’il n’est pas question de douter de l’efficacité de ces nouvelles technologies très « transformatrices », on doit éviter d’en faire un usage excessif : face à l’abondance des offres, il est recommandé d’en avoir une approche sobre, et de bien mesurer les conditions d’accès, en ayant notamment le souci des populations les plus défavorisées ou vulnérables.     

– la présentation du guide

Ce guide «IA et éducation: guide pour les décideurs politiques » comporte en préalable quelques explications sur ce qu’on entend par l’IA et donne des principes à respecter.

Il souligne ce qui est à voir prioritairement en suggérant d’engager les initiatives avec des visions de long terme.

Le document vise à bien faire comprendre de quoi il retourne avec la collaboration « Homme-Machine » qu’organise l’IA pour trois domaines clefs de l’Education (l’apprentissage, l’enseignement et l’évaluation) avec l’analyse des limites et des risques qu’il faut savoir bien mesurer au regard des pratiques.

Sont relevés les grands défis : la fracture numérique qu’il faut réduire, les contrastes entre le Nord et le Sud, l’assimilation des outils fondés sur l’IA (le défi de l’utilisation), le respect de l’humain, la formation pratique des enseignants, ces derniers devant rester au cœur de ces problématiques.

Ce guide a été conçu pour aider les décideurs à mener leurs politiques avec des indications pertinentes pour leur élaboration comme pour leur pilotage et à en évaluer les résultats.

 – un développement particulier sur CHAT GPT

  • Deux sujets sont à examiner de près : les données qui nourrissent le système massivement et en continu, et les conditions du dialogue.
  • L’important est d’avoir constamment l’esprit en éveil (l’esprit critique), savoir faire la part des choses, comprendre et bien juger avant de décider ou utiliser ce qui résulte des algorithmes de traitement, rester raisonnable et éviter les débordements (ex : fausses informations, mise en danger des élèves, sur-consommation)

En savoir plus :

Présentation, note conceptuelle et programme