Dans le chaos du Moyen Orient, l’enseignement catholique et francophone, dans un contexte de laïcité adaptée où 40% des élèves sont musulmans, n’est pas en régression car il représente des valeurs que ne véhicule pas l’anglais. Une francophonie, non franco-centrée mais orientée sur le français est un germe d’éducation à la paix dans le cœur des enfants, contribue à sortir de la mentalité patriarcale et conduit l’homme à vivre dans sa nature, dans son pays, dans la laïcité et dans sa foi.
Ce colloque, organisé par l’Œuvre d’Orient, avait pour objectif de présenter aux institutions internationales en charge de la francophonie, un état des lieux de la francophonie au Moyen Orient au travers des expériences et des témoignages des responsables d’établissements qui maintiennent l’enseignement en français et de la langue française.
Le panorama des établissements scolaires catholiques français dans le monde (Réseau Racine) fait apparaître, selon les chiffres de l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger dépendant du MAE), environ 500 établissements et 336 000 élèves.
L’universalisme ainsi manifesté, son caractère non « franco centré », une francophonie orientée vers le français sont les traits majeurs qui sous-tendent la volonté du Gouvernement français de maintenir ce réseau avec un budget de 500 Millions €, dont 100 Millions pour des bourses qui bénéficient à 22% des élèves.
Les 40 établissements catholiques présents au Liban sont un havre de paix manifestant, dans ce contexte, une laïcité adaptée. Le français ne disparaît pas, car il représente quelques valeurs que ne véhicule pas l’anglais. De nouveaux établissement font la demande être homologués « français », avec une réorientation vers le multilinguisme. Ce qui nécessite un effort de formation, une priorité de l’AEFE qui l’a fait progresser de 7 à 40 jours annuels. On n’observe pas de retrait, sauf en Syrie.
Le Liban reste le premier pays d’enseignement français où l’on recense 23 établissements des Filles de la Charité avec environ 15 000 élèves. Le rattachement au champ de l’Éducation Nationale via l’homologation crée une surcharge financière et le recours à du personnel titulaire français en expatriation, non sans participer au financement de l’AEFE (1% du Chiffre d’affaires).
Pour Mgr Pascal Gollnisch, Directeur de l’Œuvre d’Orient, le Moyen Orient doit inventer sa forme spécifique de laïcité et contribuer à la formation d’un esprit critique tout autant que l’apprentissage de la vie commune. 40% des élèves sont musulmans. Il faut veiller à faire de l’École un environnement français car on peut craindre que la Russie remplace peu à peu la France au Liban.
L’expérience d’OMS auprès des enfants s’appuie sur les grandes souffrances vécues, dans la ligne du Service jésuite des Réfugiés. La culture française et l’approche jésuite sont une aide essentielle qui permet de garder l’espoir. A cela divers points :
La formation francophone est le moteur du projet. L’acquisition de bagages intellectuels est nécessaire pour avoir une approche lucide des problèmes. Le pragmatisme et l’urgence des situations ont amené à transformer des centres de catéchisme en centre de formation pour tous les enfants, quelques soit leur confession.
La mission est de jeter la bonne semence pour qu’elle fleurisse dans le désert de la Syrie. Il faut une éducation à la paix pour guérir de la violence et planter des germes d’avenir dans le cœur des enfants. A cela certaines conditions :
Trouver une approche différente de l’autorité,
Sortir de la mentalité patriarcale,
Arriver à une approche positive de la politique dans un pays (Syrie) où la liberté de parole est mesurée.
Il faut développer, par ailleurs, des initiatives de réconciliation.
S’accepter les uns les autres,
Utiliser le Théâtre (enfants et adultes),
Toucher les parents par les enfants (association ADYAN),
Rejeter la violence,
Encourager le dialogue entre les religions (ex : Université Saint Joseph).
« L’homme doit apprendre à vivre dans une nature, un pays, une société dans la laïcité et dans sa Foi »