Les enjeux culturels et spirituels de la conversion écologique :
thème majeur des interventions aux Bernardins
du Cardinal Reinhard Marx et de l’ancienne Commissaire européenne à l’Environnement Mme Hedegaardle
le 29 Octobre 2015
Intervention du Cardinal Reinhard Marx
Président de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE), archevêque de Munich :
La conversion écologique est vitale pour préserver la « Maison Commune ». Le climat est un enjeu mais aussi les inégalités sociales.
Nous devons repenser nos rapports à l’économie et à la technologie :
- Quel est le futur réalisable acceptable ?
- Comment aller au-delà de l’impérialisme du marché ? Et introduire la notion de responsabilité ?
La recherche du bien commun passe par l’écologie intégrale et une nouvelle notion du progrès requiert l’action de tous. Les pays riches doivent agir, car ils ont des dettes écologiques vers les pauvres.
Comment agir ?
Deux voies selon l’Encyclique :
- Une gouvernance mondiale (§53 et §169)
- La responsabilité individuelle : changer de comportement, utiliser la liberté responsable de l’homme, comprendre que l’homme n’est pas Dieu.
Intervention de Mme Connie Hedegaard
Ancienne Commissaire européenne et présidente de la fondation Kann :
Créer le changement, ne peut pas vouloir dire ‘business as usual’…car nous sommes confrontés à au moins 5 problèmes :
- Le changement climatique et ses effets « papillon » multiplicateurs,
- Les inégalités sociales,
- La finance globale sans gouvernance globale,
- Le « courtermisme » des politiques,
- La pensée en « silos » doit laisser la place à une nouvelle organisation holistique et matricielle, approche systémique.
Il faut traiter simultanément le politique, l’économique, les entreprises et les individus.
Les solutions sont à notre portée, par exemple :
- Développer le recyclage et la récupération,
- Promouvoir la qualité et non la quantité,
- Décider sur le long terme et pour cela intégrer tous les coûts,
- Inciter économiquement aux changements souhaités.
L’économie de marché nécessite un cadre de gouvernance, car l’OMC ne suffit pas et il faut penser à créer une gouvernance économique plus globale avec un pouvoir politique fort.
Il faut corriger les anomalies du système économique, avec par exemple des coûts plus élevés pour les biens et services qui polluent ou des énergies inefficaces.
Il faut aussi :
- Changer les critères de rentabilité et performance,
- Revoir le concept du temps,
- Donner la parole à la société civile,
- Accorder toutes ces mesures avec les exigences de la compétitivité mondiale.
Discussion :
Le capitalisme est réformable, car sans changement une organisation n’est pas vivante, mais il faut surmonter les intérêts individuels et égoïstes des états.
Peut -être faut-il envisager une décroissance ? La décroissance pourrait permettre par exemple d’équilibrer les pays pauvres et riches. La finance doit aussi pouvoir aller investir dans les pays pauvres.
L’Union Européenne traverse une crise grave, mais elle doit mettre en place entre les états des objectifs plus contraignants et avoir l’ambition de contribuer à un monde meilleur.
Par ailleurs, il faut sortir du paradigme ‘techno-scientifique’ et envisager un nouveau paradigme pour les jeunes avec 3 axes :
- Partager au lieu de posséder,
- Qualité de la vie au lieu de consommer,
- Priorité à la famille sur l’individu.
Marc Toillier – UNIAPAC