Fondée en 1839 par Sainte Jeanne Jugan en Bretagne, les Petites Sœurs des Pauvres est une congrégation religieuse catholique internationale. La principale mission des Petites Sœurs des Pauvres est d’être au service des personnes âgées en situation de pauvreté, sans distinction de cultures ou de religions. Les personnes âgées pauvres sont accueillies dans les maisons de la Congrégation, au sein desquelles elles sont accompagnées dans le respect de leur dignité, jusqu’au terme de leur vie. A ce jour, la Congrégation est implantée dans plus de 31 pays.
Les Petites Sœurs des Pauvres sont notamment établies en Algérie, où elles possèdent deux maisons – l’une à Oran et l’autre Annaba.
A l’instar du reste du monde, la Congrégation est aujourd’hui à l’épreuve de la Covid-19. Les mesures prises par le gouvernement Algérien pour endiguer la propagation du virus a eu d’importantes conséquences sur la vie quotidienne des maisons d’Oran et d’Annaba. Faute de transports durant le confinement, le personnel aidant a drastiquement diminué, augmentant la charge de travail pour les sœurs déjà en sous-effectifs.
Durant le confinement, seules quatre sœurs et cinq membres du personnel ont pu être présents dans la maison d’Oran, dont la capacité d’accueil s’élève à 80 personnes. En réponse, les personnes âgées de la maison se sont rapidement mobilisées pour leur venir en aide. Les activités quotidiennes se maintiennent grâce à la solidarité de tous, les uns aidant aux soins essentiels auprès des plus malades, les autres à la cuisine et à la vaisselle.
Avec l’aide 8 employées, 6 sœurs se consacrent aux 37 personnes âgées habitant dans la maison d’Annaba. Lors de la suspension des transports en commun, les employées ne pouvant se rendre à la maison, un volontaire a accepté d’assurer leurs aller-retours quotidiens, garantissant ainsi la continuité des activités de la maison. Le Père Fred assure quant à lui les sorties et déplacements essentiels, avec Sœur Moira. Enfin les communications téléphoniques permettent le contact à distance avec le docteur de la maison.
“Que les personnes en responsabilité prennent conscience et préoccupation des petits de notre terre, et combien les personnes âgées sont pauvres et vulnérables, mais aussi qu’en ehpad nous pouvons vivre des belles choses. Ce n’est pas un modèle périmé et il est une réponse contre l’isolement, la solitude. Nous sommes heureuses d’offrir et de partager ces lieux de vie avec les personnes âgées pauvres.”
Message de Mère Benoîte, Assistante générale (Saint Pern, le 19 septembre 2020)
La vie au cœur du confinement à Oran
En raison de la situation actuelle, il nous manque beaucoup d’employés, mais ce qui est formidable c’est que les personnes âgées nous aident beaucoup. Voyant que nous n’avons que cinq membres du personnel qui viennent à la maison pour travailler, les messieurs valides se sont présentés pour nous aider ; tous ont quelque chose à faire.
Également avec les dames valides : deux font le ménage et deux viennent à l’infirmerie tous les soirs pour aider à faire manger les plus infirmes ; et puis, trois autres viennent le soir faire la vaisselle, essuyer les tables, balayer et mettre la table.
À l’infirmerie des messieurs, deux hommes plus valides aident la Petite Sœur pour faire la vaisselle et mettre le couvert. À la grande salle à manger, ce sont nos Résidents qui nous aident, matin, midi et soir ; quelques dames sont à la cuisine.
Lorsqu’il n’y avait pas la veilleuse de nuit, un Résident a dit à la Petite Sœur : « Ma Sœur, je vais vous aider. Je veux travailler la nuit, je resterai à l’infirmerie des messieurs à côté de la sonnerie. Si quelqu’un appelle la nuit, je vais vous téléphoner ; comme ça, vous pouvez dormir un peu. » C’est vraiment très touchant et quand on les remercie, ils nous disent : « Ma Sœur, je suis chez moi, ici c’est ma maison, vous n’avez pas besoin de me dire merci ».
La vie au cœur du confinement à Annaba
Le samedi 21 mars le soir nous avons fait une procession en priant le chapelet et tenant un lampion allumé. Nous sommes partis de notre chapelle avec le Père Hillary, et fait le tour de notre maison, ensuite nous nous sommes arrêtés devant la basilique puis le presbytère et la grotte de Lourdes. Pour clôturer cette prière nous avons chanté ensemble les complies et demandé au Seigneur de nous protéger de ce fléau. Nous avons répété cette procession, le samedi suivant mais cette fois le temps était au beau, nous avons eu la procession avec le St Sacrement que le Père Hillary a porté pour bénir notre maison et du parvis de la basilique la ville d’Annaba des trois cotés. Nous mettons toute notre confiance dans le Seigneur qu’il nous protège de cette pandémie qui continue à progresser à travers le monde faisant beaucoup de malades et de morts. Cette procession a pu se faire tous les samedis jusqu’au 18 avril, car une fois le ramadan commencé nos horaires ne nous le permettaient plus et nous avons beaucoup de travail supplémentaire au moment du L’ftour.
A partir du 22 l’ordre du confinement des citoyens a été décrété en Algérie. Nous avons reçu l’ordre de rester chacun dans sa maison et tout rassemblement est interdit pour une quinzaine de jours jusqu’à nouvel ordre.
Nous avons du fermer à clé la porte d’entrée car nos résidents ne comprennent pas tellement la nécessité du confinement. Ils aiment tant aller faire en ville un petit tour pour acheter leurs petits besoins personnels et surtout aller à la poste pour recevoir leur pension. C’est un gros sacrifice pour eux de ne pas avoir de visite de leur famille et que toutes les animations de l’extérieur sont annulées. Nous essayons ce compenser ces manques par plus d’attention personnelle envers chacun. Une ou deux personnes âgées nous aident pour éplucher les légumes, arroser et balayer le jardin, plier le linge.
En ce temps de confinement général le Seigneur pourvoit à nos besoins. Nous avions juste envoyé notre lettre pour le ramadan avant la pandémie et nos bienfaiteurs répondent généreusement à nos appels et nous apportent très souvent des dons. Nous avons reçu de produits alimentaires et d’hygiène de la part de nos bienfaiteurs qui téléphonent, demandent de nos nouvelles et ce que nous désirons. Un jeune de l’Association Ibtassime a pris à cœur nos besoins et les a mis en réseau sur leur site, il a également contacté les autorités compétentes afin que la donation gratuite de lait qui venait de nous être supprimée nous soit redonnée sans tarder. Que Dieu bénisse et protège tous ceux qui font preuve de tant de fraternité et de dévouement envers les pauvres
Nous avons juste quelques employées qui viennent nous aider pour assurer les soins essentiels des résidents, la cuisine, la buanderie. N’ayant plus de transport public pour nos employées, un ami de la maison à accepter de venir chaque jour pour amener les employées le matin et assurer leur retour, il nous rend également de nombreux autres services avec beaucoup de gentillesse. Nous nous organisons pour faire face au surcroît de travail et accepter généreusement les difficultés que nous devons assumées. Nous avons la chance d’avoir le Père Fred qui est devenu le chauffeur pour les sorties essentielles avec Sr. Moira : aller chercher le pain, le lait, les médicaments, assurer les rendez-vous médicaux etc. Le docteur de la maison est à notre disposition pour tous nos besoins par communication téléphonique cela nous évite de nous déplacer. C’est un réconfort pour nous toutes.
En ce temps de surcroît de travail, nous avons l’occasion de travailler plus étroitement avec nos employées, nous appréciant les unes les autres .Malgré le fatigue et la frustration, qui nous rendent plus impatientes et vulnérables, avec nos faiblesses nous vivons la joie de notre 4eme vœux : l’hospitalité. Nous avons de la chance avoir la célébration Eucharisties quotidienne célébré par Père Armand. C’est là notre force et le sommet de notre prière. Les diverses prières communautaires nous unissent les unes aux autres. Une famille qui prie ensemble reste ensemble.
Notre mission particulière est l’apostolat des Personnes âgées pauvres, dans la fidélité à l’inspiration charismatique de Notre Fondatrice Sainte Jeanne Jugan. 
Quand le travail nous apporte des difficultés et des épines, nous saurons les affronter et les surmonter animées d’une pleine confiance en Dieu.
Notre apostolat évangélique, si humble et laborieux qu’il soit, sera toujours pour nous le plus cher à notre cœur.
Notre peur c’est que nous ne sommes que 6 sœurs, 8 employées et 37 personnes âgées dans la maison au cas ou l’un ou l’autre de nous soit contaminé : comment allons nous faire ?… Nous vivons au jour le jour sous la protection de la Vierge Marie et de son Fils Jésus.
« Rien ne peut nous donner chaque soir une consolation plus solide que la pensée d’avoir accompli fidèlement et à chaque minute notre devoir durant tout le jour, avec une intention pure une abnégation généreuse et un cœur content »
