Journée Internationale dédiée
à la mémoire des victimes de l’Holocauste
UNESCO
27 janvier 2019


(Rappel historique : le 27 janvier 1945 est la date de l’entrée des soviétiques à Auschwitz)

Cette Journée Internationale a été commémorée à l’UNESCO par la projection du film « Qui écrira notre Histoire », précédée d’une allocution de la Directrice Générale, Audrey Azoulay et d’une autre d’Eric de Rothschild, Président du Mémorial de la Shoah.


La projection du film a été suivie d’une table ronde à laquelle participaient Roberta Grossman, réalisatrice et productrice, Samuel D. Kassow, historien et Nancy Spielberg productrice exécutive.

Pour cette journée mondiale, la cérémonie était reliée en duplex, avec plusieurs autres dont Washington et Varsovie.


Les propos de la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, ont porté sur la vocation de l’UNESCO, à s’opposer dans tous les secteurs de sa compétence, pour le futur, à de nouveaux génocides, en étant notamment attentifs à tous les mécanismes qui ont abouti à « cette chose inexpiable » de la Shoah. Il est du domaine de l’UNESCO de former les professeurs et les jeunes dans la connaissance de ces faits et sur les moyens à mettre en place pour qu’ils ne se renouvellent pas.

Eric de Rothschild a évoqué le génocide de 760 000 juifs européens, dont 75 000 français, sur la disparition des derniers témoins et sur la nécessité d’entretenir la mémoire auprès des jeunes pour ne jamais renoncer à s’opposer à toute expression de haine et de violence, même si certains événements de cette fin du XXème siècle ou du début du XXIème, (Rwanda, Cambodge…) peuvent susciter des inquiétudes.


Le Film : « Qui écrira notre Histoire », relate l’histoire du Ghetto de Varsovie, quartier de la capitale où les juifs polonais avaient été regroupés par les allemands dès 1939, dans des conditions de vie telles que, par manque de nourriture et d’hygiène, le nombre de décès n’a cessé d’augmenter.

Aussi dès septembre/octobre 1939, à l’initiative d’EMANUEL RINGELBLUM, une soixantaine de juifs polonais formèrent un groupement clandestin « OYNEG SHABBOS », dans le but de consigner, par des témoignages (écrits, photos, documents divers) toutes les exactions, tortures et exécutions auxquels les juifs du Ghetto étaient soumis par les allemands. Ils se situaient dans l’hypothèse selon laquelle, probablement la totalité de la communauté juive serait exterminée, et sur la nécessité de laisser un témoignage historique au monde entier, sur ce qui s’était passé, et pas seulement dans la version nazie.

Ces documents ont été stockés régulièrement tout au long des années 1939-1943, dans des caches dont seuls, quelques membres, 3 ou 4 maximum, connaissaient l’emplacement. Le travail s’est achevé en janvier 1943, alors que les 60 membres d’Oyneg Shabbos, n’étaient plus que 4 ou 5. Les documents étaient contenus dans 10 boîtes métalliques et 2 bidons de lait. La destruction du ghetto, lors de sa révolte en mai 1943, et la destruction de Varsovie en 1945, ont rendu très difficile la découverte de ces archives, entre 1946 et 1950, dans 2 caches. La troisième cache n’est toujours pas retrouvée à ce jour. (On dit qu’elle pourrait se trouver sous l’ambassade de Chine). Ces recherches étaient d’autant plus difficiles dans les ruines de Varsovie, qu’il n’y avait à la fin de la guerre qu’une seule survivante du groupe Oyneg Shabbos, Rachel Auerbach, (décédée en 1976).

En 1999, ces archives, le plus souvent en très mauvais état, et objet de traitements numériques divers pour les reconstituer, ont été classée par l’UNESCO dans la liste Mémoire du Monde.

Sur la base de ces archives, le film reprend scrupuleusement l’histoire du Ghetto, sa révolte et les départs pour Auschwitz, telle que l’ont vécue les juifs qui s’y trouvaient et notamment les membres du groupe Oyneg.


Débats

Les échanges entre les membres de la table ronde, animée par Stephen Smith, titulaire de la chaire UNESCO pour l’éducation au génocide, ont porté sur :

  • La qualité historique du film : les réalisateurs ont indiqué qu’en plus des entretiens que certains avaient eus avec des survivants, ils se sont attachés à respecter « à la lettre » les documents trouvés dans les archives. Ce n’est donc pas une histoire romancée, mais de bout en bout un document historique ;

  • Il s’agit d’un témoignage « de mémoire » au sein même de la communauté juive : « cette histoire est écrite par nous et pour nous » ;

  • Il s’agit d’une mémoire mondiale : la séance à l’UNESCO était reliée en vidéo avec d’autres réunions commémoratives dans le monde, et notamment Washington et Varsovie, où plusieurs intervenants ont pris la parole à l’adresse de l’UNESCO Paris. A signaler le témoignage d’un juif polonais rescapé d’Auschwitz, particulièrement émouvant ;

  • En conclusion de Nancy Spielberg, le rappel d’un document du créateur et animateur du groupe Oyneg Shabbos, Emanuel Ringelblum : « J’aimerai bien vivre le moment où ces documents seront trouvés…»


Le livre « Qui écrira notre histoire » (éditions Grasset)