Le Forum UNESCO/Netexplo constitue une opportunité de découvrir les nouvelles tendances émergentes de l’utilisation de la technologie numérique, et de rencontrer les créateurs de ces innovations.
Ce Forum a été l’occasion de découvrir les innovateurs internationaux les plus prometteurs d’aujourd’hui dans le domaine de la technologie numérique, et qui inventent de nouvelles formes d’éducation, de communication, d’information, de solidarité et de gestion dans le monde entier. Ces innovations ont un impact sur la manière dont les acteurs des secteurs public et privé réfléchissent aux questions de développement, au dialogue et à la diversité. Elles influencent l’élaboration de nouveaux programmes et stratégies.
Le 11ème Forum UNESCO Netexplo a eu lieu les 13, 14 et 15 février 2018 à la Maison de l’UNESCO à Paris. Il récompense les innovations et les talents émergents du monde numérique dans 10 domaines clés : Intelligence Artificielle, Big Data, Bioech, Blockchain, Cybersécurité, Jeux, IoT, Robotique, Médias Sociaux et impression 3D.


NETEXPLO : le Forum des TALENTS Journées du 14 et 15 février 2018

Un monde en pleine transformation/Nouvelles techniques, nouvelles façons de travailler, nouvelles compétences, nouvel esprit

Introduction

Les bienfaits de la révolution numérique sont fantastiques. La consultation des sites, l’utilisation des applications, les achats sur Amazon, les messages sur Facebook, les objets connectés… Mais à côté de cette face de lumière, il y a l’ombre. Des algorithmes puissants traitent des milliards de données laissées sur Internet. Ils nous rendent complètement transparents pour les plateformes. Celles-ci connaissent ce que nous mangeons et aimons, notre statut matrimonial, notre religion… Facebook, qui compte deux milliards d’utilisateurs, détient en moyenne 98 renseignements sur chacun d’entre eux… et les recoupe pour nous «profiler».

Notre civilisation européenne et plus encore française, a inventé, avec les Lumières, l’idéal de la transparence: en finir avec le secret du pouvoir…

Comment la transparence s’est-elle transformée en tyrannie pour l’homme ?

Alors oui, Big Data pourrait devenir Big Brother. 

Et pourtant comment un monde de plus en plus technologique peut-il quand même devenir un monde plus humain ?


FORUM DES TALENTS les 14 et 15 Février

Un nouveau vocabulaire du Digital a éclos. Le milieu parle de :

Intelligence Artificielle, Big Data, Biotech, IoT, Gaming, Blockchain, Impression 3D, Cyber sécurité.

Ces termes ont et vont avoir un impact majeur sur la relation client, l’accompagnement des collaborateurs, les nouvelles formes de travail. Ils bouleversent les habitudes, renversent les organisations et les hiérarchies existantes et plus encore métamorphosent les mentalités.

Avant de récompenser des talents sur chacun de ces termes, des experts mondialement reconnus se sont succédé pendant 2 journées pour exposer l’état de l’art sur ces sujets.


Mais d’abord que veulent dire tous ces termes ?

  1. IA : Intelligence Artificielle

Peu croyait à l’utilisation importante de l’IA il y a 20 ans, comme peu croyait au développement de la toile (web) avant l’avènement de la bulle internet.

Trop de données sont sur Internet, ce qui les rend rapidement inutilisables sans recours aux outils informatiques. Il faut les structurer et en extraire des tendances par type d’utilisateur, pour certaines activités ciblées. C’est le but de l’IA : faciliter la vie des utilisateurs en leur proposant des choix s’adaptant à leur profil.

Aujourd’hui les experts déplorent trop d’automatisation dans les processus pas assez « mise en capacité » (empowerment) des utilisateurs. Dans l’avenir, la relation entre les 2 acteurs devra être plus interactive.

Exemple d’objectif de l’IA en matière médicale : avoir un chirurgien en contact avec des endroits différents pour aider à opérer plutôt que de remplacer le chirurgien actuel. L’IA aidera un chirurgien sur place à opérer à distance grâce à l’expérience de centaines d’autres chirurgiens stockée dans le programme.

Pour les consommateurs, l’IA propose des actions adaptées à un profil prédéterminé. De plus elle permet de faire plusieurs choses en même temps et par exemple en ne se déplacent plus pour rechercher et réserver un train.

Les algorithmes sont des outils programmés qui déterminent d’abord votre profil d’utilisateur au milieu de centaines de millions d’autres personnes en fonction des choix (relatifs à des achats, des goûts…) ou des questionnaires auxquels vous avez répondus auparavant. Ensuite ils vous proposent de nouveaux choix (par exemple, vous aimez tel chanteur, alors l’IA vous proposera d’acheter le CD d’un autre chanteur du même style).

Les algorithmes pourront aussi renseigner une entreprise où se trouve le marché pour chaque type de produit qu’elle veut mettre en vente et ainsi déclencher une campagne de publicité.

Or aujourd’hui, ces algorithmes sont basés sur des maths d’il y a 20 ans… Il n’y a pas eu de changement majeur dans la construction de ces algorithmes depuis longtemps.

Malheureusement, l’IA peut aussi donner un résultat biaisé par une mauvaise sélection des data (par exemple, on ne prend en considération que les attentes des hommes et non des femmes pour proposer des vacances) ou un algorithme est influencé par des prescripteurs (on oublie les données d’un compétiteur dans le choix proposé entre différents produits). On est alors dans la manipulation.

AI peut aussi rendre bête (!), par exemple dans le guidage par GPS car rapidement on ne sait plus se servir d’une carte, ni mémoriser un parcours.

Le marché américain est leader car il prend d’avantage en compte l’importance de la rapidité de la mise en œuvre de l’IA. De plus, les autorités américaines interviennent très peu pour ne pas freiner les applications, quelques fois sans exercer le principe de précaution. L’Europe rattrape son retard… l’IA est maintenant omniprésente et très peu sont les secteurs ou elle n’est pas utilisée.

Certains comme Luc Julia VP innovation chez Samsung / fondateur de Siri pensent que l’IA n’est qu’une automatisation d’une connaissance, et ne mérite pas encore le nom d’intelligence. Ce le sera quand elle sera capable de créer un objet ou un service qui n’existe pas.


  1. BIG DATA

Le Big Data est simplement la mise en commun massive de données collectives procurées gratuitement par les individus et les groupes humains pour le profit de grandes Sociétés, le plus souvent américaines (Facebook, Tweeter, Amazon…) Cela représente des quantités de données phénoménales.

Dans le cadre des activités des Entreprises, le Big Data améliore leurs 2 objectifs : tout d’abord la production, en optimisant la chaîne d’approvisionnement en dégageant les tendances de consommateurs et leurs attentes. Ensuite et avec la même démarche, les services sont plus efficaces en prédisant le comportement de chacun : on le fait acheter mieux et plus.

La pertinence des algorithmes est plus importante que leur performance. Comprendre les paramètres qui rentrent dans la confection d’un algorithme permet de détecter quel sera le paramètre décisif pour tel type d’utilisateur et ainsi de contrôler la pertinence de la réponse.


  1. ROBOT

Ce mot vient du mot russe « rabota » qui veut dire travail.

« un robot d’agrément » (comme il y a des chiens d’agrément), qu’on peut caresser et qui vous parle en anticipant les besoins de son maître grâce à l’intelligence artificielle.

La plupart des robots reproduisent des tâches industrielles répétitives (découpe du tissu, du métal, la soudure…) souvent fatigantes et qui pouvaient être dangereuses pour les opérateurs dans le chimique ou le nucléaire par exemple. On y gagne en rapidité, en précision et en qualité constante. Une révolution dans les compétences requises chez les opérateurs a été nécessaire.

Parallèlement a ce changement, le besoin de développer un certain type de robot s’est fait sentir au Japon.

En effet la population vieillit et les jeunes comme les vieux souffrent de solitude. Les chercheurs japonais ont alors développé le « robot compagnon ».

C’est donc une présence humaine que la technique apporte ici grâce à une relation visuelle et orale avec un objet qui peut se toucher.

Pour les personnes âgées, le robot répond aux questions, aide à la décision, rappelle ce qui est oublié. Il combat la solitude.

Les jeunes, habitants des grandes villes, viennent souvent de la province (seulement 25% des habitants de Paris sont d’origine parisienne). Les citadins sont souvent seuls. Ils recherchent de la chaleur humaine dans le robot qui est en quelque sorte un chien qui peut en plus être caressé mais peut aussi parler, répondre, proposer des sorties, des achats, danser, chanter… La photo ci-joint montre un exemple de robot présenté à Netexplo par une japonaise de 22 ans : on dirait un petit fantôme blanc… Sa société vient de lever 80 millions de dollars pour continuer à son développement.


  1. IMPRESSION 3D

Les photocopieurs sont des machines d’impression 2D. L’impression 3D permet de produire un objet qui ne pourrait pas être moulé, à partir d’un fichier électronique qu’on peut donc envoyer presque partout. La machine développée à cet effet projette de la poudre sur une petite couche de quelques microns d’épaisseurs qui représente une tranche de l’objet final. Grace a un rayon laser très précis, cette poudre photosensible durcit à certains endroits définis dans le fichier électronique. Finalement la juxtaposition des couches reproduit l’objet demandé avec une grande précision. De nombreux matériaux peuvent être imprimés et colorés, du nylon au métal. Par exemple des pièces d’avion en titane sont imprimées sur les porte-avions américains en tout endroit du monde, ce qui évite d’avoir à bord un stock de pièces détachées importants. Le milieu médical est aussi très friand de cette technologie pour les prothèses comme l’illustre la photo ci-contre. Des laboratoires cherchent aujourd’hui à imprimer des cellules vivantes.

Au niveau du grand public, le défi actuel de l’impression 3D est de passer de la production de prototypes de petites séries à la grande série pour abaisser la barrière des coûts. Deux obstacles existent aujourd’hui, qui sont un frein pour les utilisateurs : d’une part le coût des machines qui produisent des pièces de bonne taille (de 200 000 à 1 million d’US$), d’autre part la compétence élevée de l’opérateur pour le maniement des fichiers 3D et pour le fonctionnement du programme qui pilote la machine. Des simplifications sont attendues sur ce sujet.

En ce qui concerne l’imprimante elle-même, les deux difficultés techniques d’aujourd’hui sont la lenteur de l’impression des grosses pièces en métal, très gourmande en énergie et aussi la finesse du rendu qui nécessite une explosion du nombre de données à traiter.

A noter que, dans les entreprises non équipées, par simple peur du changement, les ingénieurs production freinent l’impression 3D d’une seule pièce qui remplacerait l’assemblage de plusieurs pièces moulables.

La réduction des coûts sera sans doute dans le partage de parcs de machines pour les PME dans le futur.

Enfin le sujet de la défense de la propriété industrielle sur un fichier envoyé électroniquement semble moins important qu’évoqué il y a quelques années grâce aux nouveaux algorithmes de chiffrage et aux difficultés d’utilisation.


  1. CYBERSÉCURITE

Chaque jour illustre la vulnérabilité des Systèmes Informatiques vis-à-vis de hackers. La prise en compte de leur sécurité survient malheureusement après la découverte des problèmes et non avant.

L’aspect sécurité doit être intégrée dès la conception d’un produit car il est plus difficile ensuite de rattraper les inconvénients.

La vulnérabilité est liée à la technologie employée. Par exemple les centrales nucléaires sont plus vulnérables aux attaques et aux accidents que les centrales classiques.

La sophistication des cyber-attaques augmente plus vite que leurs parades.

Les PME sont moins bien protégées que les Grands Groupes. C’est une question de moyens.

Les startups spécialisées dans la Sécurité travaillent d’abord pour les Grands Groupes qui sont souvent seuls capables de les rémunérer pour développer leur cyber-sécurité. Les PME ont ici aussi intérêt à se grouper et développer en commun des produits innovants, ce qui parallèlement peut représenter le risque d’être copié.

Habituellement, les start-ups ne déposent pas de brevets pour protéger leur savoir-faire. En effet le dépôt de brevet nécessite de détailler leur design et processus qui seront alors accessibles à tous. Elles préfèrent travailler dans le secret.

La rapidité d’exécution de la mise en œuvre est essentielle.

Les cyberattaques se traduisent le plus souvent en demande de rançons (par exemple : « si vous ne payez pas, alors votre fichier client sera détruit ») et en détournements de paiements.


  1. IoT : Internet on Things

L’IoT relie les outils connectés grâce à la toile. L’interconnectivité entre smartphone, ordinateur, montres, etc est leur raison d’être.

L’IoT est ce qui permet aux Big Data d’exister.

Du point de vue de l’industrie du digital, les sociétés de hardware (imprimante 3D par exemple) vont devenir des sociétés de service. Ce sont les sociétés de software (les GAFA, désormais GAFAM, acronyme constitué des géants les plus connus : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) qui donnent de la valeur aux sociétés de hardware et sont infiniment plus puissantes et riches. La matière grise est toujours mieux rémunérée que les mains…

Doter l’industrie de standards est perçu comme un obstacle à l’innovation. L’Europe sera toujours en retard à ce sujet sur les USA, même si les innovations des américains viennent souvent des étrangers… auxquels ils rachètent les brevets et importent le personnel qualifié…

L’avenir affiché par les spécialistes est d’ouvrir les datas entre eux mais rarement les softwares qui restent la propriété de leur créateur. Ceci semble en contradiction avec une volonté de savoir ce qui compose les algorithmes, sujet combattu par les puissants GAFA. De plus l’interconnexion de données semble aussi difficile à mettre en œuvre par les même GAFA qui protègent chacune leur pré carré.

Finalement les GAFA ont bouclé elles même le système, au lieu de l’ouvrir. En effet les conditions légales d’utilisation de leurs softwares stipulent que les utilisateurs renoncent à être propriétaires de leurs propre data pour le seul bénéfice de l’éditeur du software.


  1. BLOCKCHAIN

Le Blockchain est un tableur (du type Excel) décentralisé (et donc qui n’est pas la propriété des GAFA) avec des macros (petits programmes internes faisant des calculs sur des cellules du tableur) accessible par chacun depuis son ordinateur personnel.

Les utilisateurs ont accès à des données transparentes (communes a tous), éditables (qu’on peut récupérer facilement…). Les blockchains sont améliorés en permanence par les utilisateurs (de la même façon qu’avec Wikipedia pour le savoir encyclopédique).

Ces changements sont validés (ou rejetés) par la majorité des utilisateurs. Ils ont permis le développement des Bitcoins, cette monnaie virtuelle, d’où le buzz actuel…

A noter qu’après l’exposé de 40 minutes fait par un des fondateurs (français…) du Blockchain, la première question posée par l’audience du Netexplo a été : « plus on m’explique ce que sont les Blockchains, moins je comprends… », ce qui prouverait que les experts ont du mal à se mettre au niveau du quidam non geek…


Ce qu’il faut retenir…

Quel sont les futurs talents nécessaires à l’Industrie du Digital pour demain ?

Ces talents devront développer une nouvelle vision de l’avenir, auront une approche globale (systémique) grâce à la connectivité des appareils. Les savoirs seront universels et seront mis en œuvre par des équipes complémentaires.

Ces futurs talents seront reconnaissables à 7 marqueurs :

  1. Travailler en Interdisciplinarité
  2. Faire éclore l’imagination
  3. Repenser les vieilles organisations et les processus de décisions
  4. Être persistent
  5. Avoir un esprit de partage
  6. Donner du sens a son action
  7. Se faire confiance

Quelques messages au management :

Schématiquement, un récent sondage a montré qu’il y a 3 types de personnes dans l’industrie du Digital :

  1. Les geeks qui sont des virtuoses de la technique, souvent solitaires à l’origine,
  2. Les pragmatiques qui ont les pieds sur terre et qui font avancer les sujets en écoutant chacun,
  3. Les pédagogues qui parlent à chacun pour qu’il apporte sa pierre à l’édifice commun.

Ce sondage a aussi montré que les entreprises disent rechercher 10% de geek, 80% de pragmatiques et 10% de pédagogues. Alors que les individus eux pensent qu’il faut 20% de geek, 30% de pragmatiques et 50% de pédagogues.

L’innovation n’a pas de méthode. C’est une attitude fondée sur le détournement de l’existant.

Il est nécessaire de retrouver sa part d’enfant, faire preuve d’agilité et de précocité.

En ce qui concerne le Business model du digital, tout a déjà été écrit dans les années 70-80. Maintenant il faut le faire !

Just do it !

Soyez rebelles… collectivement