Edito
Le monde entier pleure Notre Dame dévastée par les flammes… Le monde entier est solidaire de Paris.
Cette tragédie, pour un moment, a arrêté les pendules, suspendu les respirations ; religieux, intellectuels, politiques, économistes, enseignants, soignants, entrepreneurs, tous redoutant le pire, se sont sentis orphelins, blessés dans leur cœur, leur chair abimée par la violence des flammes. En effet cette cathédrale gothique construite entre 1163 et 1345, fleuron de son époque, est beaucoup plus que la « vieille Dame de la Cité ».
Elle représente d’abord le symbole de l’Incarnation, mais aussi des plus grandes valeurs qui font la dignité de l’homme. A coté de la Spiritualité, de la Beauté, elle a toujours été un lieu de rassemblement, de concorde et de paix. Souvenirs grandioses du Te Deum de la Libération après la seconde guerre mondiale ; souvenirs émouvants d’obsèques Nationales des grands Hommes, mais aussi souvenirs déchirants après les attentats de 2015…
Mais elle est aussi symbole de la dimension universelle des trésors du patrimoine qui sont nos racines, nos tuteurs, moteur de notre avancée pleine d’espérance pour nous et nos enfants.
N’oublions pas que à la 39éme conférence générale de l’UNESCO d’octobre 2017, nous avons émis l’idée que les œuvres de l’art et de la culture ne sont pas seulement la propriété des États, mais constituent un patrimoine mondial ; aujourd’hui la béance ouverte au cœur de la cathédrale, béance au cœur de ce patrimoine mondial, nous fait sangloter mais pas vaciller.
En effet, si les hauts responsables du monde religieux, intellectuels, politiques, économistes, enseignants, soignants, entrepreneurs, se font laudateurs de Notre Dame ce n’est pas un Requiem qu’ils entonnent, mais un chant d’espérance.
L’Union Sacrée s’est une fois encore établie autour de la grande Dame qui souffrait : le peuple de Paris, tous âges, toutes religions confondues, touristes du monde entier étaient à son chevet, priant, chantant, méditant. Tandis que les flammes recouvraient l’édifice de leur violence, les plus hauts dignitaires du monde religieux et intellectuels surmontaient leur douleur et voyaient déjà comment l’épreuve pouvait être fertilisante et féconde. A 21h30 je recevais un SMS m’annonçant : « Oui c’est une lourde épreuve mais aussi un appel à l’espérance : déjà on se mobilise, on se recentre sur l’essentiel , sur le spirituel ».
Un autre dignitaire sur les ondes proclamait qu’il avait le cœur en cendres et qu’il songeait à la communion des saints : les vivants et les morts s’épaulant pour dépasser les cataclysmes de toutes sortes. Aujourd’hui nous lisons dans un journal comme synthèse de l’événement : « Ce vaisseau de pierres et de bois dit notre enracinement dans une histoire où la foi chrétienne a tenu une place décisive et même si notre époque l’oublie, l’aspiration demeure ».
Ce drame fait appel à notre âme de bâtisseur ; oui il faut reconstruire Notre Dame ! Mais c’est aussi un appel à nous reconstruire et pour cela gardons en mémoire cette parole pleine d’espoir qu’énonçait en 1800 le poète et philosophe Friedrich Hölderlin amoureux de la France : « Là où croît le Péril croît aussi ce qui sauve » elle exprime le malheur surmonté, l’espérance reine.
Monique Grandjean
Lettre adressée par le CCIC au Recteur de la Cathédrale Notre-Dame de Paris
et à Monseigneur Aupetit Archevêque de Paris
le 16 avril 2019
Monseigneur,
Cher Père,
Le drame de l’incendie qui ravage la cathédrale Notre Dame de Paris permet de souligner son aura symbolique mondiale pour les catholiques et bien au-delà, et comme le dit si bien le père Jean Paul Durant : sa vocation bienfaisante universelle.
L’espérance nous projette déjà vers sa reconstruction assurant la pérennité de son message historique et religieux.
Les témoignages du monde entier montrent l’ampleur de l’attachement des femmes et des hommes à l’œuvre d’art certes mais aussi à l’appel à la spiritualité qu’elle offrait à tous ses visiteurs, à ses amoureux et à ses familiers de toutes origines.
Cet élan mondial n’est-il pas lui aussi un signe d’espérance ?
En union de prière dans votre interrogation au Seigneur.
Christine Roche
Présidente du Centre catholique international de coopération avec l’UNESCO
Lire la déclaration du Conseil exécutif de l’UNESCO du 16 avril 2019