C’est pour son action en faveur des élèves les plus défavorisés d’une école de l’Ouest du Kenya que, à 36 ans, ce professeur de mathématiques et de physique a reçu, le 24 mars dernier, le Global Teacher Prize 2019, prix du « meilleur enseignant du monde » d’un million de dollars décerné par la Fondation Varkey, du nom d’un entrepreneur indien basé à Dubaï. Il était le 16 septembre l’invité de la Maison Blanche et le lendemain celui du Congrès américain où il a ouvert la session par la prière pour la paix de Saint François, et de celui de la 74ème session des Nations Unis où a été débattue la question critique de l’accès de tous à une éducation de qualité.
Peter Tabichi, diplômé de l’enseignement supérieur, enseignant dans une institution moderne d’enfants de famille aisées, a choisi de quitter son confort pour se rapprocher des plus démunis et de rejoindre l’école secondaire mixte Keriko du village de Pwani, dans la zone de la vallée du Rift à l’ouest du Kenya.
Caractéristiques de son cadre de travail : plus de 90% des élèves sont issus de familles pauvres et près du tiers sont orphelins ou ont un seul parent. La toxicomanie, les grossesses et l’abandon scolaire précoce, les mariages forcés sont courants dans cette région. Les élèves doivent parcourir 7 kilomètres sur des routes qui peuvent devenir impraticables pendant la saison des pluies pour se rendre à l’école et la région peut être touchée par la sécheresse et la famine.
Homme généreux, frère Peter Tabichi dépense 80% de son salaire pour les livres et les uniformes des élèves de son école. Pour améliorer le niveau de l’école, frère Tabichi et quatre de ses collègues dispensent des cours à domicile aux élèves ayant des difficultés en mathématiques et en sciences. Pour ce faire, ils rencontrent les parents et identifient les causes exactes de difficultés scolaires. Dans cette école, le nombre d’inscriptions a doublé en trois ans, passant à 400. Les résultats des filles ont notamment été améliorés.
« Son dévouement, son travail et sa foi dans le talent de ses élèves ont permis à son école, dans une zone rurale reculée et avec peu de ressources, de remporter le prix de la meilleure école aux concours nationaux interscolaires de sciences », s’était émerveillée, le 24 mars, la fondation Varkey, organisatrice du Global Teacher Prize.
Bien qu’il n’ait qu’un seul ordinateur portable et une mauvaise connexion Internet, le religieux franciscain a créé un club de développement des talents. Il a également élargi le club des sciences de son école, aidant ainsi les élèves à concevoir des projets de recherche d’une telle qualité que beaucoup se qualifient désormais pour le programme national. Mieux, ses élèves ont participé à des compétitions scientifiques internationales et ont remporté un prix de la Royal Society of Chemistry – une société savante du Royaume-Uni dont le but est le progrès des sciences chimiques – après avoir exploité la vie des plantes locales pour produire de l’électricité.
« Je suis ici uniquement grâce à ce qu’ont accompli mes élèves », avait modestement déclaré frère Peter Tabichi en recevant son prix à Dubaï. « Ce prix leur donne une chance. Il dit au monde qu’ils peuvent tout faire ».