De tout temps, les idéologies totalitaires ont entendu faire table rase du passé original, singulier et symbolique des nations et des peuples qu’elles entendaient asservir, mais cette atteinte était, par les contingences, circonscrite à un territoire et à une époque.
Dénoncés par l’UNESCO comme des crimes de guerres, les actes de barbarie visant à détruire tous les trésors du patrimoine au proche orient ont une symbolique d’autant plus forte qu’ils s’attaquent à une civilisation qualifiée comme « berceau de l’humanité » ; le nettoyage culturel programmé manifeste une volonté systématique et délibérée de nier toute empreinte d’un homme différent.
L’art est le symbole vivant de la culture, du génie humain, de l’héritage d’un pays et du dialogue entre les civilisations : il est donc un danger pour les totalitaristes et les œuvres d’art des vestiges à effacer.
A l’heure où la France ouvre au public la grotte Chauvet qui renferme les plus vieilles créations picturales de l’humanité, on voit bien que l’art est ce que les peuples laissent derrière eux pour marquer leur passage sur terre.
Depuis quelques années, c’est Daech et la nébuleuse des organisations terroristes et « islamistes » qui s’attaquent à l’art autant qu’ils sèment la terreur parmi les populations qu’ils oppriment : depuis le début de l’année 2015, des statues, frises, sculptures murales et autres vestiges de la culture irakienne ont été saccagés sur les sites de Nimroud et Hatra, mais également au sein du musée de Mossoul dans le nord, avec une violence sans nom. Les civils musulmans sont incités à faire de même pour détruire « ces idoles (…) vénérées à la place de ALLAH ».
En Syrie aussi, la propagande de Daech s’est également attaquée à l’art. Depuis 2011, 5 des 6 sites syriens classés par l’UNESCO ont été saccagés.
Sur le continent africain, les groupes islamistes armés affiliés à Al-Qaïda qui se sont introduits dans le nord du Mali en mars 2012, ont saccagé un bâtiment de l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba, détruisant ainsi certains des manuscrits de Tombouctou considérés comme des trésors culturels remontant aux 15e et 16e siècles.
Enfin, il n’est pas anodin de relever que, lors de l’attaque terroriste à Tunis le 18 mars dernier, également revendiquée par Daech, c’est le musée du Bardo, l’un des plus importants musées africains, qui a été pris pour cible.
Les fanatiques « islamistes » n’ont certes pas le monopole de ces entreprises de destruction massive de l’art. Hitler avait déjà ordonné la confiscation ou la destruction de centaines de milliers d’œuvres d’art inestimables, considérées par les nazis comme de l’art « dégénéré ». (Œuvres de Picasso, Miro ou encore Dali.)
Préservons ces œuvres d’art avant qu’elles ne tombent dans l’oubli : Il y a aujourd’hui un moyen très simple de faire revivre les œuvres détruites et d’annuler partiellement l’irréversibilité de ces destructions.
Un musée virtuel permanent des œuvres détruites par la barbarie humaine est en cours : ainsi le frère dominicain NAJEEB MICHAEL associe l’ensemble de la jeunesse des pays martyrisés à la numérisation de tous les manuscrits, trésors de culture, promesses d’avenir. Il suscite des contributions par une tournée dans tous les pays d’Europe et outre Atlantique.
L’initiative appelée « Projet Mossoul » qui vise à reconstruire, virtuellement et en 3D, les objets détruits grâce aux photos prises par les visiteurs du musée au cours de ces dernières années marque aussi la détermination du monde entier à répondre à la destruction par la création.