Cet événement a attiré de plus de 900 personnes dont des représentants de 124 pays, parmi lesquels 40 ministres en charge de l’eau dans leur pays.

Madame Audrey Azoulay a ouvert la séance en rappelant combien l’eau faisait partie des préoccupations de l’UNESCO, tant en termes humains que scientifiques et notamment sous les aspects de l’accès à l’eau pour tous, droit humain fondamental et facteur de Paix. Ce thème a été repris par le second orateur, Serigne Mbaye Thiam ministre de l’eau et de l’assainissement au Sénégal, faisant part à cette occasion de l’expérience du Sénégal en la matière.

Outre le Sénégal, citons parmi les « sponsors » de cet événement :

  • Loïc Fauchon, président du Conseil Mondial de l’Eau ;
  • Torgny Holmgen, Directeur exécutif du Stockholm International Water Institute ;
  • Zhenya LIU président de GEIDCO. (Global Energy Interconnection Development and Cooperation Organization), organisation internationale dont les bureaux permanents sont à Pékin.

Les séances relatées ci-après ont bénéficié des contributions de plus de 27 intervenants.


Problématique Internationale de l’Eau

L’eau sert autant à la vie quotidienne des personnes qu’à l’économie agricole ou industrielle, ou bien encore comme source d’énergie propre (hydroélectricité). C’est un enjeu majeur. L’eau peut être source de paix ou de conflit, surtout dans la période de mutation climatique actuelle.

Actuellement 2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau, et 4 milliards connaissent au moins une fois par an une crise de l’eau.

Les problèmes à venir portent notamment sur la réponse à la croissance démographique, l’évolution des concentrations humaines vers les villes, les perspectives climatiques avec leurs conséquences pour l’eau de phases de sécheresses et d’inondations pouvant dans certains cas entraîner des mouvements migratoires de populations.

Géographiquement, il semble que le continent africain reste une zone problématique prioritaire.

La réponse ne peut qu’être mondiale, tant les solutions se révèlent transfrontalières dans la plupart des cas.

Enfin la composante énergétique (hydroélectricité) s’inscrit dans les programmes écologiques de développement au même titre que l’énergie électrique éolienne ou solaire.


Aspects politique : de l’importance des Accord entre pays, l’eau comme facteur de Paix

La politique de l’eau ne peut que rarement se définir au seul niveau national. Les conférences ont surtout insisté sur les exemples du continent africain.

La référence reste les accords entre pays riverains d’un même fleuve : les accords de bassin, avec les principales rubriques des difficultés amont/aval liées aux barrages hydroélectriques ou d’irrigation.

Les orateurs ont cité les bassins du Congo, (RDC), du Sénégal, du Niger, du Nil (Égypte), ou en Corée (avec 2 fleuves partagés entre Corée du Nord et Corée du Sud). A signaler également le problème de l’Irak qui doit en plus faire face aux suites de 40 ans de guerre avec les pays riverains.

A citer également le cas de la mer d’Aral au Tadjikistan, que tous les riverains souhaitent sauver des menaces actuelles d’assèchement.

Tous les orateurs ont convenu que la paix dans les continents concernés est largement liée aux accords de bassins et leurs suivis dans le temps. Certains orateurs ont même indiqué que des relations ou interconnexions entre organisations de bassin seraient profitables à tous, au regard de la recherche de la paix.

Technologie au service de l’eau : des approches de plus en plus fines

Divers intervenants, notamment du monde industriel, ont donné des exemples de gestion de l’eau, pratiqués actuellement et dans un proche avenir.

On retrouve les mêmes processus que dans d’autres secteurs, avec l’exploitation du numérique et de l’intelligence artificielle appliquée au traitement et à la distribution de l’eau :

  • capteurs de débit d’eau, permettant de gérer au plus près la consommation d’eau et d’assurer une détection rapide des fuites d’eau dans les réseaux. Bien entendu ces données peuvent être traitées pour fournir des données quantifiées selon les usages que l’on peut recenser géographiquement ;
  • capteurs de la qualité de l’eau analysée :
    • en fonction de ses destinations : eau potable ou eau utilisée par l’agriculture, ou l’industrie ;
    • ou bien dans le cadre des processus de recyclage qu’il s’agisse de l’eau ménagère usée ou d’eau pluviale
  • amélioration de la gestion des bassins d’eau avec un souci de prévention plus présent : surveillance très réactive des risques d’inondations ou de baisse de niveaux voire de sécheresse ou de pollution ;
  • nouvelles techniques plus précises en matière de traitement des bassins ou réserves d’eaux polluées.

L’eau comme potentiel de développement à partir des ressources hydroélectriques : accroissement de la production et interconnexion des réseaux sur une grande échelle (voir également le compte rendu II)

Gestion prospective des ressources hydroélectriques : l’organisation internationale GEIDCO a présenté deux programmes d’interconnexions des continents africains, européens et asiatiques pour la gestion intégrée des productions et alimentations en électricité en réseaux intercontinentaux. Ce serait une contribution incontournable en approvisionnement en énergie propre et non productrice de CO2, avec l’éolien et le solaire.

Ce projet se situe dans la perspective de programmes 2035 et 2050, se chiffre en milliards de milliards de dollars, devraient solliciter plusieurs millions d’emplois.

Mais tout en proposant une ambition transcontinentale, pour la Chine c’est l’Afrique qui est considérée comme un élément central, avec un parti pris allant bien au-delà du sujet énergie/interconnexion (cf le second compte rendu). Cela étant rappelé, les réflexions de GEIDCO suggèrent bien de mener un projet d’envergure à partir de l’exploitation des capacités hydroélectriques de ce continent qui sont considérable. Les interconnexions à mettre en place pourraient alors permettre l’exportation d’électricité à l’intérieur de l’Afrique mais aussi vers l’Europe, à partir de l’Afrique du Nord et l’Asie sud-est par l’Éthiopie.

Dans l’esprit de ces grands projets d’interconnexion, l’Europe pourrait, elle aussi, renforcer ses capacités de production « d’énergie propre », et consolider ses interconnexions avec l’Afrique et l’Asie de l’Est.

En conclusion d’une présentation prospective qui appellera certainement à être affinée dans les années à venir, il a été suggéré que finalement l’Eau au XXIème siècle pourra beaucoup apporter au monde comme source de développement durable et de paix, un peu à la manière des effets qu’avaient produit les accords européens charbon-acier, après la seconde guerre mondiale au XXème siècle…