UNESCO 17 Octobre 2016

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Le Rapport Mondial sur Les Sciences Sociales (RMSS 2016) « tire la sonnette d’alarme. Combler les lacunes existant dans les recherches en sciences sociales menées sur les inégalités est essentiel pour réaliser l’ambition transversale de l’Agenda 2030 qui vise à opérer des transformations qui ne laissent personne de côté’, » a souligné Irina Bokova, Directrice Générale de l’UNESCO, lors de la présentation des résultats de l’édition 2016.

rmssv2Le Rapport Mondial sur Les Sciences Sociales (RMSS 2016)  a été réalisé par le Conseil international des sciences sociales (CISS ou ISSC, de l’anglais International Social Science Council) qui est une organisation internationale fondée en 1952 par l’UNESCO et qui vise à « dynamiser l’action au sein et au-delà des sciences sociales ».
A cette réunion ont participé des représentants des institutions impliquées :
Pour l’UNESCO, Madame Nada Al-Nashif, sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines.
Pour le CISS, Monsieur Mathieu Denis, directeur exécutif
Monsieur Louis Chauvel, professeur de sociologie à l’université du Luxembourg co-auteur du rapport.

Madame Nada Al-Nashif a relayé le message d’Irina Bokova, la directrice générale de l’UNESCO. L’agenda 2030 pour le développement durable vise une société inclusive, une réduction des inégalités, de sorte que dans dix ans personne ne soit laissé de côté. Or, les inégalités fragilisent la cohésion sociale. Elles constituent une ombre menaçante tant pour l’économie que pour la société et pour l’environnement. Diminuer la pauvreté ce n’est pas aider les pauvres mais les aider à vivre dignement. Lutter contre les inégalités est essentiel pour les objectif du développement durable.

Monsieur Mathieu Denis a précisé que c’est un rapport auquel ont contribué 107 auteurs, parmi lesquels des chercheurs de Institute Development Studies, l’Institut international de recherche sur le développement. Ce rapport de 2016, est le 3ème, le premier datant de 2010, le deuxième de 2013. Aujourd’hui le rapport se focalise sur les inégalités. Elles se sont élargies vers l’Amérique Latine, vers le nord de l’Afrique, interpellées par des mouvements comme le Printemps Arabe, Occupy.
Si les inégalités ne sont pas maîtrisées, la durabilité du développement est menacée. Les différentes formes de l’inégalité sont: économiques, politiques, de pouvoir, sociales, de santé, d’éducation, culturelles, environnementales, spatiales, (rural, périurbain), accès aux connaissances.

Certains pays d’Amérique Latine, d’Afrique ou la Chine ont réussi, au contraire, de ralentir les inégalités. Il n’y a pas de panacée, par la suite, en ce qui concerne la maîtrise des inégalités. Cela est dicté par plusieurs éléments comme l’application de diverses politiques comme la discrimination positive, les héritages antérieurs qui ont modelé les inégalités actuelles, l’action collective solidaire (qui est une des nouvelles pistes pour réduire les inégalités).
L’Afrique reste la priorité en matière d’inégalités, puisque ce continent enregistre les inégalités les plus profondes.

En ce qui concerne l’étude des inégalités, on peut observer que 80 % de la recherche en sciences sociales est produite par l’Europe occidentale et les États-Unis. Dans ces conditions, en fonction des lacunes observées dans l’étude de l’inégalité  il y auraient 7 priorités à prendre en compte :
– Renforcer le soutien à la production de connaissances sur l’inégalité,
– Améliorer les capacités d’évaluation de ce phénomène,
– Mieux comprendre les diverses expériences de l’inégalité,
– Mieux comprendre la création et la reproduction des inégalités multiples,
– Mieux comprendre les liens et les interactions entre les formes locales et mondiales de l’inégalité,
– Promouvoir les études sur la recherche d’une plus grande égalité,
– Soutenir les synthèses transversales sur l’inégalité et l’égalité.

Le professeur Louis Chauvel, quant à lui, a parlé surtout du rôle des classes moyennes dans le développement. Pour lui, il y a une déstabilisation de la classe moyenne mondiale (White Trash aux États-Unis). Depuis les années 70, qui ont vu le rêve d’une civilisation de la classe moyenne, basée sur les salaires, le monde évolue vers une généralisation de la classe moyenne et aujourd’hui on assiste à la préoccupation de stabiliser cette classe moyenne. Elle est mise en difficulté par une polarisation, servie par le manque de croissance économique, qui sert les populismes. Il faudrait, pour favoriser les classes moyennes, plus de protection sociale, plus d’éducation et plus transition réussie de l’éducation à l’emploi.
La conclusion la plus importante est la nécessité de l’investissement dans les générations à venir.

Les prises de parole des personnes du public ont mis l’accent sur l’importance des instituts d’études sociales régionales, de la nécessité de prendre en compte la valeur économique du travail des femmes.

Lire le résumé ou le rapport mondial intégral sur les sciences sociales 2016