« La Culture, un élément vital pour les Sociétés ».
Ce webinaire s’inscrit dans le cadre de l’année internationale de l’économie créative au service du Développement Durable. Une heure d’un échange intéressant réunissant des acteurs pleinement engagés au service de la Culture avec des profils diversifiés et des visions montrant bien les enjeux de ce secteur gravement menacé par la crise Covid : Le domaine culturel est un Bien essentiel, les Gouvernements sont loin de l’avoir compris, il faut changer les états d’esprit, et agir. Même si la discussion n’a pas couvert tout l’immense champ de la Culture, elle a fait ressortir des observations qui valent au-delà des domaines très modernes dont il a été question.
Cinq intervenants ont été invités à échanger à partir de leurs expériences pendant une heure et demie : l’artiste de grand renom – JM Jarre –, une autre personnalité bien connue, M Abderrahman Sissoko, réalisateur du film Timbuktu, la directrice d’un Festival cinématographique très populaire aux Pays Bas (Vanja Kaludjercic), le Fondateur et dirigeant de la Plateforme de diffusion de Musique classique « Primephonic » (M Thomas Steffens), et la fondatrice et Directrice de l’Association mexicaine « Connecta Cultiva » engagée dans la diffusion de produits culturels auprès des plus démunis (Victoria Contrera).
La discussion a été introduite par M Ernesto Ottone, Directeur Général adjoint en charge de la Culture à l’UNESCO qui a rappelé tout ce qu’a apporté l’expérience Resiliart lancée comme l’une des grandes initiatives soutenues par l’UNESCO pour faire face aux effets dévastateurs de la crise Covid dans tous les domaines des industries créatives. Cet élan en faveur des artistes, des auteurs ou de réalisateurs a permis l’organisation de très nombreux évènements en mode virtuel : 240 rencontres ou débats associant 110 pays depuis avril 2020.
Ces efforts doivent être amplifiés en 2021 en mobilisant tous les concours publics ou privés, pour qu’au sortir de la pandémie on reconstruise en mieux le monde de la créativité artistique, avec l’aide des Etats et le souci de promouvoir la diversité des expressions culturelles en faisant preuve de solidarité.
Toute une série d’observations intéressante ressortent d’une discussion qui aura été dense et finalement nourrie d’un assez bel optimisme malgré le constat de certaines difficultés.
Les Difficultés, de grandes préoccupations
L’expérience de la crise a révélé à quel point la Culture constitue un élément important et vivant des sociétés partout dans le monde, mais c’est aussi un domaine où règne beaucoup de précarité – singulièrement en Afrique avec un grand nombre d’artistes travaillant dans le domaine informel et qui ont perdu leur emploi du fait de la pandémie.
Les avantages financiers que les plateformes des GAFA tirent de leur position dominante posent un réel problème dans la mesure où ces géants du numérique rétribuent très peu la plupart des artistes dont ils exploitent et diffusent les œuvres. Ce phénomène s’est accentué avec la crise Covid.
Dans de nombreux pays, l’Afrique et le Mexique sont donnés en exemple, les gouvernements négligent manifestement le secteur culturel ; ils ne voient pas assez que la Culture est un Bien Commun au même titre que l’Education.
Les inégalités sont criantes, notamment à cause de la fracture numérique.
Un Regard plus optimiste
L’apport du numérique
- La Crise Covid a révélé tout à la fois la nécessité et la fragilité du monde de la Culture, mais ce monde trouve dans le numérique un puissant moyen de résister aux menaces qui pèsent sur lui.
- Avec l’apparition du Covid, l’association mexicaine qui était engagée jusque-là dans une promotion physique des biens culturels est passée au numérique en innovant pour permettre à des populations sans connexion directe aux réseaux de bénéficier de produits culturels diffusés en mode virtuel.
- Le festival du film d’Amsterdam, un évènement qui chaque année attirait des dizaines de milliers de cinéphiles, a basculé avec succès dans un mode complètement virtuel.
- L’activité de la plateforme Primephonic s’est fortement développée en durée d’écoute individuelle et en nombre d’utilisateurs : les concerts n’ont plus cours mais la crise, avec cette offre de streaming montre que la musique classique reste un centre d’intérêt et attire de nouveaux « adeptes ».
- Si l’hégémonie des grandes plateformes suscite bien des critiques, on perçoit l’amorce de changements dont pourra profiter le secteur culturel : aide à la création de biens culturels (voir les exemples de Youtube ou Netflix), des initiatives pour améliorer la rémunération des artistes dont les œuvres sont intermédiées via certaines plateformes, et surtout des initiatives dans le domaine de la régulation, fortes et exemplaires au niveau européen, elles pourraient aussi voir le jour du côté américain.
La question du Genre dans le domaine culturel.
- L’échange a fait ressortir la persistance d’une certaine inégalité avec encore bien souvent une dominance masculine (les responsabilités, la représentativité), mais la tendance est à une réduction de cet écart discriminant.
- JM Jarre a ajouté une note intéressante en parlant de l’importance des gestes symboliques et en nous donnant comme exemple personnel un de ses récents spectacles « musique et lumière » en Arabie Saoudite : l’exigence avait été de respecter une stricte parité Homme-Femme.
Les messages donnés pour conclure
La Culture fait partie de la solution pour sortir de la crise et assurer un réel développement.
La Culture est une Valeur Ajoutée précieuse, il faut la soutenir massivement, c’est un secteur vital, on lui doit la plus grande visibilité.
Les métiers de la Création ont besoin d’un soutien des Gouvernements mais aussi, et encore plus, des populations qu’il faut convaincre : ayons de bons récits pour les faire adhérer.
La Culture est un bien essentiel à préserver : il ne faut qu’elle soit victime de la crise, car elle est un fondement de nos sociétés ; ce doit être un Droit humain.
N’oublions pas les Artistes, l’Afrique.
Sans professionnel de la Culture il n’y a pas d’économie créative.