De l’importance de l’engagement de l’UNESCO pour les ODD 2030 et bien au-delà, avec 2050 comme nouvel horizon stratégique.

Réunion très suivie au cours de laquelle ont été données beaucoup d’informations sur ce que fait l’UNESCO depuis au moins trente ans, mais on aura aussi retenu comme un vibrant appel adressé aux États pour qu’ils accentuent leurs efforts en faveur de cette biodiversité garantie du vivant et l’énoncé des principales idées qu’entend promouvoir et consacrer l’UNESCO, d’abord pour 2020 (une « super année de la biodiversité » a-t-on dit) mais aussi dans la durée et, au-delà des échéances de l’agenda 2030, dans le cadre d’une Stratégie visant 2050, un horizon que s’est aussi fixé le secteur Éducation dans ses réflexions sur l’avenir.

Ont ainsi été particulièrement mis en évidence les points suivants : nécessité d’un engagement résolu pour sauver la biodiversité car il y a urgence, mobiliser tous les acteurs dans un cadre qui ne doit pas enfermer dans des approches sectorielles spécialisées. A cet égard, les organisateurs de la réunion ont insisté sur le besoin d’instiller la préoccupation « biodiversité » dans toutes les Conventions et tout particulièrement celles qui ont trait à la Culture.

Il est jugé primordial, maintenant plus que jamais de considérer tout ce que rapporte la coopération entre les domaines de la Science (recherche, expérience et mesure sur le terrain) et ce que savent et vivent les populations « sur sites » avec leurs Traditions et Savoirs ancestraux, des populations menacées au cœur de toutes ces zones naturelles dont le niveau et la qualité de la biodiversité se dégradent .

Trois menaces pour les Populations elles mêmes, les Structures sociales ET la Nature 

Les atteintes à la biodiversité sont perceptibles de plus en plus, et leurs effets sont visibles à trois niveaux : les Ecosystèmes, les Espèces, la Génétique, avec des ruptures d’équilibre manifestes sous l’effet de nombreux facteurs supposés moteurs de progrès (ex : urbanisation et concentration urbaine, agriculture industrielle, réduction des surfaces occupées par les mangroves).

Cinq facteurs explicatifs d’une dégradation sans précédent de la biodiversité

  • Les réaménagements des sols ;
  • La surexploitation ;
  • Le dérèglement climatique ;
  • Les pollutions de tous ordres ;
  • L’invasions d’espèces intrusives et destructrices.

Ces phénomènes ont un lien avec de multiples causes : démographiques, technologiques, politiques et culturelles.

Quelques éléments statistiques 

Pour s’en tenir à des données marquantes, on aura relevé :

  • La très forte diminution des « zones humides » (85%) ;
  • Des impacts sur la biodiversité des océans estimés couvrir 65% de leur superficie, et qui pourraient atteindre 90% à l’horizon 2050 si rien de significatif n’était engagé d’ici là pour enrayer cette dérive.

S’agissant des activités concrètes soutenues par l’UNESCO, quelques données chiffrées ont été rappelées à propos de la protection des patrimoines naturels :

Les Réserves de biosphère : 701 sont inscrites, elles concernent 124 pays, 2 sont transcontinentales, 21 sont des zones aquifères, au total elles couvrent 5% de la surface de la planète.

Un Engagement fort de l’UNESCO et des États dans le cadre d’une nouvelle Stratégie

La nouvelle Stratégie marque une très forte accentuation de l’engagement que l’UNESCO se propose d’instaurer avec l’aide des États : on a besoin de relancer l’action tous ensemble pour un « brand New Deal » au travers notamment du programme MAB avec la Convention de la Biodiversité comme cadre et bien d’autres « instruments » développés au fil des années et qui ont un rapport avec un sujet auquel il faut rester sensible. Plus que par le passé, les orientations stratégiques mettent l’accent sur le lien à établir entre les questions touchant à la Nature et le Développement, le thème de la biodiversité n’étant plus à considérer seulement sous l’angle de la protection stricto sensu. En particulier dans le traitement des sujets se rapportant à la gestion et labellisation des réseaux (géo-parcs, zones de biosphère etc.) mais pas seulement, cela suppose de prendre pleinement en considération les dimensions sociales, culturelles, économiques et politiques (comme par exemple ce qui a trait à la gouvernance).

Toute une série d’initiatives de l’UNESCO qui toutes ont un rapport avec la Biodiversité vont être confirmées, comme par exemple les actions conduites pour la préservation ou protection du Patrimoine mondial (World Heritage), de la diversité biologique, la protection de la flore et de la faune sauvages, ou plus spécifiquement la protection des baleines.

Il a aussi été fait mention de la publication en mai 2019 du premier rapport sur la biodiversité, et ont été réitérés les objectifs poursuivis, souvent en lien avec d’autres agences de la famille onusienne : outre les actions de sensibilisation, aide à l’élaboration de politiques publiques, formation et renforcement des capacités pour agir sur le terrain.

2020 sera une année importante avec le lancement d’initiatives nouvelles visant le suivi rapproché de l’évolution de la situation : élaboration d’un cadre de pilotage, avec l’appui d’un groupe de travail co-présidé par le Costa-Rica et l’Italie.

Appel à sensibiliser et agir au niveau de l’ONU et des États

S’il y a déjà eu des efforts engagés pour accroître la visibilité de l’UNESCO pour ce qui est l’Environnement en général et l’EDUCATION, lors des réunions de juillet (le point des ODD) et septembre dernier (Assemblée générale de l’ONU), il faut aller plus loin en communiquant plus spécifiquement sur le sujet de la Biodiversité, car en certains points du globe la situation devient dramatique. C’est l’un des messages qui a été adressé à l’auditoire, message qui semble avoir été bien reçu à en juger par certaines interventions de délégués.

Élément de commentaire en conclusion

La teneur des interventions des représentants des secteurs Science et Culture a révélé la volonté de donner un nouvel élan aux activités touchant à la Biodiversité, avec une dynamique que pourra soutenir une stratégie qui met l’accent sur le besoin d’harmonie et d’un engagement fort qu’on pourrait qualifier d’holistique parce que, maintenant « tout est lié » et qui doit associer étroitement l’UNESCO et les États. Retenons tout particulièrement l’accent presque pathétique du discours tenu (en reprenant l’expression du délégué espagnol) en faveur de cette biodiversité qui doit être préservée au travers d’une juste réconciliation de la nature et de l’humain. Ceci n’est pas sans rappeler le message de l’encyclique « Laudato si ».