Son diplôme d’HEC en poche, Flore Vasseur est un temps entrepreneur aux États-Unis. Après le 11 septembre 2001, elle décide de changer de vie pour se consacrer au journalisme et à l’écriture. Elle a notamment réalisé des documentaires sur la mondialisation, et publié un livre « Ce qu’il reste de nos rêves » sur la vie et la mort d’Aaron Swartz, un prodige déçu de l’internet et ses promesses de liberté pour tous. C’est cette histoire et ses leçons qu’elle est venue évoquer au CCIC le 16 janvier 2020.

Flore Vasseur

Aaron Swartz, était un américain, né en 1986, décédé en 2013, qui a formidablement contribué à développer l’accès à la connaissance, qu’il voulait libre et gratuite. Enfant précoce, élevé dans l’idée d’essayer de faire le bien et de rendre le monde meilleur, c’était un prodige, idéaliste, désintéressé, qui nous voulait libres. Ses moteurs : Ensemble, on est plus intelligents que seul ; la connaissance est un bien commun.

A 12 ans, en 1998, inadapté au système scolaire, déscolarisé, Aaron créé les prémices de Wikipédia, the Info Network, une encyclopédie éditée par les internautes, qui repose sur un principe de collaboration ouvert aux internautes.

A 13 ans, récompensé par un prix, il visite le MIT (Massachussets Institute of Technology) où il rencontre des personnalités du web, notamment le juriste et théoricien du droit de l’internet, Lawrence Lessig, avec lequel il entame une longue collaboration. C’est un admirateur de Tim Berners-Lee, l’un des principaux créateurs du World Wide Web (www) du fait de son initiative de laisser sa création libre et gratuite afin qu’elle puisse bénéficier à un large public. Malgré son jeune âge (15 ans) et l’absence de diplômes, Lawrence Lessig le nomme chercheur à Harvard, dans un centre de recherches axé sur la corruption institutionnelle.

En 2008, Aaron Swartz créé Watchdog.net, une organisation visant à renforcer la transparence gouvernementale en diffusant plus largement les données officielles.

En 2009, il fonde un mouvement collectif qui s’implique notamment dans le refus de la mise hors la loi de Wikileaks, soutien de l’action des lanceurs d’alerte. Il déclare « les libertés garanties par notre Constitution, sur lesquelles s’est construit notre pays, seraient soudainement supprimées ».

Animé par l’idée que l’intérêt général est perdu au profit des intérêts privés, Aaron Swartz télécharge 4 millions d’articles scientifiques. Dans un contexte où, après les attentats des Twin Towers, le gouvernement américain avait mis en place via le Patriot Act et une surveillance renforcée des citoyens afin de prévenir les menaces terroristes, des poursuites sont engagées à l’encontre d’Aaron Swartz, et 13 chefs d’inculpation sont dressés contre lui dans le but de le faire arrêter.

Selon sa famille, victime d’une forme de persécution et de l’impuissance ressentie liée à l’absurdité du système judiciaire américain, Aaron Swartz met fin à ses jours en 2013, à l’âge de 26 ans.

Flore Vasseur a également évoqué son film en cours de montage, « BIGGER THAN US », sur ces jeunes de 18 à 25 ans qui, partout dans le monde, s’engagent pour préserver la vie et leur communauté.