Le 11 octobre 2018, plus de trente ONG partenaires de l’UNESCO ont mis la parole des filles de tous pays au cœur de la célébration qu’elles ont organisée à l’UNESCO.
A l’issue des trois sessions où Isabelle Chaperon (A.I.C.) a présenté les enjeux liés au contexte familial et local, Ernestine Ngo Melha (AAEEH) ceux liés à l’environnement scolaire, et Marie-Chantal Cavrois (CCIC) les enjeux sociaux.
Chantal Paisant (BICE) en a « tiré les fils » :
Le fil noir, c’est la violence subie par les jeunes filles : trafics internationaux de filles vendues comme épouses ou prostituées, viols et maternités précoces, banalisation de la prostitution, des faits sociétaux qui interpellent des responsabilités collectives à tout niveau. Ce fil obscur, c’est celui d’une surenchère exploitant la misère, le retour de formes de barbarie déniant le plus haut critère de civilisation à l’égard des plus vulnérables. Face aux 130 millions de jeunes filles non scolarisées dans le monde, c’est, en bref, la persistance plurimillénaire d’une hiérarchie des genres qui fait qu’à pauvreté égale être une fille est toujours plus défavorable.
Le fil rouge, c’est d’abord une lutte sans merci contre les trafiquants et toutes formes de marchandisation et d’exploitation des personnes. Les prix Nobel de la Paix 2018 sont un éveil des consciences. Le fil rouge, c’est le permanent combat pour une mise en œuvre effective du droit à l’éducation pour tous et toutes : l’éducation sexuelle, l’éducation à l’hygiène et à la santé, une éducation à la relation à soi-même et à l’autre, une éducation au respect de l’autre et de soi-même dans son corps. « Je n’ai pas un corps, disait Paul Ricœur, je suis un corps ».
Le fil rouge, c’est aussi, partout dans le monde, le travail au quotidien des ONG de terrain œuvrant avec les jeunes, les mères et les pères, les leaders communautaires et les éducateurs pour faire évoluer les mentalités. Ce sont des associations de femmes qui se lèvent et décident ensemble de rompre avec des pratiques ancestrales et des modèles éducatifs aliénants, pour donner aux filles les clés de leur autonomie.
Le fil d’or, c’est le témoignage des jeunes filles d’Afrique ou d’Amérique du Sud se réappropriant leur histoire, leur parole et leur capacité à agir pour changer les choses. Le fil d’or, c’est le rai de lumière au bout du tunnel : aller à l’école, être médecin, sage-femme, infirmière, juge, avocate, gardienne de prison, députée ! Dans leurs rêves, les filles marquées par l’expérience de la violence disent leur désir de justice, de soin pour l’autre, et d’engagement politique. Ce sont elles qui nous montrent le chemin.