Le thème retenu pour la journée mondiale des enseignants 2019, « Les jeunes enseignant(e)s : l’avenir de la profession », s’inscrit dans la perspective de l’initiative « L’Avenir de l’éducation » lancée par Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, lors de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre à New-York.

Devant une situation reconnue comme critique, dans un message commun, l’UNESCO, l’Organisation internationale du Travail (OIT), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’Internationale de l’éducation, partenaires de cette journée, ont lancé un pressant appel : « Les gouvernements sont appelés à faire de l’enseignement une profession de premier choix pour les jeunes… Sans une nouvelle génération d’enseignants motivés, des millions d’apprenants seront privés, ou continueront de l’être, de leur droit à une éducation de qualité. Il n’est pas facile d’attirer et de retenir les talents dans une profession sous-payée et sous-estimée, rappellent-ils. Partout dans le monde, les taux de désaffection augmentent rapidement, en partie à cause de la précarité de l’emploi et des faibles possibilités de perfectionnement professionnel continu. En outre, les ressources manquent pour les enfants aux besoins éducatifs spéciaux, les enfants handicapés, les réfugiés et les élèves multilingues ».


En ouverture de la journée, Mme Stefania Giannini, Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour l’Education, a résumé les nombreux défis. En particulier la pénurie d’enseignants qualifiés : pour atteindre l’objectif de développement durable d’une éducation de qualité pour tous d’ici 2030 (ODD4), la profession doit recruter 69 millions de nouveaux enseignants ; les grandes inégalités à travers la planète dans le nombre d’enseignants formés ; les problèmes de formation et de conditions de carrière et de vie offertes aux enseignants ; l’impact des technologies ; quel évolution au rôle des enseignants et de leur statut dans un contexte où la société a grandement changé.

Trois intervenants invités prolongeaient cette introduction par des points de vue assez éloignés : frère Peter Tabichi, moine franciscain et professeur de sciences de nationalité kényane, qui a remporté cette année le Prix mondial de l’enseignant de la Fondation Varkey, Oliver Liang, chef de l’unité des Services publics et privés du Bureau international du travail, et David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’éducation, organisation internationale de la profession enseignante.
Deux tables rondes ont ensuite repris les deux grands défis : Comment attirer les jeunes vers la profession d’enseignant ? Comment retenir les jeunes enseignants ?

Au fil de la journée la performance du jeune artiste de rap burkinabè Nael Melerd fit un éloge très tonique des enseignants et de Dame Connaissance : une appréciable ouverture sur la richesse du monde.


Le fil de ces interventions reprennent et complètent les points évoqués par Mme Giannini.

A noter en particulier 

  • Reconfigurer le métier d’enseignant.
  • Améliorer la formation initiale et la formation continue, développer les stages, favoriser le lien enseignants et chercheurs, favoriser le développement des liens entre enseignants (jeunes et expérimentés), sortir du modèle de travail en solitaire, favoriser le travail en équipe.
  • Améliorer les conditions de travail, de rémunération, de statut et de carrière.
  • Reconnaître aux enseignants une autonomie, leur faire confiance, leur ouvrir la possibilité de faire de la recherche, les associer dans les décisions de niveaux supérieurs touchant, par exemple, les contenus des programmes et des cycles scolaires.

Des points à retenir, des questions qui ne se posaient pas il y a 30 ans 

  • Les parents ont beaucoup changé, agressivité à l’égard des enseignants, rapport de confrontation, l’école continue à la maison.
  • Envie des enseignants de collaborer d’une façon qui ne serait pas hiérarchique mais horizontale et collaborative (rôle du net).
  • La figure de l’enseignant : nous ne sommes pas tous les mêmes !
  • Le métier : découvert seulement après les premiers mois, comment accompagner l’induction ?
  • L’enseignement n’est pas seulement un art mais une profession.
  • L’enjeu sur le rôle du directeur d’école qui est d’animer la communauté pédagogique, bouger d’une vision centralisée vers des leaderships distribués.
  • Comment restaurer le statut des enseignants ?

Toutes ces interventions forment des « nuages de mots négatifs mais aussi positifs » conclue une intervenante. La journée ouvre cependant plus de questions que de réponses.
Le CCIC et les ONG de la plateforme sont très engagés pour une éducation inclusive et se mobilisent en particulier pour la formation des Maîtres. Il faut unir nos forces pour lutter contre cette inégalité pénalisant les zones géographiques les plus défavorisées.

En cette Journée mondiale des enseignants, est célébré le travail d’enseignants dévoués du monde entier, en particulier celui de frère Peter Tabichi.