Journée internationale de réflexion
sur le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994

UNESCO – Soirée du mardi 9 avril 2019


A l’occasion du 25ème anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda, l’UNESCO a organisé une commémoration de cette terrible période avec une exposition du suivi des événements et un débat.

Madame Audrey AZOULAY, Directrice générale de l’UNESCO

Plus d’un million de personnes ont été massacrées entre avril et juillet 1994. Ne rien éluder de ce que disent les survivants sur ces faits cruels organisés et méthodiques. Il convient de sauvegarder, d’entretenir la mémoire de ces faits pour, à travers les témoignages, comprendre l’insaisissable et mesurer l’ampleur de cette tragédie. La mémoire est pour pleurer les morts et pour alerter les vivants. Il est important d’être vigilant au sens des mots qui blessent, qui excluent, qui tuent. L’UNESCO reste vigilante avec toutes actions antigénocide et pour collaborer avec toute éducation qui ancre la résistance dans les esprits contre les discours de haine.

S.Ex. Monsieur Jacques KABALA, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Rwanda en France, Délégué permanent auprès de l’UNESCO

« Dieu passe la journée à sillonner le monde et vient se reposer au Rwanda ». Dans cette chanson, on demandait à Dieu où il était devant le massacre, cette destruction ? Aujourd’hui c’est un grand recueillement et un partage. Merci à Madame la directrice et aux ambassadeurs permanents de s’associer à cette rencontre et à tous ceux venus témoigner de leur soutien. On découvre encore à ce jour des corps enfouis, cachés. 60% de la population d’aujourd’hui n’a pas connu le génocide. Les rescapés vivent sur la route de la résilience, du souvenir et du pardon. Cette journée invite au dialogue et à la solidarité.

Jeanne ALLAIRE, rescapée du génocide

Quand on me demande de parler, je ne sais pas par où commencer. J’étais jeune, j’ai vue des familles disparues. Je ne comprenais pas cette indifférence. Il est besoin de parler pour que les gens comprennent qu’ils sont concernés, que ce n’est pas normal.

Après son intervention très émouvante, la salle s’est levée et a applaudi.

Anita CYABAKANGA, Secrétaire générale adjointe de l’Association IBUKA France

(Association représentant les rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994)

Je suis en admiration devant les rescapés. Ils sont obligés de vivre. Comment expliquer cela après tout ce qu’ils ont vécu ? Les besoins du rescapé sont une prise en charge d’abord psychologique et aussi matérielle. Ils ont besoin de retrouver leurs papiers. On ne sort pas indemne d’une telle situation.

Jean-Paul KIMONYO, politologue

Aujourd’hui, les jeunes ont la force de prendre le dessus. Beaucoup d’associations ont été crées pour installer la paix. Mais il n’y a pas beaucoup de progrès pour assurer la paix : ex. le Soudan où a lieu aujourd’hui des massacres.

Diogène BIDERI, Conseiller juridique principal de la commission nationale de lutte contre le génocide

Ces jeunes sont-ils les même de ceux d’avant le génocide ? Le génocide a détruit l’essentiel de la personne humaine. Après avoir tout perdu, la personne doit choisir autre chose. Elle a été transformée. La sortie du génocide est un processus long. Il y a encore beaucoup de confusion. L’éducation est la clé pour prévenir, pour éteindre les foyers de haine à chaque étape.

Florent PITON, Historien à l’Université Paris Diderot et au CESSMA (*)

La recherche permet d’identifier les causes de la montée de la haine. « Plus jamais ça ! » ne suffit pas pour arrêter la montée du racisme, de la haine de l’autre.

(*) CESSMA : http://cessma.univ-paris-diderot.fr/